Les renards
Les renards roux (Vulpes vulpes) sont dotés d’une intelligence trop souvent ignorée !
Les renards roux (Vulpes vulpes) ont une extraordinaire capacité à s’adapter rapidement à des situations inédites et à trouver de nouvelles stratégies de survie, signes d’une intelligence trop souvent ignorée !
Le monde social des renards
Quand il y a peu à manger, le renard vit seul et ne forme un couple qu’en période de reproduction. Si le gibier est plus abondant, il vivra toute l’année en couple et si, comme en ville, la nourriture abonde en permanence, il formera des groupes sociaux plus importants, structurés comme des meutes, où seul le couple alpha se reproduit. Les autres femelles aident à l’élevage des petits et occupent un territoire voisin de celui du couple. Notons que tout le monde chasse seul, mais ramène la nourriture au terrier.
Il existe une organisation très stricte au sein de ces grupes sociaux. L’approche d’un alpha se fait presque en rampant. Le renard s’incline ou se tortille sur le dos aux pieds de son « chef » en reproduisant les gestes d’apaisement du chiot.
Cette hiérarchie se met en place dès que les petits sortent du terrier et se livrent à des jeux de combat assez violents. Les affrontements commencent néanmoins sous terre, autour des mamelles de la mère. Une fois les rôles sociaux bien établis, dès la huitième semaine, les combats se raréfient. Les renardeaux les plus forts ont un accès privilégié à la nourriture. Ils grandissent donc plus vite et renforcent encore leur avantage. Ils font aussi l’objet d’un toilettage social plus intense de la part des adultes. Leur intégration dans le groupe social est ainsi facilitée, y favorisant leur maintien à l’automne.
Les grands groupes sociaux sont composés de trois, quatre, voire dix adultes des deux sexes. Jusqu’à trois femelles peuvent avoir des portées mais, le plus souvent, une seule se reproduit. Les petits sont élevés séparément ou au sein d’une grande « crèche » commune. Pendant les premières semaines, leur mère reste la plupart de son temps avec eux sous terre. Le mâle apporte de la nourriture puis les grandes sœurs prennent le relais.
Parler renard
Généralement silencieux, le répertoire vocal des renards est néanmoins très riche. Ils peuvent émettre une trentaine d’appels différents. Leurs glapissements retentissent surtout lors de la saison des amours, lorsqu’ils s’appellent les uns les autres et joutent pour leur territoire. Même leurs jeux sont peu bruyants. Souvent, les appels de renard sont confondus avec ceux de la chouette hulotte. Le célèbre « cri de la renarde » (vixen call) peut aussi être émis par les mâles, dans des échanges sonores complexes.
Le panel des sons est varié : des cliquètements et gémissements organisent les rapports interindividuels. Les adultes avertissent les jeunes d’un danger par un aboiement brusque. Chaque renard semble porter une sorte de « carte d’identité vocale » qui lui permet d’être reconnu par ses congénères. La gestuelle est aussi importante dans la communication des renards. La position des oreilles, de la queue, du corps, et diverses expressions faciales, indiquent l’humeur de l’animal et ont même été comparées aux expressions des primates. Ainsi, l’apaisement se traduit par les oreilles rabattues en arrière, la gueule ouverte et les lèvres rétractées. Lors d’une dispute, l’animal voute son dos et tourne son arrière-train vers l’agresseur. Lorsqu’un renard rencontre un alpha, il le salut en agitant sa queue de gauche à droite.
La science de la chasse chez le renard
La détection des proies et leur capture nécessitent des sens affinés et des réflexes rapides. Généralement actif au crépuscule ou durant la nuit, le renard roux utilise surtout son audition qui lui permet de les localiser avec précision. Comme chez le chat, les rétines de ses yeuxsont tapissées de cellules qui réfléchissent la lumière et en double l’intensité, ce qui lui permet de distinguer ses proies même lorsque la luminosité est minimale. Le renard roux est également capable de bondir en modifiant l’angle de son décollage et en ajustant sa trajectoire au cours du saut. Il peut aussi varier la force de son impact à l’atterrissage. Le renard roux fait preuve d’une grande endurance. Il peut galoper sur plusieurs kilomètres et atteindre 60 km/h, tout en sautant des clôtures de deux mètres de haut, en grimpant sur les toits, ou en traversant les rivières à la nage.
Le renard a l’habitude de faire des réserves qu’il cache sous terre et revient visiter en cas de disette. Il est également connus pour employer de véritables ruses. Il est notamment capable de faire semblant d’être mort ou de se livrer à des ébats ludiques pour attirer une proie.
Les renards urbains
Depuis une quarantaine d’années, les renards se sont installés dans les villes européennes de manière spontanée et naturelle. Ils font aujourd’hui partie intégrante de la faune urbaine, notamment en Grande-Bretagne, en Suisse, en Belgique et même en Australie.
Le principal avantage de la vie en ville est l’abondance de la nourriture. Les renards ont élargi leur régime alimentaire pour consommer tout ce qui se trouve dans les poubelles. Ils s’y nourrissent aussi de fruits, d’insectes, de rongeurs et d’oiseaux. Malgré les doutes de certains, le renard ne représente pas de menace pour les animaux domestiques. Il ne cherche absolument pas le conflit dont il pourrait ressortir blessé.
La tentation de l’élevage
Pendant 51 ans, un chercheur russe a mené des expériences contestées dans le seul but dedomestiquer les renards. Aujourd’hui, à force d’une sélection cruelle, il est parvenu à ce qu’ils obéissent à des gestes basiques de l’homme comme le font les chiens et à des vocalises tendant vers l’aboiement. Mais dans ce projet fou, qui ne permet en aucun cas de tirer des conclusions pertinentes sur les processus de domestication, les 3000 renards finissent pour la plupart dans les fermes à fourrure.
RÉFÉRENCES:
The Red Fox (bioweb)
The Red Fox (Journal of Mammalogy)
Red Fox: The Catlike Canine, by J. David Henry (1996)
Fox Farm Experiment: hunting for behavioral genes, Kukekova & al. (2008)
Variation in fur farm and wild populations of the red fox, Zatoń-Dobrowolska (2016)
Le guide des mammifères de France et d’Europe, Barret, P. ; Macdonald, D. (1999)
Fox, M. W. (1970) : A Comparative Study of the Development of Facial Expressions in Canids; Wolf, Coyote and Foxes.
Behaviour, Vol. 36, No. 1/2, pp. 49-73