Les chevreuils de Saint-Avold : bienvenue en absurdie

Les chevreuils de Saint-Avold : bienvenue en absurdie

Chasse
24.01.2023
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Tuer vingt chevreuils, en réintroduire vingt à quelques mètres de là : à Saint-Avold, l’absurdité de la chasse atteint son paroxysme

Le préfet de la Moselle a autorisé, la même journée, la mise à mort de vingt chevreuils et l’introduction de vingt autres chevreuils quelques mètres plus loin. Bien loin de la prétendue « régulation », l’État perd la tête, les chasseurs se réjouissent et les animaux paient comme toujours le prix fort.

Mise à jour au 27 janvier 2023 à 9h15

Suite à la publication de notre article, la préfecture de la Moselle et l’ONF ont assuré qu’aucun chevreuil ne serait mis à mort pendant l’opération (France Bleu et Le Républicain Lorrain). Un engagement dont nous nous félicitons, qui n’explique cependant pas l’emploi du terme « prélèvement » plutôt que « capture ». Nouvelle illustration qu’en matière de chasse, les mots n’ont plus de sens. Et comme le dernier jour chassé dans cette partie de la forêt domaniale de St Avold était fixé au 21 janvier, les chevreuils relâchés auront un peu de répit … jusqu’à la saison prochaine.


Mise à jour au 25 janvier 2023 à 9h35

Le mot « prélèvement » signifie de manière générale en matière de chasse « mise à mort ». Si les préfets autorisent des « captures », alors ils utilisent le mot « capture ». Ici, l’arrêté qui autorise de fait la mise à mort de vingt chevreuils. On milite de notre côté pour que ces chevreuils soient déplacés, et non tués. Nous avons publié cet article pour alerter sur cette situation. Si la préfecture clarifie et indique que ces vingt « prélèvements » seront en réalité des captures, tant mieux. Elle aurait aussi pu l’indiquer dans l’arrêté : pourquoi avoir choisi le mot « prélèvement » et non « capture » ? Dans le doute, nous avons préféré agir, et si nous obtenons une clarification, alors cette action était justifiée.

La ville de Saint-Avold (Moselle) abrite le plus grand cimetière américain de la Seconde Guerre mondiale en Europe : un parc de 46 hectares, en grande partie boisé, pour le plus grand plaisir de quelques chevreuils qui y ont élu domicile et côtoient paisiblement les soldats tombés au combat.

Mais ces visiteurs ne sont pas les bienvenus : en mars 2022, le préfet de la Moselle autorisait la mise à mort de trente d’entre eux dans l’enceinte du cimetière. Ce n’était pas assez pour les décimer : le 17 janvier 2023, il a donc permis un nouveau massacre avec l’abattage de vingt chevreuils supplémentaires.

Pour compenser ces mises à mort, un arrêté a été signé le même jour pour en réintroduire vingt autres, sans doute issus d’élevages, dans la forêt domaniale de Saint-Avold. Cette forêt n’est séparée du cimetière que par une route qui à l’évidence n’arrêtera pas les brocards, les chevrettes et les faons. Qu’ils soient prévenus, cependant : s’ils la traversent, le préfet sautera sur l’occasion pour autoriser une poignée d’heureux élus à venir les abattre entre les pierres tombales.

Se plaindre des dégâts causés par les chevreuils, les faire tuer, puis réintroduire des chevreuils au même endroit : jusqu’où seront-ils prêts à aller dans l’absurde pour satisfaire l’instinct de mort de quelques-uns ?

Par ailleurs, faut-il rappeler au préfet de la Moselle que des alternatives à la mise à mort existent ? Ces animaux pourraient tout simplement être capturés puis relâchés dans la forêt, comme cela se fait ailleurs en France. Nul besoin de passer par la souffrance et la mort. Une énième preuve du désintérêt total des représentants de l’État pour la vie animale. Pour eux, tuer vingt individus et en réintroduire vingt autres quelques mètres plus loin, c’est comme n’en tuer aucun.

Contre ces absurdités, continuons d’exiger une réforme radicale de la chasse !

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