Chasser des oiseaux en les écrasant sous une pierre : les dernières heures des tendelles ?
Après la glu et les tenderies, vers la disparition des tendelles en Aveyron et Lozère ? Audience le 23 novembre à 9 h 30 au Conseil d’État.
S’il y a bien une chose qui caractérise les chasseurs, c’est leur capacité à imaginer des moyens toujours plus cruels de tuer les animaux. Sous couvert de « traditions », ils utilisent des techniques plus violentes les unes que les autres, qui génèrent des souffrances aiguës pour les alouettes des champs, les grives, les vanneaux huppés et toutes les espèces d’oiseaux ici prises pour cibles. Notre combat contre ces pratiques d’un autre âge avance : le 23 novembre 2023 à 9 h 30, le Conseil d’État se prononcera sur notre demande d’annuler définitivement l’utilisation de tendelles dans l’Aveyron et la Lozère.
Mise à jour du 21 décembre 2023 :
C’est fait ! Le Conseil d’État vient d’enjoindre au gouvernement d’abroger définitivement l’arrêté qui autorisait l’utilisation de tendelles. Comme nous le lui demandions, il a considéré que ce mode de chasse des oiseaux n’était pas sélectif. Logique, puisque ces derniers sont attirés par un appât puis tués par écrasement sous une pierre.
Comme la chasse à la glu, les tendelles ne seront désormais plus qu’un lointain souvenir pour les oiseaux. Dans les mois qui viennent, nous continuerons le combat contre les dernières chasses traditionnelles en vigueur, en demandant au Conseil d’État d’interdire une fois pour toutes l’abrogation des arrêtés autorisant l’utilisation de matoles et de pantes dans le Sud-Ouest.
Mise à jour du 23 novembre
Les conclusions de la rapporteure publique ont été très claires : l’arrêté est illégal tant en raison de l’absence de sélectivité de la pratique qu’en raison de l’absence de justification qu’aucune alternative satisfaisante n’existe. Elle a par ailleurs questionné le fait que le ministère caractérise les tendelles comme un mode de capture « non létal ». Évidemment qui pourrait croire qu’une grosse pierre qui tombe sur un petit oiseau va le tuer ? Sots que nous sommes… La décision devrait être rendue d’ici deux-trois semaines.
Après la glu, les matoles, les pantes et la tenderie, l’heure de vérité pour les tendelles
Pour les grives de la Lozère et de l’Aveyron, les tendelles sont synonymes de souffrance et de mort. Il s’agit de petits trébuchets, actionnés lorsque l’oiseau vient toucher à un appât : une pierre tombe alors sur lui, ce qui ne lui laisse aucune chance. Quand l’oiseau n’est pas tué sur le coup, il subit des fractures qui le condamneront et l’empêcheront de s’envoler. Le piégeur peut ainsi le récupérer pour l’achever, bien souvent à la main.
Depuis 2018, nous menons un combat sans relâche contre tous ces modes de chasse. Alors que les tenderies dans les Ardennes et la glu dans le sud-ouest ont été définitivement interdites par le Conseil d’État, que les arrêtés autorisant les matoles et les pantes ont quant à eux été suspendus en urgence, les juges ne s’étaient pour l’heure pas prononcés sur les tendelles. Au-delà de son caractère barbare, cette pratique est manifestement illégale, comme nous le disons depuis des années.
Jusqu’à quand le gouvernement soutiendra-t-il les chasses traditionnelles contre les oiseaux ?
Alors pourquoi s’acharner à autoriser ces instruments sadiques qui ne concernent qu’une poignée de personnes mais causent tant de souffrances aux oiseaux ? La défense des traditions a bon dos ! En réalité, il s’agit ni plus ni moins de satisfaire les demandes d’un lobby. Et c’est peu dire que le gouvernement actuel déploie une énergie folle à protéger cette minorité qui prend du plaisir à tuer.
Sous couvert d’« expérimentation scientifique », il a ainsi récemment permis la capture de plusieurs milliers d’oiseaux par pantes, matoles et tenderies, pourtant condamnées par le Conseil d’État ! Nos recours ont permis de suspendre trois des cinq arrêtés et il est à parier que le Gouvernement retentera sa chance l’année prochaine, dans le cas où les arrêtés autorisant les matoles et les pantes ne seraient pas définitivement annulés par le Conseil d’État d’ici là.
Mais si la justice s’en tient à sa position constante, nous avons bon espoir que les tendelles, comme les tenderies et la glu, ne soient bientôt plus qu’un sombre souvenir pour les animaux. Et si, comme 70 % des Français, vous considérez que la chasse est une pratique cruelle, signez notre pétition pour une réforme radicale de celle-ci !