Appel à la fermeture mondiale des élevages de visons pour la fourrure à l’heure où le gouvernement néerlandais ordonne l’abattage des animaux et confirme que les fermes à fourrure peuvent servir de réservoir au COVID-19

Appel à la fermeture mondiale des élevages de visons pour la fourrure à l’heure où le gouvernement néerlandais ordonne l’abattage des animaux et confirme que les fermes à fourrure peuvent servir de réservoir au COVID-19

04.06.2020
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La Fur Free Alliance et One Voice exhortent les gouvernements à fermer les élevages de visons dans tous les pays.

Crédit photo: Ongehoord

Vannes (4 juin 2020) – Le gouvernement néerlandais a ordonné l’abattage de milliers de visons dans neuf élevages à partir de ce vendredi, à la suite des conseils d’une équipe d’experts vétérinaires en maladies infectieuses. Selon ces derniers, les élevages de visons pour la fourrure pourraient servir de réservoir au SRAS- COV-2, permettant au virus de rester en circulation pendant une longue période. 

Les députés néerlandais ont été informés de la décision du cabinet via une lettre envoyée hier soir par la ministre néerlandaise de l’Agriculture et le ministre de la Santé, du Bien-Être et des Sports. L’enquête de l’équipe néerlandaise de gestion des épidémies de zoonoses fait suite aux propos de la ministre néerlandaise de l’Agriculture qui, le 25 mai dernier, déclarait qu’il était « extrêmement probable » que deux ouvriers travaillant dans des fermes à fourrure aux Pays-Bas aient contracté la COVID-19 auprès de visons infectés par le SRAS-CoV-2.

En réponse aux conclusions du gouvernement néerlandais, la Fur Free Alliance demande la fermeture mondiale des élevages de visons en tant qu’ils sont des réservoirs potentiels pour la COVID-19 et d’autres nouvelles maladies zoonotiques infectieuses.

Les élevages de visons ont été interdits aux Pays-Bas en 2013 avec une échéance pour leur élimination complète d’ici 2024. Ce pays a exploité environ 4,5 millions de visons en 2018. La Fur Free Alliance soutient l’appel des associations animalistes néerlandaises à la fermeture des quelque 128 fermes à fourrure présentes sur le territoire – fermeture qui doit encore être accélérée compte tenu des risques de COVID-19.

Joh Vinding, président de la Fur Free Alliance, déclare :

«Les fermes à fourrure détiennent généralement des milliers de visons dans des rangées de cages, dans des conditions d’insalubrité, de surpeuplement et de stress qui ne sont pas différentes de celles des marchés de la faune actuellement au centre des préoccupations internationales. En plus d’être intrinsèquement cruels, ces élevages, et particulièrement les élevages de visons, sont des vecteurs potentiels de propagation des zoonoses en tant qu’ils sont de véritables réservoirs à coronavirus, favorisant l’incubation d’agents pathogènes transmissibles aux humains. Le monde n’a d’autre choix que d’ouvrir les yeux sur les problèmes posés par ces élevages. Le gouvernement néerlandais et tous les pays producteurs de fourrure comme le Danemark, la Pologne, la France, l’Italie, la Chine, la Finlande, l’Espagne et les États-Unis doivent s’engager à mettre fin à cette pratique inhumaine et à protéger la santé publique»

Le SRAS-CoV-2 a été identifié pour la première fois dans deux élevages de visons aux Pays-Bas le 26 avril, puis dans deux autres élevages de visons du Brabant-Septentrional le 9 mai. Le 15 mai, le SARS-CoV-2 avait également été diagnostiqué chez trois chats vivant dans une ferme à visons. Le 19 mai, la ministre néerlandaise de l’Agriculture, Carola Schouten, a déclaré aux députés que les infections de visons à humains étaient probables. Lorsqu’un deuxième ouvrier agricole a contracté la COVID-19, la ministre a confirmé le 25 mai que la transmission de la maladie des visons aux humains était désormais “extrêmement probable”.

La lettre des ministres au Parlement néerlandais stipule qu’on s’attend à ce que davantage d’infections soient détectées dans les prochaines semaines et qu’à mesure que les taux d’infection d’humains à humains diminuent, les infections de visons à humains pourraient augmenter l’incidence du SRAS-CoV-2 chez l’humain. À l’heure actuelle, tous les élevages de fourrure aux Pays-Bas sont soumis à un contrôle obligatoire et des mesures ont été mises en place, dont des restrictions concernant à la fois les visiteurs des élevages et le transport des visons.

