le jeudi 10 octobre 2019 | 23

Mina et Kamala, toujours aux prises des circassiens

Mina et Kamala, toujours aux prises des circassiens

Mis à jour le 07 mai 2020

Critiqué pour ses agissements avec la faune sauvage, le cirque Medrano a sorti le grand jeu cet été. À grand renfort de communication, il a ouvert les portes de sa base technique au public pour prouver combien « ses » animaux étaient heureux. De nombreux visiteurs se sont laissé séduire par son discours rodé. Et l’austère lieu de détention des éléphantes Mina et Kamala est apparu comme un lieu de villégiature idyllique pour certains. Mise au point.

Hr blog

C’est bien connu : « Plus c’est gros, plus ça passe ». Les propagandistes en tout genre l’ont compris depuis longtemps. Les circassiens exploitant des animaux sauvages dans les pires conditions ne font pas exception à la règle. Certains n’hésitent pas à clamer leur amour pour leurs « coéquipiers » à quatre pattes, leur volonté d’agir pour la sauvegarde des espèces et le respect des autres êtres vivants !… Le Cirque Medrano est de ceux-là. Appâtant le chaland à coup de sourires charmeurs et de beaux discours, il se targue d’être aux petits soins pour ses « pensionnaires » et de contribuer à un monde meilleur. 

Au paradis de la « jungle » camarguaise

C’est ainsi que l’été dernier, lors de sa traditionnelle pause annuelle, la troupe a décidé d’ouvrir les portes de sa base technique — située à Aimargues (30) — au public et aux médias. « Nous avons eu l'idée d'organiser des visites guidées pour que les gens satisfassent leur plaisir d'approcher des animaux, mais qu'aussi ils constatent qu'ils sont en bonne santé et heureux », se félicitait le directeur de l’établissement lors de l’une d’entre elles. Et ça marche ! De mai à septembre, petits et grands ont pu accéder à ce « Jungle Park » et son « arche » pour admirer des lamas, dromadaires, yaks, vaches ou poneys « en quasi-liberté » selon le référent du site, cité par Midi Libre. Le temps d’une heure savamment orchestrée, les touristes avaient également l’occasion de s’émouvoir des câlins d’une dompteuse à ses « gros bébés » de tigres et d’assister à l’une des « cinq douches quotidiennes » des éléphantes Mina et Kamala, les anciennes codétenues de Lechmee… Cette dernière, elle aussi capturée enfant au sein de sa famille libre en Asie, est enfin à la retraite après 40 ans d’esclavage, grâce à la pression que nous avons exercée sur le cirque. Mais l’établissement affirme aujourd’hui, sans rougir, avoir décidé de lui-même d’accorder du répit à la vieille dame… Car chez Medrano, « on aime les animaux ! »

Mina et Kamala en danger

Malheureusement, Mina et Kamala sont toujours soumises au travail forcé et aux acrobaties ridicules obtenues à coups de pique. Toutes deux cinquantenaires, elles ont pourtant assez sacrifié leurs vies aux caprices de leurs geôliers. Quand goûteront-elles la saveur d’une existence apaisée ? Pour le moment, il suffit de les observer pour mesurer leur immense détresse. Lorsqu’elles sont au repos, non sommées de parader dans les rues ou de hisser leurs corps meurtris sur des tabourets, elles sombrent dans la monotonie. Leurs bains d’eau boueuse ne donnent le change qu’à un public non averti. Leur réalité quotidienne est tout autre. Au sein d’un enclos dépourvu d’enrichissements, sans le moindre endroit pour se réfugier au calme, abreuvées ponctuellement avec un tuyau d’arrosage qu’elles aspirent comme une paille de secours, elles sont exposées aux regards, leurs propres yeux vides d’espoir. Tels des métronomes, scandant chaque seconde d’un balancement de trompe, elles n’ont rien d’autre à faire que suivre le tempo de leur mortel ennui.

Cirque hors-la-loi

En ouvrant sa ménagerie aux badauds, le cirque Medrano dit vouloir jouer la transparence, mais saupoudre en fait son commerce de paillettes. Pire, il agit en toute illégalité et met autant les humains que les animaux en danger. Comme nous en avons aussitôt informé la préfecture du Gard, l’exploitant ne dispose ni de l’autorisation nécessaire, ni des critères requis pour satisfaire aux obligations réglementaires des installations des établissements zoologiques présentant au public des individus sauvages. Concernant Mina et Kamala, elles sont maintenues à distance des enfants par un simple ruban électrique de faible intensité ! Qu’adviendra-t-il si l’une ou l’autre décide un jour de s’échapper ?

À la suite de nos alertes, la préfecture du Gard a fini par procéder à l’abrogation de son arrêté d’ouverture du cirque avant le début de la saison estivale. Hélas, en ce début d’automne, le spectacle itinérant a repris la route en direction de la Bretagne avec, cette fois, l’aval du préfet des Côtes-d’Armor. Nous venons lui enjoindre de dénoncer, à nouveau, les infractions de l’exploitant. Notre appel sera-t-il suivi d’une réponse ? Si ce n’est pas le cas, nous saisirons les tribunaux ! Quoi qu’il advienne, nous continuerons à nous battre pour que Mina et Kamala sortent au plus vite de cet enfer !

Marie-Sophie Bazin
Hr blog

Dans la thématique

Audience en appel à Rouen le 26 mars pour « Caresse de tigre », qui trafiquait des fauves avec Masson One Voice face au vétérinaire qui autorisa ce qui devait être la dernière exploitation de Micha : audience à Orléans ce 14 mars

Commentaires 23

En déposant un commentaire j'accepte la charte de modération des commentaires.

Penelope | samedi 12 octobre 2019

Tant qu'il n'y aura pas d'interdiction totale de détenir des animaux sauvages cela va encore durer longtemps.

Mumu | vendredi 11 octobre 2019

Bravo pour votre combat sans relâche. La vie de ces animaux captifs des circassiens sans conscience n'est qu'un long calvaire sans fin. Tant de souffrances, pourquoi ? Comment des préfets peuvent-ils accepter le cauchemar de ces animaux ? Comment des gens peuvent-ils encore amener leurs enfants se réjouir de leur martyr quotidien ?

Soph | vendredi 11 octobre 2019

Continuez à vous battre et courage. Elles doivent avoir une fin de vie heureuse.

MD58 | jeudi 10 octobre 2019

Nos politiques qui sont pourtant censés nous représenter et ne se privent pas de prononcer des discours moralisateurs tous azimuts font montre d'un silence assourdissant dans ce genre d'affaire ! Mais où sont-ils donc ?