Le temps des sanctuaires marins

Le temps des sanctuaires marins

Delphinariums
05.02.2020
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Le public occidental se détourne peu à peu des spectacles de cétacés captifs. Les delphinariums devront soit livrer leurs derniers détenus à la Chine ou au Moyen-Orient, soit les confier à un sanctuaire.

Inexorablement, le temps des sanctuaires marins est en train d’advenir. Le public occidental se détourne peu à peu des spectacles de cétacés captifs et les delphinariums seront bientôt contraints au choix suivant : soit livrer leurs derniers détenus à la Chine ou au Moyen-Orient, soit les confier à un sanctuaire.

Certains de ces parcs ont d’ailleurs commencé leur mutation en multipliant les attractions alternatives aux exhibitions de dauphins, en acceptant la fin de la reproduction de leurs orques, ou en s’orientant vers des présentations prétendument «pédagogiques» qui ne trompent personne.

Pourtant, le futur est déjà là, bien réel !

En Islande, Little Grey et Little White, les deux femelles bélugas libérées du Changfeng Oceanworld à Shanghai, n’attendent que le printemps pour découvrir enfin l’eau glacée de la Baie de Klettsvik, aménagée pour elles par Sea Life Trust, leur propriétaire légal.

Au Canada, le Whale Sanctuary Project s’apprête quant à lui à ouvrir le premier de ses lieux de retraite en Nouvelle-Écosse.

Au cœur d’une baie fermée à l’abri des tempêtes, dont la surface excédera de plus de 300 fois celle d’un bassin de delphinarium, des orques et des bélugas anciennement prisonniers pourront bientôt retrouver l’océan, plonger dans les profondeurs et nager dans une eau vivante et naturelle. Plusieurs sites similaires sont également prévus en Colombie-Britannique et dans l’État de Washington.

Mais pour y garder qui ?

Jusqu’à présent, aucun parc marin américain ou canadien n’a jamais consenti à accorder la moindre retraite à ses détenus gorgés d’antibiotiques, de calmants et d’antidépresseurs. Tous sont morts à un âge précoce sur leur lieu de détention. « Il serait irresponsable de risquer la santé de ces magnifiques animaux en les déplaçant physiquement dans un environnement expérimental dangereux», ose affirmer SeaWorld, qui qualifie les sanctuaires du terme méprisant de « cages de mer».  

Lori Marino, la neurobiologiste qui pilote le Whale Sanctuary Project depuis 2011 aux côtés d’autres spécialistes et à qui l’on doit la première étude sur la conscience de soi chez le dauphin, reste pourtant confiante :

«Nous nous attendons à ce que SeaWorld et le Marineland de l’Ontario finissent par saisir tout l’avantage qu’il y a à collaborer avec nous. De plus en plus de gens refusent d’aller voir leurs spectacles d’animaux vivants. Il ne s’agit pas de faire fermer ces parcs mais de les aider à se reconvertir en renonçant aux cétacés.»

Le Dr Spong ne perd pas espoir, lui non plus.

Depuis des années, il élabore les plans d’une baie fermée pour l’orque Corky à Double Bay, sur l’île Hanson au Canada, en attendant que SeaWorld se décide enfin à la relâcher. 
Paul Spong est un cétologue qui a créé la station de recherche OrcaLab, non loin de Vancouver, afin d’y étudier la communauté des Orques Résidentes du Nord, à laquelle Corky a été enlevée. Âgée de 54 ans, elle est aujourd’hui l’orque captive la plus âgée au monde mais elle pourrait encore vivre jusqu’à 90 ans, voire au-delà. « Elle nagera à nouveau dans l’eau de l’océan et sa famille pourra venir lui rendre visite », assure le Dr Spong, qui ajoute : « Cela peut arriver et je suis convaincu que cela arrivera ».

Et en France ?

Pour l’instant, Parques Reunidos, qui possède notamment le Marineland d’Antibes, n’envisagerait pas d’autre solution pour ses orques que de les expédier à l’étranger. On sait que la société espagnole poursuit son expansion internationale grâce à un accord conclu avec Harves Century Group pour le développement de futurs parcs à thème en Chine et au Vietnam. Elle participe notamment à la construction d’un gigantesque delphinarium sur l’île chinoise de Hainan, qui aura bientôt besoin de nombreux orques orques, dauphins et bélugas pour meubler ses bassins. Et à ce stade, bien sûr, l’éthique n’a plus sa place, ni le souci du bien-être animal, ni moins encore l’idée d’un sanctuaire. Il n’y a plus là que la seule recherche du profit.

Mais Marineland devra l’entendre s’il veut direr et redevenir prospère : pour Wikie, Inouk, Keijo et Moana aussi, le temps des sanctuaires marins est bel et bien venu… Signez notre pétition pour sauver nos orques.

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