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Un roi devenu marchandise

Un roi devenu marchandise

Mis à jour le 03 mai 2018

Piégé, tué, empoisonné, enfermé, contaminé, dépossédé du territoire sur lequel il pouvait survivre, traité comme de la marchandise, dompté et humilié : une mobilisation urgente de notre part est nécessaire pour sauver celui qui était autrefois reconnu comme le roi des animaux !

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Tout au long de l'histoire humaine, les lions ont frappé notre imagination. En France, il y a 35000 ans, des artistes ont peint des lions des cavernes sur les parois de la Grotte Chauvet, dans des poses qui dénotent une observation très fine du comportement animal. Ces représentations décrivent même des comportements observés chez les lions d'Afrique d'aujourd'hui (1). Depuis ce temps, le lion est devenu le symbole de la noblesse, de la bravoure, du pouvoir et de la force, et plus récemment, le symbole de la maison des Lannister, avec sa devise «Hear Me Roar» (Entendez-moi rugir) dans ce phénomène mondial qu'est Trône de fer (Game of Thrones), de HBO. Dans toute l'Histoire et dans le monde entier, on retrouve un peu partout des statues, des images et des histoires de lions ; mais pour ces animaux, le coût de cette attention que les hommes leur accordent est très élevé.

Menacé d'extinction

Une cartographie comparative des populations humaine et léonine sur les cinquante dernières années montre que le nombre de lions sauvages en Afrique a diminué de moitié pour chaque milliard supplémentaire d'êtres humains dans le monde (2). Dans les années quarante, on dénombrait quelque 450 000 lions en Afrique. Dans les années quatre-vingt, il en restait moins de 100 000. Aujourd'hui, on estime qu'il subsiste entre 23 000 et 39 000 lions, confinés dans seulement 20 % de leur aire de distribution initiale, et seuls sept pays d'Afrique abriteraient encore des populations de plus de 1000 lions sauvages : l'Afrique du Sud, le Botswana, l'Éthiopie, le Kenya, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe. Sur la Liste rouge des espèces menacées dressée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le lion est actuellement classé comme espèce «vulnérable», seules les populations de lions d'Afrique de l'Ouest et Centrale étant classées comme «en danger». En Afrique de l'Ouest, il ne reste plus que 400 à 500 spécimens (3).

Dépossédé de son territoire, abattu et empoisonné

Le développement de l'agriculture et de l'élevage en Afrique a pour conséquence que les lions se retrouvent confinés sur des territoires toujours plus réduits, sur lesquels les proies peuvent ne plus être assez abondantes pour assurer leur subsistance, si bien qu'ils s'attaquent parfois au bétail pour survivre. Il s'ensuit un cercle vicieux car les éleveurs et les agriculteurs, afin de protéger leur gagne-pain, se mettent à tuer les lions qu'ils considèrent comme des «nuisibles», en les abattant au fusil ou en les empoisonnant. Le carbofuran, un pesticide utilisé dans l'agriculture, tellement toxique qu'il est interdit aux États-Unis et dans l'Union européenne, est utilisé pour tuer les lions, notamment en Afrique de l'Est. Il suffit d'un quart de cuillerée à café de ce produit pour tuer un lion en quelques minutes. Les agriculteurs enduisent une carcasse d'animal de carbofuran, ce qui peut suffire à éliminer toute une tribu de lions s'ils viennent la dévorer. Les animaux qui viennent ensuite finir la carcasse, par exemple les hyènes, les vautours, les chacals et divers insectes, en meurent également.

Exposé à la maladie

Le contact avec les humains et le bétail expose les lions à des maladies contre lesquelles ils ne sont pas immunisés et qui constituent une menace à leur survie (4). Il s'agit surtout du virus de la maladie de Carré (CDV), du virus de l'immunodéficience féline et de la tuberculose bovine. La tuberculose bovine a été introduite, par exemple, chez les buffles du parc Kruger par le biais du bétail domestique, et les buffles l'ont transmise aux lions. Quant à la maladie de Carré, elle menace aujourd'hui les lions de la région du Serengeti, en Tanzanie. Le parc Kruger et le parc Serengeti abritent certaines des plus importantes populations de lions qui subsistent, et la menace que ces maladies représentent est considérable (5).

