Derrière une pluie de chiffres, la réalité pour les animaux dans les laboratoires en France

Derrière une pluie de chiffres, la réalité pour les animaux dans les laboratoires en France

Expérimentation animale
10.03.2023
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Toujours plus d’animaux et de souffrance : One Voice présente les données des classeurs du ministère 2021 de l’expérimentation animale.

Des dizaines de milliers de souris, de poissons, près de 200 chiens et plus de 130 primates ont subi des expériences « sévères », et des dizaines de milliers de lapins ont enduré des procédures dites « modérées » en France en 2021… C’est ce que nous avons découvert à la lecture des classeurs du ministère de la Recherche. Ces chiffres, en hausse par rapport à l’année précédente, sont consultables sur le site dédié de One Voice.

De la souffrance en général…

La proportion de procédures dites « sévères » est particulièrement haute dans notre pays. Alors qu’elle est d’une sur dix dans l’Union européenne, elle s’élève à une sur sept en France. On nous répond parfois que ce serait parce que l’Hexagone juge avec moins d’intransigeance que d’autres pays les gravités des expériences…

Mais sur quoi se base cette argumentation ? Sur rien. Et tous les membres de l’Union européenne disposent bien des mêmes exemples dans l’annexe de la directive sur les différents niveaux de gravité… Manifestement, la réalité est difficile à assumer dans les couloirs du ministère.

Des lignées génétiquement modifiées et une souffrance accrue

Entre 2015 et 2020, on comptait une centaine de protocoles classés au plus haut niveau de gravité pour la création et le maintien de lignées d’animaux génétiquement modifiés (AGM).

En 2021, ce sont plus de 15 500 souris qui apparaissent dans les déclarations, dont la quasi-totalité pour un seul établissement. L’explication ? C’est ce lieu qui fournit des souches d’AGM aux autres… Admettons. Mais cela n’explique pas pourquoi le nombre d’individus mis au monde avec des modifications génétiques leur occasionnant les pires douleurs a tant augmenté. Sur ce point, le silence du ministère est assourdissant.

Et cette démultiplication n’est pas près de s’arrêter car pour 2022 et 2023, on sait déjà qu’au moins deux projets ont été validés, autorisant chacun l’utilisation de plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de souris dans les années à venir, pour créer de nouvelles lignées d’animaux qui vivront un vrai supplice…

Plus de 150 000 lapins

Parmi tous ceux qui ont le malheur de passer entre leurs murs, les laboratoires ont un « goût » toujours davantage marqué pour les lapins. En 2021, ces derniers étaient plus de 150 000 à avoir enduré des tests, et la quasi-totalité à avoir été tués.

Pire : les procédures leur occasionnant des douleurs dites « modérées » continuent d’augmenter. 54 000 d’entre eux ont été utilisés pour la production de produits à base de sang. Et ce protocole ne risque pas de s’arrêter puisqu’il a reçu une autorisation pour avoir recours à 87 500 individus en 2022.

19 000 lapines ont quant à elles été génétiquement modifiées pour produire une protéine dans leur lait. Des expériences considérées comme « légères » et qui, là encore, ont de beaux jours devant elles, avec un projet de création de nouvelles souches approuvé pour produire ce type d’anticorps en 2022.

Les poissons-zèbres, des victimes au nombre exponentiel

Si les poissons-zèbres ne sont pas aussi nombreux que les lapins dans les établissements français d’expérimentation animale, leur nombre ne cesse de croître et ils font l’objet de plus en plus d’expériences « modérées » et « sévères ». En 2021, ils sont respectivement 23 000 à avoir ainsi enduré les premières pour des tests de toxicologie et d’écotoxicologie qui n’étaient par ailleurs même pas obligatoire ; et 15 000 à avoir subi les secondes pour étudier les « maladies animales ».

Difficile de savoir à quoi tout cela était censé servir, mais ce qui est sûr, c’est qu’une foule de poissons-zèbres en ont souffert, la capacité des poissons à ressentir la douleur ne faisant plus débat depuis longtemps…

Et puis il y a les chiens et les primates

Enfin, près de 200 chiens et plus de 130 primates ont eux aussi subi des procédures « sévères ». Parmi eux, 40 chiens ont été utilisés pour tester la toxicité de médicaments humains, tandis qu’une quinzaine de primates ont été victimes de complications inattendues.

Ces chiffres peuvent paraître anecdotiques au regard des millions d’animaux expérimentés en France chaque année, mais ils sont en réalité très importants quand on sait que la France fait partie des pays qui, en Europe, réalisent le plus de tests sur les chiens et les primates.

Une fois de plus, il a fallu s’armer de patience pour obtenir les dernières données détaillées de l’expérimentation animale. Nous ne céderons sur rien et continuerons à les diffuser, afin que chacun puisse savoir ce qu’il se passe derrière les portes des laboratoires français. Tous les chiffres de 2015 à 2021 sont disponibles sur notre site consacré aux analyses des données ministérielles.

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