Les animaux toujours sous le feu des fusils dans le Gard. One Voice saisit le Tribunal administratif de Nîmes, audience le 3 mai
Les renards, blaireaux, sangliers, cerfs, chevreuils et daims sont visés par la préfecture du Gard. One Voice attaque l’arrêté du 21 février 2022. Audience le 3 mai.
Les renards et les blaireaux, ainsi que les animaux tels que les sangliers, cerfs, chevreuils et daims sont visés par la préfecture du Gard. Le 21 février dernier, la préfète a ordonné notamment aux lieutenants de louvèterie et autres agents assermentés, de les tuer ou de les capturer. Les renards sont visés indéfiniment, les autres animaux le sont du 24 février au 11 septembre 2022, soit pendant six mois, période où leur chasse est censée être interdite. One Voice attaque donc cet arrêté qui donne carte blanche aux chasseurs et assimilés. Un recours et un référé suspension ont été déposés contre cette battue administrative qui, sans ça, fera couler le sang à flot dans le maquis gardois. L’audience aura lieu au tribunal administratif le 3 mai prochain à 14h.
Edit du 14 mai 2022:
Le 9 mai 2022 le juge des référés a rejeté notre requête de suspension de l’arrêté. Nous attendons désormais la date d’audience pour le recours en annulation que nous avons également déposé.
Les
raisons avancées par la préfète du Gard pour justifier de tuer les animaux sont
toujours les mêmes : accidents de la circulation et dégâts sur les biens
pour les uns, maladies potentiellement transmissibles aux humains pour les
renards.
Les renards, nuisibles : vraiment ?
Or
l’on sait depuis bien longtemps et grâce notamment à des rapports officiels,
que les renards ne sont pas plus dangereux que des chiens qui ont l’habitude de
la vie au grand air. Côté échinococcose alvéolaire, des campagnes de prévention
peuvent sans problème éviter les contaminations (il ne faut pas manger les
fruits ayant pu être infectés par les excréments des renards et les choisir donc en
hauteur). Côté maladie de Lyme, la présence des renards est, au contraire, un
bénéfice : quand ils sont présents sur un territoire, ils évitent la
propagation de cette maladie en s’attaquant aux hôtes des tiques, les
campagnols. Ils sont aussi, du même coup, à la source d’une baisse de l’usage
des pesticides dans les cultures. Les renards roux souffrent d’une
mauvaise réputation injustifiée
qui leur colle aux poils et fait plus d’un demi-million de morts chaque année
en France (voir notre rapport de 2017).
Les chasseurs ont un appétit insatiable pour le sang versé
Les animaux considérés comme du gibier, tels les blaireaux, déterrés sans merci (comme les renards), les sangliers, les cerfs, chevreuils et daims, chassés en automne et en hiver chaque année, ne sont laissés tranquilles que pour la période de reproduction et d’éducation des petits.
Les chasseurs ne peuvent pas, sous prétexte de vouloir procéder à leur loisir sanglant toute l’année, dicter aux préfectures ce qu’ils veulent et ce, sous de faux prétextes ! Dire que ces animaux sont des dangers pour la circulation ou créent des dégâts, c’est ni plus ni moins refuser d’admettre que ce sont nos routes humaines qui traversent leurs forêts, et non les animaux qui traversent nos routes… ou que les agriculteurs ne peuvent supporter le terrier d’une famille de blaireaux, par ailleurs utilisé par d’autres espèces animales, et que les blaireaux sont donc une source de richesse pour les écosystèmes. Au lieu de cela, des « dégâts » sont proclamés, souvent sans données chiffrées à l’appui, et l’autorisation de sortir les fusils, instaurée. Comme si la seule solution à nos petits inconforts, c’était toujours de tuer.
Un arrêté préfectoral que nous contestons pour plusieurs raisons
Ces animaux, visés par cet arrêté du 21 février 2022, sont les victimes d’un faux procès.
Il faut en urgence suspendre cet arrêté, sans quoi des milliers d’animaux vont périr (le nombre autorisé est illimité) ! Les lieutenants de louveterie, agents assermentés du service départemental de l’Office français de la biodiversité (OFB) et agents de développement assermentés de la Fédération départementale des chasseurs du Gard, peuvent, au passage, s’adjoindre les services de qui ils veulent, du chasseur lambda, par exemple.
Par ailleurs, depuis des années, les mêmes dispositions sont reconduites pour une durée de six mois, de sorte que les « destructions » sont opérées tout au long de l’année. Il ne s’agit alors plus d’une mesure exceptionnelle ordonnée afin de répondre à un problème localisé dans le temps et l’espace (ce qui est autorisé par le Code de l’environnement), mais d’une véritable délégation de pouvoir donnée, depuis des années et tout au long de l’année, sur tout le département aux personnes concernées.
L’hécatombe a déjà commencé. Il y a donc urgence, d’autant plus que le public n’a pas été consulté. L’audience aura lieu au tribunal administratif de Nîmes le 3 mai prochain.