Fermes à sang : quand l’expérimentation animale sert la rentabilité des élevages européens

Fermes à sang : quand l’expérimentation animale sert la rentabilité des élevages européens

Expérimentation animale
06.12.2022
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Des juments enceintes saignées à répétition, pour obtenir une hormone améliorant la rentabilité des élevages : voilà la réalité des « fermes à sang », dont Welfarm vient de révéler de nouvelles images.

Entre les vaches à hublot et les poulets à croissance accélérée, on imagine difficilement plus horrible traitement que celui qui est réservé aux juments enceintes dont on extrait le sang pour produire l’hormone eCG, utilisée dans les élevages français pour programmer les ovulations et les naissances. Il y a trois mois nous avons écrit aux Gircor. Welfarm vient d’en révéler de nouvelles images.

Depuis des dizaines d’années, les organismes publics défendent l’expérimentation animale, notamment quand elle concerne les animaux « de rente ». C’est ainsi que l’INRA, qui cherche depuis les années 1960 à augmenter la productivité des animaux exploités pour leur chair ou pour leurs sécrétions, s’est mis plus récemment au service de la filière foie gras, tandis que le ministère de l’Agriculture défendait l’utilisation des vaches à hublot.

Zootechnie et expérimentation animale

Ces pratiques d’expérimentation animale relèvent de ce qu’on appelle la zootechnie, qui étudie et réalise des tests sur les conditions d’élevage et d’exploitation des animaux. À chaque fois, on entend le mot « bien-être animal » résonner entre les lignes.

Mais on imagine difficilement plus horrible traitement que celui qui est réservé aux juments enceintes dont on extrait le sang pour produire l’hormone eCG, utilisée dans les élevages français pour programmer les ovulations et les naissances.

L’horreur des fermes à sang, de l’Amérique du Sud à l’Islande

En Amérique du Sud, après quatre mois de grossesse et de prélèvements sanguins massifs, ces juments sont avortées à la main, sans anesthésie, pour être à nouveau mises enceintes et soumises au même traitement, jusqu’à ce qu’elles soient tellement épuisées qu’elles ne puissent plus être utilisées.

En découvrant en 2017 et 2018 les images diffusées en France par Welfarm, des entreprises françaises avaient fini par se tourner vers l’Islande, où les grossesses sont portées à terme et les poulains envoyés à l’abattoir. Mais des images tournées en 2021 montrent que la situation en Islande n’est pas meilleure qu’en Amérique du Sud.

Une nouvelle enquête d’Animal Welfare Foundation | Tierschutzbund Zürich (AWF|TSB) en Amérique du Sud, tournée en 2021 et 2022, qui y révèle que la situation ne s’améliore pas : les juments sont battues, blessées sans être soignées, dénutries et laissées à l’abandon…

L’hormone eCG en France

La France est la seule destinataire de l’Union européenne pour la poudre d’eCG produite par la société Syntex en Uruguay, pour des montants faramineux.

D’après un spécialiste français interrogé en 2017, l’utilisation de l’hormone eCG est « quasi systématique dans les élevages de chèvres et de brebis [en France], afin d’assurer une production laitière à l’année ». L’eCG est également très utilisée pour programmer les naissances et augmenter le nombre de porcelets par truie.

C’est le « double désastre » dénoncé : des juments sont exploitées et maltraitées ailleurs dans le monde pour permettre aux élevages français de mieux profiter de leur exploitation des truies, des vaches, des brebis et des chèvres.

Et l’eCG est à l’origine d’un troisième désastre : son utilisation implique forcément des tests sur des animaux. Dans la mesure où ils soutiennent un système d’élevage qui n’est pas nécessaire, ces tests, comme la production d’eCG, ne sont pas indispensables et devraient donc être jugés illégaux d’après le Code rural.

Ce qu’en disent les autorités concernées

En 2017, l’Ordre national des vétérinaires s’était retranché derrière le « bien-être animal » et l’impossibilité de connaitre précisément l’origine de l’eCG utilisée en France, pour éviter de se prononcer défavorablement sur son utilisation.

Il y a trois mois, nous avons envoyé une lettre au Gircor, lobby français de l’expérimentation animale, afin de savoir s’il va jusqu’à justifier des tests et des pratiques génératrices de souffrance au service d’un système d’élevage qui n’est pas nécessaire. Nous n’avons reçu aucune réponse…

Comment agir ?

Si ces pratiques vous révoltent comme nous, vous pouvez signer la pétition demandant l’interdiction pure et simple de la production et de l’importation de l’hormone eCG au sein de l’Union européenne.

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