Palombes dans les Pyrénées : les oiseaux migrateurs encore en ligne de mire

Palombes dans les Pyrénées : les oiseaux migrateurs encore en ligne de mire

Chasse
20.02.2022
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La préfecture de l’Aude a publié un arrêté pour que les pigeons ramiers soient reconnus comme ESOD (ex-nuisibles). L'audience en référé a été fixée au 7 mars.

Les pigeons ramiers, ou palombes comme on les nomme poétiquement dans les Pyrénées, sont visés par les chasseurs. Une fois encore, ces derniers veulent pouvoir tuer des animaux en dehors de la saison de chasse officielle. Pour ce faire, leur but, avec l’assentiment de la préfecture de l’Aude, est de les faire reconnaître comme espèce susceptible d’occasionner des dommages (ESOD, ex-nuisibles). Les arguments sont toujours aussi fallacieux, les chasseurs voulant les abattre à leur retour d’Espagne sur le littoral, où ces migrateurs n’occasionnent par définition aucun dommage aux cultures.

Edit au 22 février 22h30

La préfecture a supprimé de son site la page avec l’arrêté préfectoral…
Nous l’avions téléchargé, vous pouvez le retrouver ici.

Edit au 03 mars 2022

L’audience a été fixée par le juge des référés
le 07/03/2022 à 14h30 au tribunal administratif de Montpellier.

Dans l’Aude, un arrêté préfectoral prévoit de classer les pigeons ramiers (Columba palumbus) comme ESOD (« espèce susceptible d’occasionner des dégâts ») du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022. Si ce texte venait à être adopté, ces oiseaux seraient alors, un peu plus, encore victimes des chasseurs et de leurs semblables. En effet, ils pourront être tués :

  • Sans formalité de la clôture de la chasse de cette espèce, c’est-à-dire du 20 février 2022 dans l’Aude, jusqu’au 31 mars 2022 ;
  • Sur autorisation préfectorale individuelle du 1er avril au 30 juin 2022.

Puisqu’il faut le rappeler, précisons-le : les pigeons ramiers sont des oiseaux migrateurs. La directive 2009/147/CE du Parlement européen et du Conseil du 30 novembre 2009 concernant la conservation des oiseaux sauvages dite «Oiseaux» interdit strictement toute chasse pendant leur période de reproduction, et leur période de migration prénuptiale.

La migration prénuptiale (trajet de retour depuis le sud vers les lieux de nidification plus au nord) des pigeons ramiers débute… mi-février. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle un arrêté ministériel (du 19 janvier 2009) impose une fermeture au 20 février dans tous les départements (après des exceptions locales entre le 11 et le 20 février).

La directive (disposition reprise dans le droit français afin d’autoriser le classement en «nuisible») permet des dérogations si :

  • Les pigeons ramiers sont répandus de façon significative dans le département ;
  • Leur présence porte atteinte à un intérêt protégé :
    • La santé et la sécurité publiques ;
    • La protection de la flore et de la faune ;
    • En prévention de dommages importants aux activités agricoles, forestières et aquacoles ;

Aucune solution alternative à la « destruction » n’est satisfaisante.

Mais où sont ces dérogations dans le projet d’arrêté ?

La consultation sur le projet d’arrêté ne précise pas en quoi ces conditions sont remplies.

Dans les faits, la chasse des pigeons ramiers au mois de mars, appelés « palombes » dans le Sud, est traditionnelle. Les chasseurs audois se postent principalement sur le littoral afin d’attendre le passage de ces oiseaux depuis des postes de tir surélevés. Cette zone, très majoritairement constituée de forêts, de garrigues et de vignes, n’est pas susceptible d’être affectée par les pigeons ramiers. Seules les cultures de protéagineux (pois, pois chiche), d’oléagineux (tournesol et colza) et de céréales (maïs, blé) sont sensibles et ne sont présentes qu’au nord-ouest du département.

Pour le lanceur d’alerte dans la région qui nous a demandé de l’aide, les autorités estimeraient à plus de mille le nombre de postes de tir occupés (certains jours de l’aube au crépuscule) lors de la migration de printemps : 20 à 30 000 oiseaux seraient « prélevés » par saison dont 5 000 environ sur la seule commune de Leucate.

Nous sommes devant ce qu’il convient d’appeler un détournement, un hold-up de cette sordide et lamentable réglementation des animaux dits « nuisibles », dans le seul et unique but que perdure cette pratique traditionnelle de la chasse aux palombes au mois de mars dans l’Aude. Mais que ne ferait-on pas, dans les préfectures, pour plaire à ceux qui prétendent protéger la nature à coups de fusil ?!

Edit au 3 mars 2022: nous avons retiré l’appel à participer à la consultation publique qui n’a plus d’objet à ce jour.

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