Affaire Mandral : cinq ans plus tard, l’éleveur maltraitant devant la justice
Après des années de mobilisation, d’enquêtes et de procédures, l’éleveur-chasseur Richard Mandral va enfin faire face aux juges. De la Dordogne à la Haute-Vienne, nos investigations ont permis de documenter l’horreur qu’il a fait subir à ses chiens pendant des années. Aujourd’hui, nous attendons une sanction à la hauteur contre celui qui a trop longtemps bénéficié de la complaisance des services de l’État et de la justice. Audience le 29 novembre 2024 à 8h45 au tribunal judiciaire de Limoges, où nous serons partie civile.
En Dordogne : l’horreur pour les chiens et l’incurie des services de l’État
C’est en 2019 que pour la première fois, nous avons croisé la route des chiens détenus par Richard Mandral en Dordogne : attachés à des chaînes ou livrés à eux-mêmes dans des enclos boueux, enfermés dans des carcasses de véhicules ou des cages. À l’époque, plus d’une centaine d’entre eux gisaient au milieu d’ossements, les plus faibles dévorés par les autres, affamés, blessés ou malades. Malgré la plainte déposée immédiatement, l’éleveur-chasseur n’avait été condamné qu’à une simple amende assortie de sursis pour ne pas avoir réduit la taille de sa meute après une mise en demeure lui imposant de limiter celle-ci à 45 chiens.
Par la suite, les autorités de Dordogne ont toujours refusé de saisir les chiens, malgré leurs propres constatations ainsi que nos images et les preuves récoltées lors du sauvetage de 16 d’entre eux. Face à nos multiples plaintes et recours, jusqu’en 2023, les autorités se sont renvoyé la balle, les unes considérant que c’était au tribunal judiciaire d’agir, les autres estimant que la situation des chiens était du ressort de l’administration et donc du tribunal administratif.
Richard Mandral, lui, n’a pas attendu que tout ce beau monde se mette d’accord : il avait quitté le secteur depuis belle lurette !
En Haute-Vienne, fuir et recommencer : pour une peine exemplaire !
Nous avons retrouvé sa trace en octobre 2021 en Haute-Vienne et alerté immédiatement les autorités. Nouveau département, nouvelle préfecture, nouveau tribunal, toute la procédure a dû repartir de zéro. Il aura fallu deux ans et demi pour qu’enfin une saisie soit ordonnée par la préfecture de Haute-Vienne. Nous avons travaillé main dans la main avec elle afin de trouver des solutions de placement pour tous les chiens maltraités par Richard Mandral.
Le 4 mars 2024, nous étions sur place pour les sortir de là (près de soixante-dix). Trente-cinq nous ont été confiés et placés au sein de refuges partenaires, les autres ont été pris en charge par différentes structures. Les constats vétérinaires, effrayants, ont relevé un défaut d’entretien de l’ensemble des chiens : poil souillé, croûtes, alopécies, infestation par de nombreux parasites : puces, tiques, gale des oreilles, maigreur, diarrhées sanglantes, affaissement des mamelles, dents déchaussées, usées ou cassées…
Après avoir été remis sur pied, la plupart des chiens ont été adoptés. Ils découvrent la chaleur d’un foyer, la douceur d’un canapé, la tendresse d’humains au grand cœur, la joie des promenades et des gamelles remplies. Les chiens « de chasse » sont des chiens comme les autres. Signez notre pétition pour qu’ils bénéficient enfin des mêmes protections.
Afin que Richard Mandral ne puisse jamais récidiver, nous serons présents à son procès le 29 novembre 2024 à 8h45 au tribunal judiciaire de Limoges. Il y sera jugé pour « mauvais traitements envers des animaux placés sous sa garde par l’exploitant d’un établissement détenant des animaux » et « poursuite de l’exploitation d’une installation classée soumise à déclaration non conforme à une mise en demeure ». Nous demandons une interdiction totale de détention d’animaux contre celui qui les a fait souffrir durant des décennies, et nous n’oublions pas les oiseaux, lapins, moutons et chèvres qui sont restés à son domicile après la saisie qui ne concernait que les chiens.
Le délibéré est fixé au 13 décembre 2024.