Grippe aviaire : enquête chez les chasseurs de canards en flagrant délit
Notre enquête montre que les chasseurs de gibier d’eau piétinent les lois qui les contrarient, au risque de propager des virus mortels. Nous alertons les autorités.
Que font les chasseurs quand la loi les contrarie ? Ils la bafouent et ne s’en cachent même pas. Nos enquêteurs ont filmé des chasseurs à la hutte transportant des canards vivants pour les utiliser comme appâts dans la Somme alors que c’est dangereux et interdit. Propager la grippe aviaire ? Ils s’en fichent. Les passe-droits quasi-permanents dont ils bénéficient sont devenus une pratique inhérente à leur activité de loisir, quitte à nous mettre en danger. Nous déposons plainte, et écrivons à Julien Denormandie ainsi qu’à la préfète de la Somme !
À la fin du mois de janvier, nos enquêteurs se sont rendus dans la Baie d’Authie Sud et dans la baie de Somme. En l’espace de deux demi-journées et sur seulement deux parkings, ils ont rapporté des images édifiantes. Au vu et au su de tout le monde, des oiseaux vivants sont transportés sans ménagement dans des caisses et des sacs en toile de jute, par des chasseur fusil à l’épaule, s’apprêtant à les utiliser comme appelants
ou rentrant d’une nuit à la hutte. Cette pratique est largement répandue, comme en attestent les pages Facebook des associations de chasseurs de la Somme, et les articles de presse sur le sujet.
Des hors-la-loi assumés, pour qui le passage en force est roi
Or depuis des mois, les cas de grippe aviaire se multiplient en France, au point que la chasse au gibier d’eau, c’est-à-dire entre autres aux canards dans la Somme, se voie interdite. Après avoir tenu tête et menacé publiquement les responsables du territoire concerné, les chasseurs ont décidé d’outrepasser la loi et de contourner les autorités. Ils ont même mis en ligne une cagnotte, permettant de payer les contraventions et frais juridiques en cas d’interpellation, ce qui est également interdit.
Aucun respect des gestes barrières
Que la loi soit écrite dans l’intérêt du plus grand nombre ne leur fait ni chaud ni froid. Ils continuent leurs exactions malgré une interdiction totale sur l’ensemble du territoire national de chasser les oiseaux migrateurs et autres dénommés « gibier d’eau » afin de ne pas propager des virus mortels transmissibles à l’humain. De surcroît, en période de pandémie de COVID-19, aucun d’entre eux n’a été vu respecter les gestes barrières : ni masque, ni distanciation physique.
Une pratique interdite depuis plusieurs mois dans l’intérêt général
La mesure du niveau de la grippe aviaire et les dispositifs associés de surveillance et de prévention étant de la prérogative du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation depuis 2016, celui-ci ayant d’ores et déjà relevé le niveau de prévention en octobre 2020, c’est vers lui que nous nous tournons, pour rappeler l’interdiction des transports et lâchers de gibiers à plumes, ainsi que l’interdiction d’utilisation d’appelants. Cette interdiction était promulguée dès le mois de novembre dans la Somme, puis quelques jours plus tard au niveau national. Nous lui avons écrit, ainsi qu’à la préfète de la Somme, cette dernière étant directement visée par le rapport de force violent imposé sans vergogne par les chasseurs.
Les porteurs de l’intérêt général doivent montrer force et détermination à faire respecter des règles protectrices pour les humains et pour les animaux. Les moyens doivent être mis. Vu les panneaux sauvages affichés dans la Baie, on en est encore loin.
Que le sort des animaux sauvages piégés, traqués et massacrés dans les campagnes et sur le littoral français laisse indifférents nombre de nos représentants politiques est une chose, que les lois s’appliquant à tous notamment en matière de sécurité sanitaire soient bafouées en est une autre. Pour nous, les deux sont importants. Mais pour ceux qui ne se soucient guère du sort des animaux, au moins, le respect d’autrui et de la loi qui doit s’appliquer à tous sans distinction devrait être une priorité.
En plus de nos courriers aux responsables de l’exécutif et de l’administration, nous déposons plainte puisqu’il y a infraction aux règles sanitaires contre « personne non dénommée », et pour les canards : pour « placement dans des conditions susceptibles d’occasionner des souffrances ». Signez notre pétition pour une réforme radicale de la chasse.