Réponse aux dresseurs du Marineland

Réponse aux dresseurs du Marineland

18.05.2017
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L’arrêté du 3 mai 2017, en plus d’imposer quelques mesures visant à rendre un peu moins pénible la privation de liberté imposée aux cétacés, a réservé une surprise de taille aux delphinariums : la fin de la reproduction des individus captifs – assortie d’une interdiction d’importation – et donc à terme, la fin de la captivité en France.

L’arrêté du 3 mai 2017, en plus d’imposer quelques mesures visant à rendre un peu moins pénible la privation de liberté imposée aux cétacés, a réservé une surprise de taille aux delphinariums : la fin de la reproduction des individus captifs – assortie d’une interdiction d’importation – et donc à terme, la fin de la captivité en France.

L’annonce a fait l’effet d’une bombe du côté des delphinariums, en particulier au Marineland d’Antibes. Et pour cause, elle sonne le glas, à moyen terme d’une industrie lucrative, particulièrement pour le fond de pension britannique
Arle Capital Partners, principal actionnaire de Parques Reunidos, multinationale aujourd’hui propriétaire du Marineland, qui affichait en 2014 un résultat net de 5,5 millions d’euros.
Dans une lettre ouverte en réaction au passage de l’arrêté les dresseurs du Marineland s’insurgent contre les accusations de maltraitance qui ne s’appuient selon eux, sur rien de scientifique.

Pourtant, de nombreuses études scientifiques attestent d’une évidence qui n’est plus contestée que par les delphinariums eux-mêmes : les dauphins nés ou vivant en captivité mènent une existence bien plus courte et plus morose que leurs congénères libres, bien en deçà de leurs besoins physiologiques, de leur organisation sociale complexe et de leurs aptitudes émotionnelles extraordinaires qui par bien des aspects, dépassent celles des humains. En plus de les renseigner sur leur environnement, leur sonar agit comme un décodeur des émotions qui leur donne accès à un monde sensoriel que nous n’imaginons même pas.

Dans leur lettre, les dresseurs jurent leur amour des dauphins mais le caractère cruel et douloureux de la captivité n’a pas grand-chose à voir avec le sentiment d’attachement réel que peuvent éprouver les dresseurs pour les dauphins captifs. Les dresseurs- pour la plupart-aiment certainement les dauphins. Les dresseurs repentis de cette industrie comme John Hargrove, ancien dresseur à Sea World et Marineland, apportent à ce sujet un témoignage éclairant et parlent d’un aveuglement, d’une forme de naïveté profonde qui les a conduits malgré tout l’amour qu’ils portaient aux dauphins, à se rendre complices de leur calvaire.

Mais si nous ne doutons pas de l’amour des dresseurs pour les dauphins, ils restent dans un rapport de domination et d’exploitation d’animaux qui n’ont pas choisi d’être là et dont les conditions de vie en bassins interdisent à leurs besoins et aptitudes naturels les plus élémentaires de s’exprimer, à savoir utiliser leur sonar pour appréhender le vaste monde qui les entoure, chasser en groupe, sonder jusqu’à 100 mètres de profondeur, parcourir une centaine de kilomètres par jour, surfer sur les vagues, choisir leurs partenaires parfois pour la vie…

Etrangement, de toutes ces privations, la seule qui semble insupportable aux yeux des dresseurs est celle-là même qui perpétue leur triste destin, génération après génération : la reproduction. Souvent obtenue par insémination artificielle, et/ou imposée à des dauphins qui ne se sont pas choisis ou encore par rapport incestueux. Combien de morts nés ? (l’orque Freya à Antibes a eu au moins 4 mort-nés). Combien d’infanticides ? (le jeune Aicko à Planète Sauvage ou encore la petite Aloa au Parc Astérix) Combien de petits arrachés à leur mère et de séparations, comme la dauphine Femke qui se laisse actuellement mourir de chagrin au parc Astérix depuis qu’on lui a enlevé son fils Ekinox, transféré dans un autre delphinarium ?

Les dresseurs d’Antibes prétendent que grâce aux delphinariums, les visiteurs apprennent à respecter le monde animal. Mais il n’ y a pas de respect dans la contrainte et dans la privation de liberté. Le message transmis par les delphinariums est qu’il est acceptable d’enfermer dans des bassins minuscules des animaux physiologiquement taillés pour parcourir le vaste océan. Des travaux récents démontrent une évidence déjà induite par le bon sens, à savoir que les spectacles d’animaux captifs amènent les enfants à chosifier ces derniers et ne leur permet pas de développer rapport respectueux et empathique au monde vivant.

Dans cette relation du dresseur à l’animal, même parée des meilleurs sentiments, il n’ y a pas de respect. L’animal reste soumis à la domination humaine.

Vous, dresseurs du Marineland, qui « vivez avec les dauphins et les orques au quotidien », vous ne partagez pas leur prison. Chaque jour, c’est de votre plein gré que vous entrez dans le bassin et chaque soir, contrairement aux dauphins, c’est en toute liberté que vous en sortez et rentrez chez vous, retrouver ceux que vous aimez, ceux que vous avez choisi. Vous qui savez à quel point la psychologie et les aptitudes émotionnelles des dauphins sont proches des nôtres, vous qui de toute évidence les aimez, ne pouvez-vous pas faire preuve de davantage d’empathie ? Echangeriez-vous votre place avec la leur ? Si la réponse est non, alors au lieu de nous combattre, aidez-nous à leur donner les clés d’une nouvelle vie.

Une vie où leurs instincts, leurs comportements physiologiques, leurs capacités cognitives et affectives extraordinaires seront libres de s’exprimer à nouveau. Des dauphins captifs ont déjà retrouvé la liberté, c’est possible. Pour monter de nouveaux programmes de réhabilitation de ces orques et dauphins à la vie sauvage, toutes les bonnes énergies seront nécessaires, la vôtre y aurait tout son sens. Comme vous le dites dans votre lettre, vous leur devez tout. Alors vous leur devez bien ça.

Que cette génération de dauphins captifs soit la dernière mais qu’elle ne soit pas pour autant une génération sacrifiée.

Nous protégeons ce que nous aimons.

Nous aimons ce que nous comprenons.

L’amour ne connaît pas de prison.

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