Le Programme « WelFur » de l’industrie de la fourrure : critiqué par les vétérinaires qui l’accusent de dissimuler la souffrance animale, condamné par les militants animalistes comme « manipulation cynique de l’opinion publique ».
Un programme de certification du bien-être animal mis au point par l’industrie de la fourrure et présenté cette semaine au Parlement européen a reçu de très vives critiques de la part de vétérinaires de renom. Un rapport accablant publié aujourd’hui par la Fur Free Alliance le condamne explicitement, voyant en lui une démarche cynique visant à jeter de la poudre aux yeux du public et vouloir ainsi dissimuler la souffrance des animaux.
BRUXELLES (21 janvier 2020) – Un programme de certification du bien-être animal mis au point par l’industrie de la fourrure et présenté cette semaine au Parlement européen a reçu de très vives critiques de la part de vétérinaires de renom. Un rapport accablant publié aujourd’hui par la Fur Free Alliance le condamne explicitement, voyant en lui une démarche cynique visant à jeter de la poudre aux yeux du public et vouloir ainsi dissimuler la souffrance des animaux.
Face à l’inquiétude du public concernant la souffrance animale dans les élevages de fourrure, « WelFur » a été lancé à l’échelle européenne par l’industrie de la fourrure. Cependant, des vétérinaires de renommée internationale affirment que ce programme — entièrement dirigé par l’industrie de la fourrure et basé sur le volontariat — ne garantit pas que les renards et les visons d’élevage enfermés dans des cages en batterie aient leurs besoins comportementaux satisfaits, ni qu’ils ne souffrent pas de problèmes de santé physique ou mentale.
Selon le groupe industriel Fur Europe, seules les peaux certifiées WelFur seront commercialisées en Europe à partir de 2020. Les experts en protection animale de la Fur Free Alliance, qui ont visité des élevages européens, affirment que WelFur est une ultime tentative de manipulation de l’opinion publique de la part d’une industrie de la fourrure aux abois impatiente de se débarrasser de sa réputation de cruauté envers les animaux.
Dissimulation du bas niveau de bien-être animal
Dans le rapport de la Fur Free Alliance « Certifié Cruel », une analyse détaillée du vétérinaire et professeur émérite Bo Algers révèle que : « Les programmes WelFur combinant diverses mesures du bien-être en notes globales occultent les évaluations individuelles et permettent donc de masquer les cas graves d’animaux dont le niveau de bien-être est bas. » Il poursuit : « Le protocole WelFur n’évalue pas le bien-être par rapport à un niveau de bien-être « absolu », ni celui des animaux pris individuellement. »
WelFur ne tient pas non plus compte des besoins spécifiques des animaux à fourrure. Par exemple, dans la nature, le fouissage fait partie intégrante de l’activité d’un renard. Les visons étant des animaux semi-aquatiques, l’accès à l’eau pour la baignade leur est par conséquent vital afin de maintenir leur bien-être physique et mental. Néanmoins, dans le système de notation WelFur, ces besoins essentiels sont complètement ignorés.
« Les soi-disant programmes de certification du bien-être comme WelFur ne mesurent ni n’apprennent rien de significatif concernant le bien-être animal dans les fermes à fourrure en termes scientifiques et absolus. Ils évaluent simplement les différences entre exploitations agricoles dans le contexte d’un élevage en cage fondamentalement inadéquat. Tant qu’ils seront enfermés dans de petites cages vides au sol métallique, les animaux comme les renards, les visons et les chiens viverrins continueront de souffrir de nombreux problèmes, parmi lesquels le cannibalisme, l’automutilation et la stéréotypie. WelFur ne fait rien pour changer les conditions de détention de ces millions d’animaux, ni pour résoudre les problèmes de bien-être inhérents qui en résultent », a déclaré le vétérinaire et professeur Alistair MacMillan, qui a contribué au rapport après avoir étudié des photos prises dans des fermes à fourrure finlandaises en 2019.
Conflits d’intérêts alarmants
Le rapport Fur Free Alliance soulève également de sérieuses préoccupations quant aux conflits d’intérêts dans les pratiques d’audit. Malgré les déclarations de l’industrie selon lesquelles les évaluations sont effectuées par un tiers indépendant, la Finnish Fur Breeders Association détient 38 % des actions de la société Luova, qui déclare être en charge de l’audit des fermes finlandaises à fourrure, et plusieurs de ses évaluateurs ont également des liens avec l’industrie.
