Au combat pour Boulie, hippopotame « de cirque »

Au combat pour Boulie, hippopotame « de cirque »

Cirques
08.10.2019
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Boulie est, avec Jumbo, l’autre hippopotame actuellement exploité par un cirque français. Si elle bénéficie d’une communication plus au point que celle du cirque Muller, son existence est bien sûr du même ordre: l’esclavage en solitaire. Nous déposons plainte pour elle.

On ne peut lui dénier cela: William Kerwich, directeur du cirque Royal Kerwich, délégué général du Collectif des cirques, a bien entendu combien notre lutte pour la libération de Jumbo, détenu par le cirque Muller, et plus largement pour des cirques sans animaux, était intense. Aussi déploie-t-il une « com » façon écran de fumée autour de « son » hippopotame Boulie…

« Que du bonheur! »

Les images diffusées sur la page Facebook de son cirque ne doivent pas leurrer : Boulie y est montrée dans une piscine démontable, mais aussi dans un trou d’eau boueux en bordure du champ devant être celui de ses quartiers d’hiver. De fait, nombre d’internautes félicitent le cirque des bons soins accordés aux animaux, l’une allant même jusqu’à conclure : « Adorable ! Les animaux aiment jouer et se montrer en spectacle ! La réalité ! Que du bonheur. » Objectif atteint, enfin avec ceux qui y croient, veulent y croire à tout crin.

Car la place d’un hippopotame ne sera jamais dans les camions-cages d’un cirque itinérant ni sous le soleil écrasant de la Côte d’Azur, où rien de cela n’existe. Même sorti et arrosé de temps à autre, cet animal foncièrement grégaire est ici, en la personne de Boulie, l’unique représentant de son espèce. Seule et bien captive au sein d’un environnement qui n’a rien d’adapté à ses besoins essentiels : la nage à volonté, qui soulage ses articulations, un libre fourrage, le calme des nuits dans les taillis bordant le fleuve, et une communication permanente, dans l’eau et hors de l’eau, avec ses congénères…

Messages abusifs

Aussi ne faut-il pas confondre bonne « com » et réalité, car entre les deux le fossé est grand. Boulie est ainsi présente sur certaines affiches récentes d’un cirque au discours totalement trompeur. L’une d’elles titre : « Plus près des animaux », et vante même un spectacle pédagogique, éducatif et culturel : « avec des animaux issus d’un programme de reproduction et préservation des espèces suivis par des vétérinaires d’État », programme dont nous aimerions bien avoir connaissance !
Cela sonne comme une œuvre sociale, une action humanitaire, quand il s’agit que d’espèces sauvages durement mises en exhibition et trimballées à tous vents. Une véritable œuvre de conservation de la faune sauvage, sans nul doute ! Il va sans dire que le cirque ne dispose évidemment pas d’un arrêté d’ouverture pour une activité de parc zoologique, pas plus que pour celle de « soigneur d’un jour », et bien sûr aucune des prescriptions de l’arrêté parc zoologique n’est respectée dans les quartiers d’hiver nouvellement ouverts au public…

Dans un article parlant de ce cirque « vraiment » Royal, on voit une photo montrant un dresseur nourrissant Boulie et légendée ainsi : « Rodolphe Kerwich (huitième génération d’artistes) et Boulie. Ils ont tous deux 21 ans et ont grandi ensemble. » On pleurerait presque devant tant d’amour, mais le premier est libre, la seconde est détenue et exhibée au public, avant et pendant un spectacle, sans aucun intérêt artistique particulier (monter sur une table, la belle affaire!).
L’impact de tels shows est totalement contre-productif en matière de pédagogie, notamment pour les enfants auxquels on ne doit jamais faire croire qu’un animal, par nature sauvage, puisse être heureux dans un cirque. Un bagnard, voilà tout ce qu’il est, baladé sur les routes puis jeté en pâture aux publics bruyants et hilares, encore et encore.

Boulie, Jumbo: même combat

Le combat pour Jumbo va bientôt arriver sur le terrain judiciaire : en effet, le procès pour mauvais traitements va enfin avoir lieu. Nous ne sommes pas dupes de la réalité qui est celle de Boulie et portons plainte pour mauvais traitements, mauvais traitements commis par un professionnel, placement ou maintien d’un animal sauvage captif dans un habitat, environnement ou installation pouvant être cause de souffrance, exploitation irrégulière d’établissement détenant des animaux non domestiques, atteinte à la conservation des espèces animales non domestiques… Nous espérons que les juges entendront l’argument selon lequel la vie proposée à un tel animal, protégé, ne peut être qu’une souffrance, même déguisée… et dont on ne peut rire quand Boulie déserte le cirque comme en 2018 pour aller se promener dans le potager d’un citoyen résidant près des barnums, ou comme sur notre vidéo de cet été 2019. Un fait divers insolite révélant in fine toute la légèreté avec laquelle on considère la vie d’un être, et la façon dont sont niées ses souffrances et sa solitude.

Soutenez le combat pour Boulie en envoyant un message au Préfet du Var:

Continuez à signer et partager notre pétition pour des #CirquesSansAnimaux.

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