Les exploitations non infectées devront continuer d’obéir aux mesures actuellement en vigueur et soumettre chaque semaine les carcasses des animaux décédés « naturellement ». La lettre des ministres précise que le cabinet néerlandais examine la possibilité et la manière d’aider les fermes à fourrure afin qu’elles mettent volontairement fin à leurs activités avant l’échéance de 2024.

La Fur Free Alliance et One Voice sont profondément préoccupées par le bien-être des visons qui contractent ce virus potentiellement mortel. Les recherches menées dans les élevages des Pays-Bas ont montré que les symptômes peuvent entraîner des problèmes « digestifs et respiratoires » et s’avérer mortels pour les animaux. Les visons sont également susceptibles de contracter le virus sans présenter de symptômes. Par conséquent, en plus d’appeler à une interdiction complète des élevages de fourrure, les associations demandent également au gouvernement français de prendre des mesures immédiates pour enquêter sur la propagation potentielle de la maladie au sein des élevages en France, dont des tests obligatoires dans toutes les fermes à visons avec publication des résultats dès que possible, ainsi que l’application des mesures déjà prises aux Pays-Bas, à savoir l’interdiction de tout déplacement de visons, y compris les importations et exportations internationales, la restriction des visites dans les exploitations et l’utilisation d’équipements de protection individuelle (EPI) pour l’ensemble du personnel et des visiteurs.

Elevages de visons et chronologie COVID-19 :

  • 26 avril : SARS-CoV-2 est identifié dans deux élevages de visons aux Pays-Bas.
  • 9 mai : SARS-CoV-2 est trouvé dans deux autres élevages de visons du Brabant-Septentrional ainsi que dans des particules de poussière des étables où ils sont détenus.
  • 20 mai : la ministre néerlandaise de l’Agriculture, Carola Schouten, informe les députés de la probabilité qu’un vison infecté par le SRAS-CoV-2 ait transmis le virus à un ouvrier.
  • 3 juin : les ministres néerlandais publient un rapport final confirmant l’abattage des animaux des exploitations infectées, une mesure prise « dans l’intérêt de la santé publique et animale ».

On sait que les principales autres espèces élevées pour la fourrure (les renards et les chiens viverrins) sont infectées par des virus liés au SRAS-CoV et qu’elles sont de potentiels hôtes intermédiaires pour la transmission de ces virus aux humains. On a constaté que les chiens viverrins et les renards vendus sur les marchés humides chinois étaient infectés par le SRAS-CoV.

L’élevage d’animaux pour la fourrure est interdit au Royaume-Uni depuis 2003. Il est prohibé et/ou en cours de suppression dans les pays européens suivants : Autriche, Belgique, Bosnie-Herzégovine, République tchèque, Croatie, Macédoine, Pays-Bas, Norvège, Luxembourg, Serbie, Slovaquie et Slovénie. Le gouvernement irlandais s’est plus récemment engagé à y mettre fin. La Bulgarie, la Lituanie, le Monténégro et l’Ukraine envisagent également de l’interdire. Aux États-Unis, la Californie est devenue en 2019 le premier État américain à bannir la vente de fourrure à la suite d’interdictions similaires dans des villes comme Los Angeles, San Francisco, Berkeley et West Hollywood. En 2020, des législateurs de Hawaï et du Rhode Island ont proposé d’interdire la vente de fourrure à l’instar de certaines villes du Minnesota et du Massachusetts.

L’élevage d’animaux pour la fourrure est cependant toujours autorisé dans d’autres pays. La Chine, le Danemark, la Finlande et la Pologne sont les plus gros producteurs. Dans le monde, environ 100 millions d’animaux sont tués chaque année pour leur fourrure.

Les derniers chiffres disponibles montrent qu’en 2018, environ 35 millions de visons ont été élevés pour la fourrure dans vingt et un pays européens dont le Danemark (17,6 millions), la Pologne (5 millions), les Pays-Bas (4,5 millions), la Finlande (1,85 million), la Grèce et la Lituanie (1,2 million chacune). Les chiffres pour la même période indiquent que 20,7 millions de ces animaux ont été élevés en Chine, 3,1 millions aux États-Unis et 1,7 million au Canada, ce qui porte leur total à environ 60,5 millions.

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