Ici l'océan se meurt, les orques du Sud avec lui

Ici l'océan se meurt, les orques du Sud avec lui

Peuples sauvages
13.08.2019
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Les orques résidentes du Sud meurent de faim dans de grandes souffrances. Nous sommes sur place pour les aider.

La fin d’un monde. Les orques résidentes du Sud n’ont pas été aperçues depuis des semaines au large de San Juan Island. La surpêche et les barrages les affament, il n’y a plus de poissons ou si peu dans cette mer qui autrefois était le berceau de centaines d’entre elles. C’est une espèce qui meurt, celle-là même qui a payé le prix fort à l’industrie de la captivité. Nous sommes sur place auprès de nos partenaires scientifiques, pour tenter de les sauver.

Nous sommes là face à un paysage magnifique. Le soleil étend ses rayons sur une façade rocheuse qui tombe dans la mer des Salish, à l’ouest de Seattle, à la limite nord des États-Unis. Ici l’Océan Pacifique entoure les îles San Juan, Lopez, Victoria et Orca. Et pourtant…

L’an dernier encore, les baleines à bosse ou de Minke partageaient ce territoire marin avec les phoques, les marsouins et les orques résidentes « du Sud ». Les orques transientes, elles, ne faisaient que passer à cette période, comme les oiseaux migrateurs le font également ailleurs.

Dans le ciel, des mouettes, bien entendu, mais aussi des guillemots et des macareux aux becs d’une couleur resplendissante, ainsi que les majestueux pygargues à tête blanche (l’ « aigle américain ») qui les surplombaient du haut des sapins au bord du littoral.

Le ciel est quasiment vide et la mer, plate.

Cette année a un goût amer. Ken Balcomb, que nous avons rejoint au Center for Whale Research (CWR) dont One Voice est membre, nous confirme ce que nous craignions: il n’y a plus de poissons. Pas suffisamment pour nourrir toute cette faune exceptionnelle en tout cas. Les orques du Sud ont besoin de plus de soixante kilos de poissons par jour. Par souci d’économie d’énergie, leur appétit se porte plus sur les grands, comme les saumons royaux. La surpêche empêche le renouvellement des espèces, les barrages installés en amont des grands fleuves empêchent les saumons de remonter le courant pour se reproduire à l’emplacement de leur naissance. Le peu qui y parviennent sont pêchés dans les lacs artificiels créés par ces barrages et n’atteignent jamais l’océan, où les orques du Sud meurent les unes après les autres. Saumons royaux, orques du Sud, tous meurent à petit feu.

La famille de Lolita, les pods J, K et L, comme on les nomme, sont décimés. Aucun petit viable n’a survécu depuis trois ans. Ni le bébé de Tahlequah, ni Scarlet… Dans le passé, elles avaient du temps pour dormir et jouer. À présent tout est centré sur la quête de nourriture, et le stress intense de la faim qui les tenaille.

C’est une tragédie qui se joue dans un silence assourdissant

Mais d’autres orques sont visibles et se portent, elles, très bien. Ce sont les orques « transientes ». Elles passent en mer des Salish tous les étés, et ne souffrent pas de la famine car elles se nourrissent de mammifères et non de poissons. Les touristes cherchant à voir des orques ne sont donc pas déçus… Et personne ne veut gâcher leur plaisir en leur parlant du drame invisible qu’est celui des orques du Sud. Pourtant, il est urgent que les gens sachent que, sur ce site naturellement merveilleux, comme pour les différents tigres (du Bengale, de Sumatra, de Bali, de Sibérie…), c’est un écosystème à part entière qui est rasé de la planète, comme le sont les grandes forêts primaires. Et cela, dans l’indifférence générale! Dans l’océan, c’est plus difficile à imaginer qu’avec des vues aériennes. Et une fois que le mal est fait, c’est irréversible.
 

Un travail de sensibilisation doit être mené en urgence sur cette disparition! One Voice a toute l’année passée mené campagne avec votre aide aux côtés du Center for Whale Research basé à San Juan Island pour faire rouvrir les barrages. Cet été, nous avons à nouveau rendu visite aux scientifiques qui travaillent sur place depuis plus de 40 ans. Nous avons également rencontré les natifs américains qui considèrent ces orques comme des membres de leur famille. Nous ne pouvons pas laisser les orques résidentes du Sud disparaître sans rien faire!

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