« Alors que ce programme est présenté au public et aux politiciens comme indépendant, c’est loin d’être le cas en Finlande. En vérité, c’est un programme dénué de toute crédibilité, non seulement parce qu’il repose sur des systèmes d’enfermement obsolètes dont on sait qu’ils nuisent gravement au bien-être des animaux, mais aussi parce qu’il est très étroitement associé à l’industrie même qu’il prétend surveiller », explique Joh Vinding, président de la Fur Free Alliance.
« En France, les images que nous avons dévoilées au printemps 2019 dans quatre des cinq fermes à visons du pays a démontré, une fois de plus, toute l’horreur: mouvements répétitifs stéréotypés symptômes de mal-être, plaies, cannibalisme, absence d’accès à l’eau pour nager, les animaux encagés vivent un enfer, pour finir gazés ou électrocutés. Et ces élevages polluants n’en sont pas moins labellisés par le programme Welfur, une honte! Nous attendons du ministre de l’agriculture et de la ministre de la transition écologique l’annonce d’une interdiction des fermes à fourrure en France au plus vite! » déclare Muriel Arnal, présidente de One Voice (membre de la Fur Free Alliance).
« La Finlande est souvent présentée comme un pays modèle en matière de bien-être animal et de transparence. L’industrie de la fourrure, avec son programme Welfur et la manipulation de l’opinion publique qui lui est inhérente, nuit aux valeurs fondamentales associées à notre pays. L’industrie de la fourrure, cruelle et motivée par la vanité, n’a pas sa place dans un pays civilisé », renchérit Veikka Lahtinen, coordinatrice de campagne de l’association finlandaise des droits des animaux Animalia (membre de la Fur Free Alliance).
Le rapport de la Fur Free Alliance recommande vivement que les décideurs politiques de l’UE et des États membres s’abstiennent de valider WelFur ou de l’intégrer de quelque manière que ce soit aux politiques de bien-être animal. Il exhorte également l’UE à mener de toute urgence des audits afin d’enquêter sur les raisons pour lesquelles les élevages d’animaux à fourrure ne se conforment ni à la directive 58/98/CE, ni aux recommandations du Conseil de l’Europe de 1999. De nombreuses enquêtes ont démontré que les pratiques en vigueur au sein des élevages de fourrure de l’UE ne répondent pas aux besoins les plus élémentaires des animaux en matière de bien-être, ni à la législation européenne de 1998 (directive 58/98/CE) relative aux animaux détenus à des fins d’élevage.
Claire Bass, directrice exécutive de la Humane Society International/Royaume-Uni (membre de la Fur Free Alliance), déclare quant à elle : « WelFur n’est rien d’autre qu’une manipulation cynique de l’opinion publique de la part d’une industrie de la fourrure aux abois impatiente de se débarrasser de sa réputation de cruauté envers les animaux. Les animaux élevés pour leur fourrure, tels que les renards, les visons et les chiens viverrins, sont des prédateurs très actifs et de grande envergure ayant des besoins comportementaux et biologiques qui ne peuvent tout simplement pas être satisfaits dans une cage de batterie vide d’un mètre carré. Leur confinement intensif entraîne souvent de graves problèmes psychologiques et physiques dont j’ai été le témoin direct lors de mes visites dans ces élevages. Le programme WelFur a beau tenter de nous jeter de la poudre aux yeux, rien ne pourra cacher le fait que les élevages de fourrure causent aux animaux des souffrances injustifiables et qu’ils doivent donc être interdits. »
Les faits
- On estime à plus de 100 millions le nombre d’animaux tués chaque année pour leur fourrure.
- Outre les tourments physiques et psychologiques qu’ils endurent à cause de leur confinement dans de petites cages vides durant leur vie entière, les méthodes de mise à mort généralement utilisées dans les fermes à fourrure sont tout aussi atroces. Les visons sont tués par gazage, les renards et les chiens viverrins, par électrocution anale.
- L’élevage d’animaux pour la fourrure a déjà été interdit et/ou est en voie d’élimination dans les États membres de l’UE suivants : Autriche, Royaume-Uni, République tchèque, Croatie, Slovénie, Pays-Bas, Luxembourg, Slovaquie et Belgique. L’Irlande et la Bulgarie envisagent également d’y mettre fin. Il persiste cependant dans d’autres États membres, le Danemark, la Finlande et la Pologne étant les plus gros producteurs.
- Détails sur l’interdiction de l’élevage d’animaux pour la fourrure.