Canards appelants: pas d'impunité! Audience à Amiens pour un chasseur ce 29 juin.

Canards appelants: pas d'impunité! Audience à Amiens pour un chasseur ce 29 juin.

Chasse
28.06.2021
Toutes les actualités

En novembre 2020, malgré l’arrêté qui interdit la chasse aux canards, l’OFB interpelle un chasseur en flagrant délit, avant de tomber dans un guet-apens. L’audience le 29 juin 2021 au tribunal de police d'Amiens. One Voice est partie civile.

6 novembre 2020 : la grippe aviaire se propage parmi les oiseaux migrateurs. Malgré l’arrêté en vigueur qui interdit notamment la chasse au canards migrateurs, deux agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) interpellent un chasseur en flagrant délit, avant de tomber eux-mêmes dans un guet-apens. Face à ce mépris des lois, One Voice se porte partie civile contre le chasseur. L’audience se tient ce 29 juin au tribunal de police d’Amiens.

Image issue de notre enquête en janvier 2021 dans la Baie d’Authie Sud et dans la Baie de Somme.

Edit du 30 juin 2021:

L’audience a fait l’objet d’un renvoi à la date
du 26 octobre 2021 à 9h.

À 8h15, le 6 novembre dernier, deux inspecteurs de l’Office français de la biodiversité effectuent une patrouille de surveillance à Boismont dans une zone humide de la Somme. Ce jour-là, la France est confinée et les déplacements, hors motifs impérieux, sont interdits. La chasse au gibier d’eau est également prohibée : la grippe aviaire, hautement pathogène pour l’avifaune sauvage, sévit. Les chasseurs n’ont donc pas le droit de chasser avec des appelants, ces oiseaux vivants enfermés dans des cages et utilisés comme appâts.

La mise en scène du chasseur

Pourtant, les deux agents repèrent très vite un homme en tenue de chasse. Ils s’approchent, l’interpellent, mais l’homme s’éloigne. Il finira par obtempérer, sans dissimuler le motif de sa manœuvre. « Je gagne du temps. J’ai prévenu les autres chasseurs de votre arrivée », avoue-t-il finalement.

Près de la mare, les deux agents constatent la présence de onze canards appelants enfermés. Dans la hutte, ils découvrent dix oiseaux encagés, un duvet en boule et un fusil de chasse à canon démonté. Les preuves sont évidentes. Mais quand les agents demandent à l’homme son permis de chasser pour contrôler son identité, il ne l’a pas et remet son permis de conduire. À la suite du contrôle, les agents repartent vers leur véhicule, mais se retrouvent bloqués par un groupe d’une dizaine de chasseurs. Kevin D. a prévenu ses « collègues ». Pendant près d’une heure, les agents de l’OFB essuient vociférations, insultes, menaces…

Face à la toute-puissance des chasseurs

Aujourd’hui, Kevin D. est poursuivi pour plusieurs infractions :

  • Transport et utilisation des appelants pour la chasse au gibier d’eau en violation d’un arrêté d’interdiction.
  • Chasse sans être porteur du permis de chasser sur soi.
  • Défaut d’identification des appelants détenus (baguage).
  • Défaut de déclaration des appelants.
  • Non-tenue du registre d’identification des appelants.

Il reconnaît uniquement les 3 dernières, pour lesquelles il va être jugé dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.

Ce fait divers affligeant illustre une fois de plus le sentiment de toute-puissance des chasseurs. Organisés via le collectif des « chasseurs en colère », ils exigent l’impunité quand ils violent la loi.

La propagation de la grippe aviaire ? Ce n’est pas leur problème. La loi censée protéger le plus grand nombre ? Ils la bafouent sans vergogne. Pris en flagrant délit par nos enquêteurs fin janvier, ils se moquent éperdument des conséquences de leurs actes et ont même mis en place une cagnotte « solidaire » pour payer leurs contraventions.

Le soutien des politiques

Que pouvons-nous faire, si les chasseurs ont, en plus, l’appui des politiques ? Xavier Bertrand affiche son soutien au collectif des « chasseurs en colère » et propose même d’inscrire la chasse au gibier d’eau et les chasses traditionnelles au patrimoine mondial de l’Unesco.

Quand on sait que cette pratique utilise des oiseaux captifs pour tuer leurs congénères, on croit rêver ! Ce 29 juin, Kevin D. devra répondre de ses actes au tribunal de police d’Amiens. Nous y serons.

Partager l'article