Pesticides : les sénateurs n'ont donc pas d'enfants?
En sa séance du 22 janvier 2015, le Sénat français a rejeté l'interdiction des pesticides néonicotinoïdes dans le cadre de l'examen de la loi sur la biodiversité.
En sa séance du 22 janvier 2015, le Sénat français a rejeté l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes dans le cadre de l’examen de la loi sur la biodiversité. Les effets désastreux de ces substances toxiques sur les populations d’insectes pollinisateurs comme sur la santé humaine sont pourtant bien connus et scientifiquement prouvés.
La décision du Sénat fait fi des conséquences dramatiques connues de l’usage des pesticides néonicotinoïdes. Les hommes et les femmes qui représentent les collectivités territoriales en cette Chambre haute, n’en ont tout simplement tenu aucun compte.
Leur décision est évidemment très française. Dans un pays où l’on tue les loups et les bouquetins pour protéger la filière ovine, où l’on déverse des tonnes de boues rouges dans une réserve marine protégée au large de Marseille et malgré le Barnum de la Conférence COP21, la sensibilité écologique n’est pas une caractéristique majeure de la classe politique.
Par ailleurs, comme le soulignait Stéphane Foucart dans son ouvrage
La Fabrique du mensonge. Comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger, l’industrie chimique est l’une des plus actives à soigner son image pour défendre ses intérêts. Face aux évidences scientifiques, elle se plaît à semer le doute et à imposer comme une vérité révélée, à grands coups de lobbying, ses études biaisées menées par des experts sous influence sur des échantillons non représentatifs.
L’industrie du pesticide est également l’une des plus polluantes. Les nouvelles molécules toxiques créées en laboratoire infiltrent tous les biotopes et s’accumulent tout au long de la chaîne alimentaire. Une étude récente nous apprend ainsi que
les orques d’Europe risquent de disparaître à cause du PCB. Ce pesticide a été interdit il y a plus de trente ans mais il affecte encore la reproduction des espèces. Combien de temps faudra-t-il pour que la dernière molécule de néonicotinoïde disparaisse de cette planète? Plusieurs milliers d’années?
Mais les sénateurs ne savent pas cela. Ils ne s’informent pas. Car s’ils mesuraient à sa juste échelle l’extrême dangerosité de ces produits chimiques, comment auraient-ils pu passer outre? Qu’ont-ils ressenti en leur âme et conscience quand ils ont voté « non »?
Ces gens-là n’ont-ils donc pas d’enfants ni de petits-enfants ? Ne s’inquiètent-ils pas des effets de l’acétamipride, de la clothianidine et des autres néonicotinoïdes sur le développement cérébral du fœtus? Ne prennent-ils pas conscience qu’ils nous précipitent vers un monde sans abeilles, sans bourdons, sans papillons, sans plus aucun insecte pollinisateur et donc sans nourriture?
Espèrent-ils pouvoir engager des travailleurs afin de féconder chaque fleur de chaque verger, de chaque potager, de chaque champ avec un petit pinceau frotté de pollen?
La démocratie implique que le corps politique se soucie du bien commun plutôt que de ses intérêts particuliers. Les sénateurs français viennent hélas de nous montrer le contraire.