le jeudi 22 août 2019 | 8

Rencontre avec la nation Lummi pour les orques du Sud

Rencontre avec la nation Lummi pour les orques du Sud

Mis à jour le 11 novembre 2020

Les îles San Juan, Orca, Lopez, étaient leur territoire depuis plus de 4500 ans quand les Européens sont arrivés. Ceux-ci ne leur ont laissé qu'un lopin de terre sur le continent, près d'un marécage. Ce peuple de natifs américains, très en contact avec la Nature, considérant les orques résidentes du Sud comme leurs frères et sœurs « qui vivent sous l'eau », constituent la nation Lummi. Ils nous ont invités à une cérémonie d'une rare profondeur.

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Nous les avons rencontrés peu après leur dépôt de plainte pour obtenir la libération de Lolita, leur sœur faite prisonnière en 1970 dans les eaux de la mer des Salish et détenue depuis au Miami Seaquarium. Ils réclament qu'elle leur soit rendue. Pour eux, cette capture constitue un vol de leur patrimoine, et plus encore. Nous leur avons fait part de notre inquiétude concernant Inouk, et leur avons raconté notre combat à la mémoire de Valentin et de Freya, décédés dans les bassins du Marineland français. Ils nous ont accueillis avec générosité et ont prononcé des mots pour eux pendant la cérémonie.

Frères et sœurs des orques

Coquillages versés d'une main à l'autre, en transe chamanique, Richard Salomon nous a relaté comment l'ancêtre de son peuple est allé sous l’eau, avec les orques, vêtu d'un habit noir et blanc, comme une orque. Il est parti vivre avec ses arrières-grands-parents orques. Un jour, il est revenu, a posé son " habit orque", est redevenu un humain parmi les autres. Il a alors demandé la permission à sa grand mère humaine s’il pouvait aller vivre avec eux. Elle a dit oui à la condition qu'il vienne lui apporter à manger chaque jour.

Alors chaque année, à la même période, le peuple Lummi lui rend visite, avec comme offrande un saumon royal sauvage, appelé Chinook, tout juste pêché à qui ils rendent la liberté.

Un profond honneur d'assister à cette cérémonie sacrée

Invités à assister à cette cérémonie traditionnelle et très émouvante en hommage aux orques résidentes du Sud récemment disparues, Scoter (K25), Nyssa (L84) et Princesse Angéline (J17) (la mère de Tahlequah, endeuillée, inconsolable de la mort de son bébé) nous avons pu voir combien la situation était dramatique. Nul saumon royal n'a pu être trouvé auprès des pêcheurs ce jour là. Aucune orque du Sud non plus. Et pour cause...

Scoter
Scoter
Princess Angeline
Princess Angeline

L'extinction du saumon royal entraîne celle des orques du Sud

Entre Seattle et Vancouver, au large d'Anacortes, la mer des Salish s'est au fil du temps vidée de ses poissons auparavant foisonnants. Les Lummi se battent également contre la construction d'un oléoduc voulu par le Canada. La zone maritime est déjà sillonnée de tankers, si polluants et bruyants... Nous en avons croisé tant pendant les quelques heures de la cérémonie qu'il était difficile de les compter. Ils seront sept fois plus nombreux une fois l'oléoduc en activité.  

Avec ces trois dernières morts - officialisées le 6 août 2019 par le Center for Whale Research - après un mois sans avoir été vues où que ce soit, les dernières orques résidentes du Sud passent de 76 à 73 individus. Leur survie ne tient plus qu'à un fil.  

La cérémonie a tout de même eu lieu, sans saumon ni orque. À deux pas de la plage où son peuple a vécu des milliers d'années, près d'un promontoire qui est un site funéraire sacré, entouré de la police Lummi, d'une équipe de documentaristes et de notre équipe, le chaman entonna les chants sacrés, ces appels et remerciements à la Nature accompagnés de danses, ici empruntées aux mouvements des crabes, pinces dressées vers le ciel. Un moment bouleversant face au courage de ce peuple qui refuse d’abandonner l’espoir pour celles qu’il considère comme sa famille. Pour sauver les orques, selon les Lummi comme pour nous, il est clair qu'il faut que l'humanité écoute son cœur et arrête de chercher le profit à tout prix.

Julia Mothé
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Commentaires 8

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Jocelyne | jeudi 22 août 2019

aidons-les

Karin erker | jeudi 22 août 2019

Stop die tierquäler und bestraft sie es ist furchtbar für die tiere

Touphane | jeudi 22 août 2019

Bonjour je soutiens votre association depuis des années à bientôt

trochu | jeudi 22 août 2019

C'est beau et émouvant et pourtant aucun gouvernement ne semble s'intéresser réellement et s'engager pour lutter entièrement en faveur de ces orques et de tous autres animaux voués à l'extinction si rien n'est fait. Pour tous les animaux exploités et emprisonnés, rendus esclaves par des humains et pour des humains. Que pouvons-nous faire afin de faire réagir et agir vite rien que déjà notre gouvernement ? Avec le réchauffement climatique, c'est la planète entière qui dépérit, qui se meure et avec elle un grand nombre d'animaux et ce n'est pas normal que rien ne soit fait et qu'un tel fléau n'entraîne pas davantage une prise de conscience de toutes les autorités concernées.