Mark Randell nous parle des formations sur le Lien menées dans les polices grecque et ukrainienne
En Grèce et en Ukraine, les forces de l'ordre sont formées à la thématique du Lien. Mark Randell nous partage son point de vue en tant que directeur des opérations chez Hidden-in-Sight.
En Grèce et en Ukraine, les forces de l’ordre sont formées à la thématique du Lien. Mark Randell nous partage son point de vue en tant que directeur des opérations chez Hidden-in-Sight.
La Fédération Panhéllenique de Protection des Animaux
Beaucoup d’associations de protection des animaux et autres intervenants parlent maintenant du « Lien » et du « Cycle de Violence ». Des agents de police reconnaissent que la maltraitance des animaux et la violence à l’égard des humains sont intimement liées, mais de nombreuses occasions ont été manquées depuis des décennies parce que cette prise de conscience n’a pas été traduite en actes. Des vies ont été perdues et des violences, des délits et des crimes ont malheureusement eu lieu alors qu’ils auraient pu être évités si l’on avait pris en compte les premiers indicateurs d’alerte.
J’ai pris connaissance d’une organisation très professionnelle, active en Grèce, la Fédération Panhéllenique de Protection des Animaux (PFO), qui jouit d’une très bonne réputation dans les cercles professionnels et dont la stratégie peut véritablement faire progresser la protection des animaux en Grèce. Cette stratégie inclut la formation des ONG, des personnels de police et des procureurs dont la responsabilité est de faire appliquer la loi.
Il ne s’agit pas simplement de les sensibiliser aux problèmes de protection animale, mais aussi de leur apprendre à identifier le « Cycle de Violence » et à résoudre le problème. En novembre 2015, le lancement de ce programme a eu lieu au musée Benaki d’Athènes. Il a été bien accueilli et a donné un puissant essor au processus. Au cours des dix-huit mois qui ont suivi, de nombreuses négociations ont eu lieu, ainsi qu’une planification considérable, et beaucoup d’éléments convaincants ont été apportés.
En septembre 2017, la phase suivante a fait une entrée fracassante dans le programme de formation de la police grecque. Très bien organisée et innovante, cette initiative a en grande partie relégué dans l’ombre l’application de la loi telle qu’elle s’observe en Europe, ce qui est remarquable pour un pays confronté à d’importants problèmes financiers et politiques.
«En l’espace de deux semaines, 200 agents de police de Grèce continentale et des îles grecques ont été formés sur le « Cycle de Violence » et sur le Lien entre maltraitance animale et maltraitance humaine.»Mark Randell, directeur des opérations chez Hidden-in-Sight
C’est un résultat tout à fait remarquable, et ce partage de connaissances permet d’envisager la possibilité de faire véritablement évoluer la situation pour les animaux et pour la société.
Une police ukrainienne avant-gardiste sur la thématique du Lien
La prise de conscience du Lien jusqu’alors négligé entre la maltraitance animale et diverses activités antisociales comme le meurtre, la maltraitance d’enfants et la violence domestique, se généralise aujourd’hui sur le continent européen et de plus en plus, les autorités, dans divers pays, appliquent ce concept pour améliorer la qualité de vie dans la société. Cette semaine, elle a atteint l’Ukraine. La première formation aux activités du « Lien » en Ukraine a eu lieu à Kiev en 2018.
Il s’agissait d’un programme structuré de formation des associations de protection animale, des fonctionnaires de la municipalité et des responsables de la police de Kiev. Ce programme a mis en évidence ce que nous connaissons déjà et l’impact positif que la lutte contre la maltraitance animale aurait sur les stratégies et les priorités actuelles, ainsi que sur les relations communautaires. Il a été très bien accueilli et la police ukrainienne est très avant-gardiste.
«Cette formation est sur le point d’être dispensée également aux 2 000 policiers de la municipalité de Kiev. »Mark Randell, directeur des opérations chez Hidden-in-Sight
Elle cible de façon prédominante les patrouilles de police et les ONG de protection des animaux, et elle sera centrée sur la manière d’effectuer une intervention rapide en cas de maltraitance animale, en tenant compte de la possibilité d’un Lien avec d’autres délits ou crimes qui seraient « cachés ». Pour les nouveaux services de police formés depuis l’indépendance, il s’agira de prendre en charge l’instauration d’une pratique constante dans la reconnaissance du Lien. Sachant que ces représentants de l’ordre seront les premiers intervenants sur les lieux des délits, nous considérons qu’il est essentiel que la formation se concentre de ce côté. Nous remercions l’Ukraine pour la clairvoyance dont elle fait preuve en adoptant cette démarche pour s’attaquer aux problèmes de protection des animaux et à la prévention de la violence.
Cette formation a donc déjà été dispensée aux responsables de la police de Kiev, elle doit être dispensée également aux 2 000 agents patrouilleurs, et elle doit s’étendre à un public plus large encore. Une formation a aussi été dispensée aux fonctionnaires de la municipalité, qui élaborent à présent de nouveaux processus dans le domaine de la protection animale, et à des associations de défense des animaux parmi les plus motivées. Il y est essentiellement expliqué pourquoi il importe de s’occuper de la maltraitance envers les animaux, quels sont ses Liens avec d’autres formes de délinquance et de criminalité, combien il est rare qu’elle s’exerce indépendamment de toute autre chose, et comment prévenir les délits qui lui sont liés. Traiter ces questions avec professionnalisme est aussi un moyen d’instaurer un climat de confiance avec le public.
Il n’est pas rare du tout que l’on observe des cas de violences extrêmes à l’encontre de personnes, qui auraient peut-être pu être évités si l’on avait identifié les signaux d’alerte et si l’on y avait donné suite. C’est une des raisons pour lesquelles les délits et les crimes sur les animaux font maintenant partie des indicateurs retenus par le FBI.
En Ukraine, par exemple, un groupe de jeunes hommes qui avaient torturé et pendu des animaux errants ont ensuite assassiné 21 personnes les unes après les autres. Sachant que l’organisation d’un combat d’animaux peut rapporter 50 000 euros et que cette activité peut être en Lien avec la drogue, les armes à feu et même la pornographie enfantine, il conviendrait que la police y voie des possibilités de prévention plutôt qu’une charge supplémentaire.