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L’alternative éducative à Yulin

L’alternative éducative à Yulin

Mis à jour le 03 avril 2018

21 juin : la barbarie du Festival de la viande de chiens heurte chaque année nos consciences. One Voice soutient le combat des acteurs locaux afin que les mentalités bougent enfin.

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La Chine, qui représente 20 % de la population mondiale, est une énorme machine engloutissant ressources naturelles, animaux-produits et biotopes pour fonctionner. Ici, les besoins primaires prévalent et les considérations telles qu'accorder un peu d'humanité à des chiens sans statut apparaissent encore très secondaires. Rappelons qu'il y a peu, sous Mao, le parti central proscrivait la détention d'un animal de compagnie, car celui-ci était considéré comme un sous-produit d'une culture bourgeoise possédante et décadente. Là-bas, où le terme mandarin pour désigner un animal signifie simplement « objet mobile », le compagnon domestique est bien loin d'être digne d'une quelconque législation protectrice.

Aux racines, profondes, du mal

C'est dans ce contexte si défavorable qu'ACTAsia, association chinoise née il y a dix ans, travaille sur de multiples fronts pour faire avancer la cause animale. Depuis 2008 et ses enquêtes menées en Chine sur le commerce de la viande de chien et sur les zoos en Chine, One Voice est partenaire de cette association. Un soutien financier actif qui permet de sensibiliser créateurs de mode et consommateurs chinois à une éthique anti-fourrures, et grâce auquel des centaines de vétérinaires chinois sont formés au bien-être animal pour diffuser de nouvelles pratiques.

Avec One Voice, ACTAsia s'est bien sûr chaque année mobilisée pour exprimer sa colère, protester officiellement, attirer l'attention des médias sur les conditions d'organisation du festival de Yulin. Quelques animaux furent sauvés du massacre, hélas vite remplacés par d'autres, et de notables avancées ont été arrachées aux autorités locales. Mais la résilience des mentalités, l'hostilité déclarée envers ces gêneurs humanitaires et le poids des intérêts pécuniaires en jeu ont marqué les limites de la protestation événementielle. Aussi, parmi les différents sillons possibles pour irriguer les consciences, un autre se creuse, plus profond, plus long, stratégique.

Empathie et respect font école

L'idée au cœur de la lutte de terrain entreprise par One Voice et ACTAsia est que l'éducation, notamment des plus jeunes, permettra de semer et faire croître la compassion envers les animaux, les autres humains et l'environnement. Dès 2006, un ambitieux programme éducatif baptisé Caring for Life (« Prendre soin de la vie ») s'est élaboré, avec pour pierre angulaire la conviction que sur le long terme, apprendre à choyer un animal, à protéger les faibles, est la source d'une société plus harmonieuse.

D'abord projet-pilote, le programme Caring for Life est entré dans les écoles publiques chinoises en 2012, avec la bénédiction des autorités. Développé par des experts, il propose dix ou douze modules pédagogiques qui s'adaptent également dans le cadre de clubs associatifs ou communautaires, de camps d'été ; sa pédagogie informelle, participative et ludique, ravit les élèves. Le principe de l'essaimage, par la formation d'éducateurs, a stimulé le programme : Caring for Life est désormais suivi dans une centaine d'écoles des huit plus grandes villes chinoises. À Dalian, avec l'aval des autorités scolaires, il touche 20 % des élèves du primaire dans 21 écoles différentes.

Un succès de bon augure

En trois ans, Caring for Life a formé plus de 800 éducateurs et sensibilisé 35 000 enfants âgés de 5 à 8 ans au respect de la vie, quelle qu'elle soit. Le programme se déploie également dans les zones les plus rurales du pays, là où la cause animale, la perception même du concept de « sentience », sont écrasées par des conditions économiques et sociales très dures.

Partout, les apprentissages délivrés à travers Caring for Life ont fait ressortir des bénéfices notables parmi les enfants : sentiment de valorisation, amélioration du comportement en classe et des relations sociales, réduction de l'agressivité et du stress. Autant d'éléments clés pouvant prévenir des dérives comportementales en milieu défavorisé, et très certainement des graines semées pour un avenir différent, où le festival de Yulin ne sera plus toléré par la conscience collective.

Soutenons l'action de terrain

Le combat est de longue haleine, il passe certes par des pétitions, relayées auprès des autorités chinoises. En soutenant financièrement One Voice, vous pourrez également permettre, par la simple somme de 10 euros, d'équiper, de former et motiver un nouvel éducateur à diffuser un message d'humanité et d'avenir dans les salles de classe chinoises.

Légende photos : À Guizhou, Isobel Zhang, directrice nationale d'ACTAsia, présente le programme Caring for Life en milieu scolaire. L'espoir est en marche…

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