Garde à vue pour avoir filmé dans l’abattoir de veaux Sobeval, fournisseur de l’industrie du luxe

Garde à vue pour avoir filmé dans l’abattoir de veaux Sobeval, fournisseur de l’industrie du luxe

Exploitation pour la Mode
02.08.2021
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One Voice révèle les images de l’abattoir de veaux Sobeval, autour du cuir de luxe. Nous portons plainte.

Après un signalement pour maltraitance reçu à l’association, One Voice révèle les images de la plus grande entreprise française de production de cuir de luxe, spécialisée dans les peaux de veaux : Sobeval, en Dordogne. L’enquêteur dépêché sur place par l’association sort à peine de trente-six heures de garde à vue… pour avoir voulu montrer au plus grand nombre ce que personne ne voit jamais : la chaîne de production d’où provient le cuir des sacs à main vendus à prix d’or par les marques françaises de luxe, et la souffrance animale qui en est issue. Nous portons plainte pour maltraitances exercées par des professionnels (un délit!) pour des infractions dûment constatées et documentées.

Non, notre enquêteur ne sera pas le bouc émissaire de l’industrie agro-alimentaire !

Avec cette enquête, on touche du doigt l’un des problèmes de l’engagement pour le respect des lois liées aux animaux en France. Il y a quelques semaines une journaliste nous informait de maltraitances à Sobeval. One Voice avait alors décidé, une fois de plus, de faire œuvre de lanceuse d’alerte et de se substituer, comme souvent et comme d’autres (L214 avait dénoncé l’agonie des veaux pour leur chair dans ce même abattoir, vidéos à l’appui) aux services publics. Une honte.

Notre enquêteur sort à peine de deux nuits et d’une journée éreintantes de garde à vue. Il filmait, sans casse et sans interférer, la chaîne de l’usine mortifère de Sobeval, et enregistrait des infractions pour lesquelles nous portons plainte. Dans un abattoir, donc – ces mêmes abattoirs dans lesquels Emmanuel Macron avait promis pendant la campagne présidentielle de 2017 de faire poser des caméras pour contrôler l’application de la loi en matière de maltraitance animale. Promesse non tenue.

Muriel Arnal, présidente de One Voice, déclare :

«Que devons-nous faire quand les autorités ne font pas respecter les faibles textes de loi qui existent pour protéger les animaux ? Nous taire ? Laisser faire ? Pendant que ceux qui maltraitent les animaux peuvent continuer sans être inquiétés, notre enquêteur, lui, passe trente-six heures en garde à vue. Le jour où la loi sera respectée, où les cruautés seront sanctionnées, il n’y aura plus besoin des lanceurs d’alerte. Mais ce jour-là, nous en sommes encore bien loin… »

Les images que nous publions sont insoutenables : les cadences éreintantes des ouvriers, la froideur de cette industrie n’ont que faire des centaines d’individus qu’elle tue quotidiennement et transforme en tonnes de cadavres. Dans ce secteur, seul l’argent est roi, au détriment des animaux pris dans cet engrenage sans fin, exclusivement considérés comme des pré-matières premières très rentables.

L’horreur du luxe à la française

Être issu d’une insémination artificielle, naître dans un univers qui n’a rien de naturel, être arraché à sa mère et envoyé à la mort… À l’abattoir de Sobeval, dans le Sud-Ouest, de 500 à 600 bébés âgés de quelques mois sont tués chaque jour.

Des bébés ? Oui, des veaux. Que des veaux, français. La peau des veaux, bien plus fine et douce que celle de leurs aînés, est vendue bien plus cher. C’est la « qualité France », nous vante-t-on. Le luxe à la française, pour des maisons telles « Vuitton, Hermès, Chanel et LVMH », aux dires mêmes de Gilles Gauthier, le Directeur Général du site de Boulazac. Depuis huit ans, l’entreprise investit pour s’agrandir et, nous dit-on, parvenir à ce que les peaux, produits dérivés de ces jeunes bovins, soient les moins abîmées possibles (un bouvier s’en donne pourtant à cœur joie pour distribuer les coups) et vendues à ces tanneries fournissant des marques qui font de la maroquinerie à la française une fierté nationale. Mais les dessous de ces peaux « de luxe » ne sont pas beaux à voir.

L’usine-abattoir Sobeval: un carrousel de la mort pour les veaux

Ces bébés et tout jeunes bovins arrivent en camion, serrés, parfois blessés ou malades. Ils doivent encore attendre l’ouverture de l’abattoir. Au petit matin, des hommes les font entrer sur la chaîne d’abattage, sous les coups s’il le faut, assénés par certains. Des infractions filmées pour lesquelles nous allons déposer plainte. Puis, c’est le manège infernal. Ils avancent par centaines dans une file labyrinthique qui n’a que la mort comme destination. Étourdis ou non selon le type d’abattage, pris de spasmes, pendus par une patte traversée d’un crochet, tête en bas, ils semblent reprendre conscience avant que leur gorge soit tranchée. Du sang jaillit et se répand dans les rigoles et partout autour. Leur peau leur est arrachée, puis leur corps coupé en morceaux méthodiquement.

Les peaux sont ensuite entassées les unes sur les autres, et le premier traitement par salage commence. Ces dizaines de tas d’environ un mètre de haut, dont les liquides dégoulinent peu à peu, restent un temps sur place avant d’être envoyés ailleurs pour la suite du tannage. Et devenir un jour une paire de gants ou de chaussures, un sac, un revêtement de volant automobile, du matériel sportif, une couverture de livre relié…

Le cuir de veau, contrairement à de nombreux présupposés sur la question, est un produit lucratif, polluant et issu de la souffrance animale.

Signez notre pétition ! Nous demandons la fermeture immédiate de cet abattoir qui enfreint la loi à de nombreux égards et appelons les entreprises du luxe à s’orienter vers une mode sans souffrance. Nous déposons plainte contre Sobeval pour les infractions commises et enregistrées.

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