La prison des baleines, c'est fini !
La prison des baleines, c'est fini ! Et il n'y aura plus d’autres captures dans les eaux russes pour alimenter les delphinariums, un pas immense enfin franchi !
La prison des baleines, c’est fini ! Ou du moins, c’est en train de finir, car le rapatriement des orques et des bélugas enfermés depuis un an dans la baie de Srednyaya vient à peine de commencer. Il n’y aura plus non plus d’autres captures dans les eaux russes, selon une décision de justice. One Voice se réjouit de ces bonnes nouvelles mais reste vigilant quant à la suite des opérations.
Crédits photo © Yuri Smityuk/TASS
Edit du vendredi 3 avril 2020:
Décision historique pour les orques transientes de Russie!
Vendredi 3 avril 2020, le gouvernement russe a confirmé que les orques transientes figuraient dorénavant sur le « Livre Rouge de la Fédération de Russie », leur liste officielle des espèces en danger. Cela signifie que ces orques ne peuvent plus y être chassées, capturées, ni vendues à aucun parc, que ce soit en Chine ou ailleurs dans le monde.
One Voice avait participé à la venue de l‘équipe internationale composée notamment de Charles Vinick, Jean-Michel Cousteau et Ingrid Visser. Ils avaient pu se rendre sur place pour travailler avec les autorités sur les protocoles et le programme de libération, et passer du temps avec des responsables du gouvernement, les exhortant personnellement de ne jamais laisser une telle capture se reproduire. La mobilisation populaire a été inestimable pour dénoncer d’abord l’existence de la «prison des baleines», puis pour rendre sa liberté à chaque orque et béluga.
C’est une immense victoire. C’est la première fois en 23 ans que des espèces sont ajoutées à cette liste. C’est une décision historique!
Deux orques et six bélugas ont déjà pris la route vers la mer d’Okhotsk à bord de vieux camions brinquebalants, d’où l’on entend leurs appels angoissés sous la bâche qui les dissimule. Le voyage est à hauts risques, pour eux comme pour ceux qui les suivront par petits groupes jusqu’à ce que tous les enclos soient vides. En outre, leur réhabilitation sera réduite à dix jours avant qu’on ne les relâche au large de l’île Shantar en mer d’Okhotsk, à quelque 1.770 kilomètres du lieu de leur enlèvement.
Certains sont très éprouvés par leur séjour parmi les humains. En avril dernier, nous avions participé à envoyer un groupe d’experts composés de Jean-Michel Cousteau et de membres du Whale Sanctuary Project, dont une éminente collaboratrice de One Voice, la biologiste Ingrid Visser. Ils avaient été invités à évaluer sur place l’état de santé des captifs et à proposer un plan de réhabilitation. Selon leur rapport, la plupart des animaux présentaient de sévères lésions cutanées (la peau des orques a été brûlée par la glace, elles sont partiellement écorchées vives), mais tous semblaient bien nourris et à même d’être libérés.
Lors d’un débat télévisé, Vladimir Poutine a commenté ce transfert.
« Il faut savoir qu’une seule orque vaut déjà près de 10 millions de dollars », a-t-il déclaré, « Et lorsqu’il y a tant d’argent en jeu, les problèmes sont toujours difficiles à résoudre. Dieu merci, les choses ont commencé à bouger. » Saluons ici l’opiniâtreté du Président de la Fédération de Russie à imposer sa volonté aux gouverneurs des lointaines provinces, peu enclins à lâcher la poule aux œufs d’or aussi facilement. Il s’agissait aussi pour lui de restaurer l’image de la Russie. C’est en effet le seul pays à procéder encore à ce genre de captures, à l’heure où des sanctuaires marins s’ouvrent en Islande et en Grèce et où le Canada interdit désormais toute détention de cétacés sur son territoire.
De lourdes amendes
Mieux encore, le 31 mai dernier, le tribunal de Sakhaline a déclaré illégaux tous les quotas de captures d’orques et de bélugas délivrés en 2018 par l’Agence fédérale de la pêche. En conséquence, deux des quatre compagnies impliquées dans ces captures se sont vues infliger rétrospectivement de très lourdes amendes. Les procès contre les autres sociétés sont toujours en cours, mais d’ores et déjà, il n’y aura plus de captures de grands cétacés en Russie jusqu’à nouvel ordre. Le vice-Premier ministre Gordeyev a confirmé par ailleurs que le gouvernement modifierait bientôt la loi qui autorise encore aujourd’hui le rapt de ces mammifères marins à des « fins éducatives et culturelles ».
Espoir(s)
Tout n’est certes pas résolu pour les prisonniers de la baie de Srednyaya car leur libération prendra quatre mois au moins et tous n’y survivront sans doute pas. Mais nous ne pouvons qu’applaudir à cette libération inespérée, qui marque un tournant dans l’histoire de la Russie et lui fait honneur.
One Voice espère aussi qu’elle fera réfléchir des pays comme la Chine ou la France, qui exploitent toujours des dauphins et des orques dans leurs cirques aquatiques.
Le chemin sera long mais nous voulons y croire : les cétacés en esclavage, c’est bientôt fini !