Dumba, l’éléphante cachée par un cirque dans une décharge du Gard

Dumba, l’éléphante cachée par un cirque dans une décharge du Gard

Cirques
18.01.2021
Gard
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Il est 22h passées ce 1er janvier 2021 quand nous recevons un signalement : dans un coin isolé de la campagne du Gard, au bout d’un chemin de terre, une éléphante seule se balance sans arrêt sous un barnum, au milieu d’une décharge sauvage. Elle dispose seulement de quelques mètres carrés pour se mouvoir. Aussitôt dépêchés sur place, nos enquêteurs découvrent avec stupeur qu’il a neigé, que la température est largement en dessous de zéro, et que l’éléphante est enfermée dans la remorque du camion qui fait face au barnum. C’est Dumba! Elle respire fort, hume l’air avec sa trompe à travers une minuscule lucarne entrouverte. Elle est blessée des deux côtés de la tête… Pour elle, nous avons déposé plainte en urgence.

Dumba a plus de quarante ans. Elle souffre des pattes au point de se contorsionner même devant des inconnus pour tenter de les soulager. L’immobilité et la solitude forcées auxquelles elle est soumise au quotidien entraînent des douleurs musculo-squelettiques, des mouvements stéréotypés et une fonte musculaire, ses pattes ne peuvent plus porter le poids de son corps.

Comme les autres éléphants captifs des cirques, elle a été arrachée petite à sa famille. Depuis, on ne l’a jamais vue en compagnie d’un autre éléphant. Comme Baby, elle est maintenue isolée par son dresseur et louée au plus offrant pour des clips et nombre de spectacles. Obligée de faire des photos avec le public (c’est illégal), notamment au Cirque de Paris, elle a croisé le chemin de Jon, Patty, Marli, Céleste et Hannah avant que nous obtenions leur saisie. C’est elle que nous pensions retrouver en mars 2020 quand nous avons suivi ce cirque. À sa place habituelle : Baby. Depuis la fin de l’année 2018, elle n’était plus réapparue en France. En Espagne, où nous avons tissé pour elle un partenariat solide avec FAADA, elle avait disparu des radars depuis la fin du mois de septembre 2020.

Et voilà que l’une de nos sympathisantes l’a rencontrée au détour d’une promenade lors du passage à la nouvelle année, dans une zone qui ressemble littéralement à une décharge à ciel ouvert.

La France est une terre d’asile pour les dresseurs poursuivis pour maltraitance. En effet, son dresseur a fui l’Espagne avec elle pour éviter des poursuites judiciaires. Il lui serait très facile de s’enfuir à nouveau pour dissimuler Dumba ailleurs. Notre vitesse d’intervention était donc essentielle. Dans les heures qui ont suivi nous avons dépêché nos enquêteurs.

«Les problèmes de pieds sont la principale cause de décès chez les éléphants. Les pieds et le corps tout entier de Dumba sont une douleur aigüe, elle est la souffrance incarnée. Les éléphants vivent en groupe, communiquent continuellement, de manière très sophistiquée. Ils s’entraident et se soutiennent, jusqu’à la mort. Dumba est seule dans son agonie. Quel pays évolué autorise encore cette abyssale maltraitance ? J’aime les éléphants, j’aime mon pays, et j’ai honte.»Muriel Arnal, présidente-fondatrice de One Voice

L’avis de l’expert des éléphants à qui nous avons envoyé les images est sans appel : problèmes ostéopathiques, tuberculose possible, blessures… « L’état corporel de cette éléphante d’Asie, manifestement âgée, est très mauvais.»

«Les signes indiquant qu’elle souffre des pattes avant sont clairs : elle soulève celles-ci alternativement et les ramène loin du crâne, sous son corps. Les marques d’usure visibles sur sa tête étaient le soupçon qu’elle s’appuie souvent dessus.»Dr Willem Schaftenaar, vétérinaire retraité du parc zoologique de Rotterdam, actuel conseiller vétérinaire auprès de l’European Elephant TAG de l’association des parcs zoologiques d’Europe (EAZA)​, et chercheur associé d’Elephant Care International«Elle garde la bouche ouverte pendant une période beaucoup plus longue que prévue et normale, ce qui est souvent la manifestation d’une souffrance physique.
»Dr Willem Schaftenaar«Maintenir un éléphant dans la solitude pendant une période prolongée va à l’encontre de son bien-être, de sorte qu’il s’agit d’un acte illégal. Lorsque cet état de solitude dure plusieurs mois et davantage, il altère inexorablement la santé mentale de l’animal de façon permanente et irréversible, ce qui se traduit par des comportements stéréotypés.»Dr Willem Schaftenaar

Nous avons porté plainte auprès du tribunal d’Alès pour mauvais traitements et défaut de soins par un professionnel (un délit). S’ajoute à cela l’exploitation irrégulière d’un établissement détenant des animaux non domestiques. La saisie de Dumba doit être organisée au plus vite, une place l’attend dans un sanctuaire dès aujourd’hui. Signez la pétition et ensemble, interpellons Barbara Pompili !

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