Alerte à l'insécurité dans les cirques
Le 8 septembre dernier, à Lizy-sur-Ourq, une commune de Seine-et-Marne, une éléphante s’échappe de l’enclos d’un cirque. Un homme âgé est malencontreusement sur son passage, il décède suite à des blessures. Ce tragique accident ne suffit pas, semble-t-il, aux autorités pour prendre les mesures qui s’imposent : éviter que cela se reproduise.
En effet, dès le lendemain, et sans égard pour la famille de la victime, le cirque continue sa tournée et ses représentations avec son éléphante d’Afrique, Samba (Tania).
Pourtant, la fin tragique de l’octogénaire n’est pas due à la fatalité mais est bien la conséquence des sérieux problèmes de sécurité liés à la détention des éléphants dans des cirques. Pourquoi les normes de sécurité imposées aux parcs zoologiques hébergeant des éléphants ne peuvent-elles pas être mises en place dans des structures itinérantes ? Parce que c’est impossible.
En effet, un parc zoologique qui souhaite accueillir ces animaux doit garantir la sécurité du public en installant des barrières suffisamment solides pour résister à la poussée d’un éléphant ; une clôture électrique ne suffit pas. Il doit également assurer le bien-être des éléphants en offrant un grand espace aménagé pour leur permettre d’exprimer au maximum leurs comportements naturels et permettre la cohabitation de plusieurs individus car ce sont des animaux sociaux.
L’absence de ce bien-être dans les cirques est de toute évidence à l’origine de souffrances dont les animaux tentent désespérément de se libérer. La fuite de Samba l’illustre de manière poignante. Ses conséquences sont dramatiques.
Depuis 2003, One Voice a alerté à plusieurs reprises le ministère de l’Ecologie sur les problèmes de sécurité posés par les conditions de détention de Samba. En 2005, ceux-ci avaient été pointés dans le rapport de John Knight, vétérinaire spécialiste des animaux sauvages, publié par l’association et dans lequel il demandait avec insistance que Samba soit replacée aussi rapidement que possible. Aujourd’hui encore, dans une lettre adressée aux autorités, il continue à faire les mêmes recommandations. (lettre disponible sur demande)
Suite à l’accident de Lizy-sur-Ourcq, la première mesure logique à prendre afin d’en éviter un nouveau était bien de sortir l’éléphante. Ainsi, One Voice a-t-elle immédiatement réclamé la saisie de Samba et proposé de la prendre en charge. Elle a notamment trouvé un transporteur spécialisé prêt à se déplacer dans les 24 heures et la grue pouvant soulever 30 tonnes. Elle a contacté des spécialistes, ainsi que le Parc et Château de Thoiry, qui accueille déjà des éléphants d’Afrique et a offert de recueillir Samba et de la garder dans d’excellentes conditions.
Pourtant, contre toute logique, l’affaire en est restée là : aucune saisie n’a été faite, aucune mesure n’a été prise.
A Lizy-sur-Ourcq, la clôture électrifiée n’a pas retenu l’éléphante tentant de fuir. Les experts sont formels : une clôture électrique, aussi importante soit elle, ne peut suffire à retenir un éléphant décidé à la franchir. Que dire alors du muret dérisoire entre la piste où les numéros s’effectuent et les gradins où sont assis les enfants ?
Il est surprenant que les pouvoirs publics n’aient pas pris de mesures réelles. La détention des éléphants dans des structures itinérantes ne permet pas de garantir la sécurité du public. Pour preuve, l’accident dont cet homme âgé a été victime. Sans compter les risques sanitaires encourus par le public au contact d’animaux qui peuvent être porteurs de maladies contagieuses comme la tuberculose facilement transmissible à cause de la multiplicité des contacts dus à l’itinérance.
Muriel Arnal, fondatrice et présidente de One Voice, déclare : « Nous nous posons beaucoup de questions. Faut-il attendre qu’un enfant soit la prochaine victime pour que des mesures soient enfin prises? One Voice demande le placement immédiat de Samba dans une structure qui garantisse la sécurité du public et qui lui apporte ce dont elle a besoin pour vivre paisiblement. »