Kiska, la dernière orque du MarineLand de l'Ontario

Kiska, la dernière orque du MarineLand de l'Ontario

Delphinariums
29.11.2018
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Kiska est isolée depuis 7 ans au MarineLand du Canada. One Voice réclame sa prise en charge immédiate et son transfert dans la baie fermée du Whale Sanctuary Project

Amaigrie, édentée, isolée depuis 7 ans au MarineLand du Canada, Kiska a perdu coup sur coup ses cinq enfants, son compagnon et son amie. Le cerveau rongé par les souvenirs, elle s’immerge peu à peu dans la folie. One Voice réclame sa prise en charge immédiate et son transfert dans la baie fermée du Whale Sanctuary Project, qui sera fonctionnel l’an prochain.

Le monde entier a pu suivre en direct le drame de l’orque Tahlequah poussant des semaines durant le corps mort de son nouveau-né.  

Et le monde entier a pu comprendre que pour les orques aussi, perdre un enfant est un drame atroce. Mais autour de cette mère désespérée, toute une tribu s’est rassemblée pour la nourrir et partager sa peine en portant son bébé. Kiska, elle, a dû affronter seule chacun des deuils qui l’ont frappée.  

Tout avait pourtant bien commencé.

Kiska est née libre en Islande, au sein d’une petite communauté d’orques expertes en chasse aux sardines. Comme tant de ses semblables, elle fut kidnappée en 1979 au large d’Ingolfshofdi et se retrouva dans les bassins crasseux du Saedyrasafnid Aquarium en même temps que King, Caren, et une femelle sans nom, tous en attente d’être livrés corps et âme à leurs divers acheteurs. Kiska fut envoyée au MarineLand du Canada, tandis que ses compagnons d’infortune partaient pour le Japon, où ils décédèrent rapidement. Au début des années 80, trois nouvelles malheureuses orques capturées dans les mêmes eaux islandaises lui furent adjointes. Nootka V, Kandu VII et Junior partagèrent avec Kiska le bassin du King Waldorf Theater, l’un des trois bâtiments sordides où le Marineland enfermait ses orques, avec le Friendship Cove et le sinistre Entrepôt. 

Kandu fit ce qu’on attendait de lui.

Le 24 août 1992, Kiska donna naissance à son premier enfant, un petit mâle enregistré sous le code MLC-OO-B9202. Il se noya 62 jours plus tard. Son deuxième garçon se nommait Kanuk. Né en août 1994, il était passionnément choyé par Kiska, très inquiète de le voir mourir. Le Marineland décida pourtant de le transférer dans l’Entrepôt. Le parc canadien stockait alors dans ce local obscur et mal aéré les dauphins trop mal en point pour être exhibés, quelques vieux morses en fin de carrière et des orques juvéniles séparées de leur mère.
C’est là que Junior, jugé trop lent dans son apprentissage, attendit en vain qu’on lui trouve un repreneur, jusqu’à ce qu’il meure au bout de plusieurs années, épuisé de désespoir et de solitude. Kanuk ne supporta pas l’Entrepôt mieux que Junior. Il y mourut d’étouffement sous son toit, l’évent bouché par la candidose. Il n’avait que quatre ans. Nova, le troisième enfant de Kiska, naquit en bonne santé le 6 novembre 1996. Il fut lui aussi placé dans l’Entrepôt, puis finalement rendu à sa mère. Pas pour longtemps, hélas, car une pneumonie fulgurante l’emporta dès le mois d’août 2001. 

Hudson, le dernier fils de Kiska, vit le jour en septembre 1998. 

Comme il vécut plus longtemps que les autres, sa mère, éplorée, s’y attacha beaucoup. Malgré son âge précoce, Hudson avait été dressé à donner son sperme pour de futures inséminations. Il ne laissa cependant derrière lui aucun échantillon que le MarineLand puisse vendre. On le voyait souvent jouer avec Algonquin, le fils de Nootka, mais celui-ci mourut en 2002. En août 2004, Kiska lui donnait une petite sœur, nommée Athena. Hudson n’eut guère l’occasion de partager ses jeux, puisqu’une méningite eut raison de lui en octobre de la même année… Et le deuil de Kiska n’alla que s’alourdissant.

Kandu s’éteignit d’un cancer généralisé lors du réveillon de Noël en 2005.

Nootka rejoignit alors Kiska et sa fille Athena, qu’elle tenta désespérément de dérober à sa mère. On peut la comprendre : elle venait de perdre le dernier de ses huit enfants et sa santé mentale commençait à vaciller. En 2006, le Marineland obtint de SeaWorld en tant que « prêt reproductif » une orque mâle du nom d’Ikaika, âgée de 4 ans. Ike vécut un temps en bonne entente avec Kiska, Athena et la triste Nootka, jusqu’à ce que celle-ci décède sans raison connue deux ans plus tard. La toute jeune Athena la suivit dans le grand charnier sous les pelouses du MarineLand au printemps 2009, frappée selon le parc d’une infection généralisée. Ikaika fut donc l’ultime compagnon de Kiska, mais à mesure qu’il grandissait, il la harcelait de plus en plus. En 2011, après une longue bataille juridique, l’impétueux reproducteur fut rendu au SeaWorld de San Diego qui craignait grandement pour sa santé, au vu de ces décès en série.

Kiska se retrouva dès lors complètement seule dans le bassin du Friendship Cove, où ne nageaient plus que des fantômes. 

Kanuk, Nova, Hudson, Athena… Ce n’est pas le cadavre d’un seul enfant qu’elle pousse devant elle dans les eaux noires de sa folie, mais cinq corps à la fois ! Comment un tel massacre a-t-il été possible ? Pourquoi personne n’a-t-il réagi ? La réponse nous viendra peut-être un jour de la justice canadienne. Dans l’immédiat, l’urgence est là : il faut sauver Kiska tout de suite ! Seize orques sont mortes dans l’enfer du MarineLand de l’Ontario. Ne laissons pas Kiska devenir la dix-septième !

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