Trois projets de recherche sur la douleur et le stress approuvés en 2022
Alors que notre campagne sur la nage forcée se poursuit, n’oublions pas que l’expérimentation animale regorge d’autres pratiques légales mais tout aussi odieuses.
Depuis le début de l’année, la France publie les résumés des projets d’expérimentation animale approuvés sur la base de données européenne ALURES. L’occasion pour le public de découvrir au fil de l’eau les souffrances qui attendent les animaux dans les laboratoires.
Alors que notre campagne sur la nage forcée se poursuit, nous découvrons un nouveau projet accepté par le ministère chargé de la Recherche, qui va soumettre 420 souris « à une douleur chronique pendant 9 semaines ou un stress chronique pendant 3 semaines avec dans les deux cas développement de troubles anxiodépressifs » traités par deux antidépresseurs dont le fonctionnement sera étudié grâce à des « tests anxiodépressifs d’une durée comprise entre 5 et 6 minutes ».
Cet euphémisme n’est pas isolé, puisqu’on le retrouve avec la mention de « tests comportementaux » sans plus de précisions dans un autre projet approuvé récemment, parmi d’autres. Une belle manière d’éviter de mentionner le test de nage forcée, dont c’est précisément la durée.
Mais nous ne pouvons pas oublier que l’expérimentation animale regorge d’autres pratiques tout aussi odieuses. Trois résumés de projets « sévères » approuvés et publiés en ligne le 13 juillet dernier ont retenu notre l’attention.
Stress in utero, infections bactériennes et douleurs chroniques
L’objectif du premier projet est d’étudier comment le stress in utero et l’infection bactérienne favorisent les maladies chroniques chez la descendance, pour trouver des pistes de traitement de ces maladies.
Pour cela, 840 souris enceintes seront mises dans un tube de contention sous une lumière vive (deux facteurs de stress) pendant trente minutes, trois fois par jour, pendant six jours. De cette manière, leurs petits auront des comportements anxieux et dépressifs.
L’équipe de recherche soumettra alors ces 2016 souriceaux à diverses expériences, de l’infection bactérienne par gavage à l’implantation d’électrodes, en passant par des prélèvements sanguins et des tests d’anxiété.
Les spécialistes de la douleur
Le deuxième projet répond à une demande d’entreprises pharmaceutiques qui veulent des modèles variés de douleur pour faire tester leurs molécules antalgiques.
Le laboratoire ayant déjà dix modèles pour dix formes de douleur, il veut ici en développer un onzième. Pour cela, le personnel du laboratoire va ligaturer le nerf sciatique ou le nerf spinal de 2428 rats, leur implanter des cellules cancéreuses dans le tibia, leur retirer une partie des cartilages du genou et leur injecter des agents inflammatoires sous les pieds.
Puis il va tester différentes substances, prélever du sang au niveau du cou, de la queue, des yeux ou du cœur jusqu’à trois fois par jour et immerger la patte concernée dans de l’eau à 42°C à plusieurs reprises pour tester la réaction douloureuse.
Des anti-douleurs… sauf quand ils interfèrent avec les résultats
Le troisième projet cherche à tester le potentiel anti-inflammatoire ou anti-douleur de diverses substances dans le cadre de pathologies inflammatoires du système intestinal.
Dans ce but, l’équipe de recherche va mettre à jeun 300 cochons d’Inde pendant vingt-quatre heures avant d’appliquer un réactif inflammatoire sur leur côlon, de les traiter de manière aiguë ou chronique avec les médicaments à tester, et d’observer l’évolution de l’inflammation en testant régulièrement la douleur pendant une à deux semaines.
Le résumé du projet précise qu’aucun traitement antalgique ou anti-inflammatoire ne sera donné aux animaux, qui seront simplement tués si la souffrance due à l’inflammation devient «intense».
Pour la fin des expériences sévères
Pour tous ces projets, les animaux seront tués à la fin des expériences – que ce soit pour récupérer et étudier leurs tissus et leurs organes, ou plus simplement parce qu’ils ne pourront pas être réutilisés dans d’autres expériences.
Ces pratiques, légales aujourd’hui en France, nous rappellent que le combat ne doit pas être mené que contre les non-conformités et autres mensonges des personnes qui veulent perpétuer l’expérimentation animale. Le changement culturel, politique et réglementaire est tout aussi important pour aboutir à l’interdiction de l’expérimentation animale.