Chassé pour le plaisir

La chasse au trophée est autorisée dans plusieurs pays d'Afrique qui considèrent qu'elle rapporte des fonds pour la conservation du patrimoine naturel. Pourtant ces pays sont précisément ceux dans lesquels les populations de lions diminuent le plus vite, et une étude montre que la chasse au trophée n'apporte pas grand chose aux économies locales (6). Le lion fait partie des 5 grands animaux qui sont prisés des chasseurs.
La chasse au lion sauvage peut coûter très cher et être infructueuse. C'est pourquoi de nombreux chasseurs de trophées sont attirés par l'Afrique du Sud où on leur garantit la possibilité de tuer un animal. Entre 2003 et 2012, les exportations sud-africaines d'articles provenant de lions maintenus en captivité comprenaient 6782 trophées, plus 734 peaux et des tonnes d'os de lions. En Afrique du Sud, selon les sources (7), il y aurait jusqu'à 8000 lions en captivité contre 2700 individus sauvages. Les fermes à lions ont été l'objet d'uneenquête de One Voice. Les lionceaux rapportent, car les gens paient pour les voir et pour les caresser. Les lions adolescents rapportent, car les gens paient pour les promener. Les lions plus âgés rapportent car les gens paient pour les abattre et emporter leur tête empaillée en guise de trophée, ou leur peau tannée en guise de tapis. La viande de lion rapporte, et même les os rapportent. Ces derniers sont très demandés en Asie pour la fabrication des médicaments traditionnels chinois.

La souffrance dans les cirques

Il y a seulement quelques années, One Voice a organisé le sauvetage de 3 lions, Shada, Djunka et Nalla, qui avaient toujours vécu dans un cirque en Dordogne. Ils étaient maintenus en isolement dans des cages mesurant seulement 1.83mx1.83m et servaient à la reproduction. Chaque fois que Nalla et Shada mettaient bas, leurs lionceaux leur étaient retirés pour être vendus. Grâce à One Voice et à la Born Free Foundation en France et au Royaume-Uni, ces trois lions ont été accueillis par un sanctuaire de confiance en Afrique du Sud. Dans les cirques, les animaux sauvages sont privés de tout ce qui rend la vie digne d'être vécue.

La souffrance dans les zoos

Les lions sont prisés des collectionneurs d'animaux depuis le Moyen-âge et même depuis un temps plus reculé dans certaines régions du monde. Il existerait aujourd'hui dans le monde entre 7000 et 10 000 collections d'animaux en captivité, que l'on appelle des zoos ou des sanctuaires et qui sont ouverts au public (8), sans compter un nombre inconnu de collections privées. Il serait difficile de déterminer combien de lions y croupissent et il serait encore plus difficile de dire combien d'entre eux ont une existence digne d'être vécue. D'après une enquête réalisée auprès des zoos en France en 2011, sur 726 enclos sélectionnés de façon aléatoire dans 25 zoos, 1 sur 4 ne présentait pas une complexité environnementale adaptée. L'enquête (9) concluait à «l'absence apparente de prise en compte des besoins spécifiques à chaque espèce animale sauvage concernée et des soins nécessaires en captivité.» Ainsi, par exemple, «certaines espèces étaient enfermées dans des petits enclos absolument incompatibles avec leurs besoins en termes d'espace.»

Il est temps d'agir

En raison des activités humaines, le roi des animaux se trouve au bord de l'extinction. Depuis la nuit des temps, on capture et on emprisonne des lions pour distraire et amuser le public. En guise de première étape pour rétablir l'équilibre, One Voice demande le classement du lion en Annexe I de la CITES, afin de faire cesser tout commerce de lions ou de parties de lions. One Voice demande aussi à la communauté internationale de soutenir des programmes pour protéger les lions sauvages qui existent encore dans le monde et pour mettre fin aux privations dont souffrent les lions en captivité dans le monde entier.

Découvrez notre campagne pour rétablir la souveraineté des lions !

Notes :
  1. Craig Packer et Jean Clottes, « When Lions Ruled France », Natural History, 11/00 pp. 52-57. 
  2. Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (2010) ) Global Biodiversity Outlook 3. Montréal, 94 pages, http://www.cbd.int/doc/publications/gbo/gbo3-final...
  3. Henschel et al, « The Lion in West Africa Is Critically Endangered », PLOS ONE, 11 janvier 2014, volume 9, 1reéd. http://www.panthera.org/sites/default/files/The%20...
  4. Roelke et al., Pathological manifestations of feline immunodeficiency virus (FIV) infection in wild African lions. Virology, 390(1), 2009; Cleaveland et al., The conservation relevance of epidemiological research into carnivore viral diseases in the Serengeti. Conservation Biology, 21(3), 612-622
  5. http://www.lionaid.org/news/2015/02/lion-stronghol...
  6. http://www.ecolarge.com/work/the-200-million-quest...
  7. http://www.lionaid.org/news/2014/08/south-africa-d...
  8. Walker S. et al (2004): "The 'other' zoo world. Unaffiliated zoos and their impact on global zoo image and on conservation. What is to be done?" In WAZA conferences: proceedings of the 58th annual meeting, hosted by AMACZOOA, San José, Costa Rica, 16–20 November 2003. Cooperation between zoos in in situ and ex situ conservation programmes: 178–181. Dollinger, P. (Ed.). Bern: World Association of Zoos and Aquariums.
  9. http://www.bornfree.org.uk/zooreports/Francefr

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