Le Ministère de l'écologie autorise les "silencieux" pour la chasse, nous l'attaquons pour excès de pouvoir
One Voice dépose un recours au Conseil d'Etat contre le Ministère de la transition écologique et solidaire sur l'arrêté autorisant les modérateurs de son, dits silencieux pour la chasse.
Début 2018, le Ministère de la transition écologique et solidaire publie un arrêté relatif à divers procédés de chasse, sans la mention de l’interdiction d’usage de modérateurs de son sur les fusils. Aucune consultation du public n’ayant été faite, et sans motif apparent pour cette modification du texte initial, ni étude d’impact sur la question, nous considérons que cet arrêté est illégal. Nous déposons un recours au Conseil d’Etat pour excès de pouvoir.
La chasse tue des animaux sauvages. Cette pratique humaine se substitue aux prédateurs naturels: loups, ours, renards,… que l’humain cherche – ou a d’ores et déjà réussi – à faire disparaitre car ils le concurrençaient vis-à-vis des animaux élevés pour leur chair.
La chasse en France n’est pas une activité nécessaire à la survie de la population du pays. Le nombre d’animaux non-humains qui en sont victimes est exorbitant, mais les animaux humains ne sont pas en reste. On décompte ainsi 15 morts et 200 blessés chaque année; les chasseurs eux-mêmes, les personnes de leur famille qui les accompagnent parfois, les promeneurs, amoureux de la nature, ainsi que les riverains, vivant simplement aux abords de forêt, qui, régulièrement essuient balles perdues ou erreurs de jugement de ces prédateurs humains en tenue kaki.
Depuis plusieurs centaines d’années, le son des tirs permettait non seulement de laisser une chance aux animaux de fuir le danger, aux groupes de chasseurs de s’éloigner les uns des autres, mais aussi aux simples ruraux et randonneurs de s’éloigner des zones de tir.
Forcément, petit désagrément, les chasseurs devenaient sourds au fil du temps et des coups de feu. Mais pour cela, ils se recommandaient entre eux le port de casques et de protections auditives individuelles jugées très efficaces par les chasseurs eux-mêmes.
Ceux-ci arguent que les modérateurs de son ne le suppriment pas sur les fusils actuels. Mais cet arrêté permettrait à de nouvelles armes de faire leur apparition dans les mains des chasseurs. C’est aussi laisser plus de chances à des braconniers d’agir dans l’ombre, et dans le silence, en tout cas plus discrètement qu’avant.
Le problème est encore plus large: en améliorant les conditions de chasse, le ministère entérine et encourage cette pratique, qui est attentatoire aux équilibres environnementaux et contraire au développement durable.
La biodiversité et la nature ne reposent pas sur des équilibres cynégétiques. L’humain doit cesser d’emprunter une attitude dominatrice vis-à-vis des écosystèmes et des espèces animales qui nous entourent. Nous ne sommes pas les rois de la Terre, apprenons à laisser une place à tous les êtres sensibles vivants sur nos territoires, et intégrons-nous dans cet équilibre sans le défigurer à jamais.
Sans consultation publique, et sans justification valable, le ministère a publié un arrêté permettant l’usage de « modérateurs de son », ou « silencieux », sur les armes à feu des chasseurs.
Nous déposons donc un recours pour excès de pouvoir. Nous estimons que l’arrêté ministériel publié le 2 janvier 2018 ne répond à aucune nécessité. Nous allons même au-delà : pour nous, la question même de sa légalité se pose, de plus, il met en péril les équilibres environnementaux.