Derrière les chiffres officiels de l’expérimentation animale, une réalité inchangée Derrière les chiffres officiels de l’expérimentation animale, une réalité inchangée

Derrière les chiffres officiels de l’expérimentation animale, une réalité inchangée

Expérimentation animale
27.05.2025
France
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Le ministère se félicite d’une légère baisse du nombre d’animaux utilisés pour la première fois dans des expériences en 2023, mais plus de 2 millions d’individus restent concernés cette année-là. Les chiffres officiels continuent d’exclure d’innombrables êtres vivants, invisibles dans les bilans. Sans oublier que 90 % des expériences ne sont pas légalement obligatoires.
Derrière la froideur des termes techniques comme « utilisation » et la prétendue souffrance « modérée », se cachent des expériences douloureuses bien réelles.
One Voice décrypte ce que les données chiffrées faussement transparentes ne montrent pas.

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) se félicite, dans son enquête statistique 2023, d’une légère baisse du nombre d’êtres vivants exploités pour la première fois dans des expériences au cours de l’année. Pourtant, la barre des 2 millions reste franchie, que l’on considère le nombre total d’animaux ayant subi des tests (2 030 513) ou celui des premières utilisations en 2023 (2 046 754). Il est important de rappeler que le MESR ne comptabilise que le premier coup de scalpel donné à un individu dans l’année : les réutilisations au cours de la même année ne sont pas prises en compte.

De plus, derrière ces données globales, de fortes disparités subsistent selon les espèces : 20 % des hamsters subissent encore des procédures classées comme « sévères », et bien que les chiens ne représentent que 0,2 % des emplois, les chiffres les concernant sont en hausse.

Des milliers de vies oubliées par les rapports ministériels

Chaque année, les données officielles de l’expérimentation animale restent largement sous-estimées… Elles ne prennent pas en compte les animaux utilisés en dehors des procédures réglementées. Ces derniers ne sont déclarés à la Commission européenne que tous les cinq ans. C’est le cas, par exemple, des individus élevés uniquement dans le but de reproduire des lignées génétiquement modifiées, ou encore de ceux tués pour prélever leurs organes ou tissus à des fins de recherches in vitro. Ces pratiques sont parfois désignées comme relevant des « nouvelles approches méthodologiques » (NAMs), un terme qui prête à confusion : il ne s’agit pas ici de “Non-Animal Methods” (méthodes sans animaux), mais bien d’un usage supplémentaire d’un nombre incalculable d’être vivants ! Plutôt que de marquer une rupture avec l’expérimentation in vivo, ces pratiques viennent s’y ajouter, les animaux continuant à être mis à mort pour satisfaire les exigences d’un système de recherche qui peine à évoluer.

Invisibles au sein des bilans annuels faussement transparents, tous exclus des données officielles, ils disparaissent dans une opacité persistante.

Quand la catégorie de souffrance « modérée » sert à masquer la réalité

Le MESR met en avant une baisse des expérimentations les plus insupportables, qualifiées de « sévères », qui seraient passées de 11,5 % en 2022 à 9,3 % en 2023. Il affirme aussi que 87 % des cas relèveraient d’un niveau de gravité « léger » ou « modéré ». 

Mais ces pourcentages masquent une tout autre réalité : sur les 2 046 754 utilisations recensées en 2023, les catégories modérée et sévère concernent à elles seules près de la moitié des cas. 

Qu’est-ce qu’une douleur jugée modérée pour le MESR ? 

À quel point ce niveau de gravité « modéré » est-il devenu la norme pour des actes pourtant profondément invasifs ? Les pratiques restent violentes, seuls les indicateurs s’adaptent.

90 % de l’expérimentation animale ne sont pas imposés par la loi

Parmi ces 2 046 754 recours à des êtres vivants, un quart seulement (449 790) correspond à la catégorie des « études réglementaires et productions de routine ». Moins de la moitié (206 987) répondent à des obligations législatives ou réglementaires, généralement européennes. Par conséquent, à peine 10 % des expériences de 2023 sont imposées par la loi.

Les 1 839 767 autres pourraient être remplacées par des méthodes alternatives.

 

Si, comme trois quarts des Français, vous êtes pour la fin de l’expérimentation animale (One Voice/Ipsos avril 2023), et que vous croyez aux méthodes alternatives, demandez avec nous la fin de ces pratiques dépassées !

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