Le cuir de veau un produit lucratif, polluant et issu de la souffrance animale
Le cuir de veau est vendu à prix d’or. Éclairage sur les contrevérités liées à ce sous-produit animal ni vert, ni anti-gaspillage, et issu de la souffrance.
Comme nous le dénonçons dans notre enquête sur l’abattoir Sobeval en Dordogne, les peaux de veaux français sont transformées en un cuir vendu à prix d’or, sur le dos de ces êtres sentients. Mais cette matière issue de la souffrance animale est relativement méconnue. Les industries agro-alimentaires et du luxe entretiennent d’ailleurs sinon un flou sur son origine, du moins n’insistent que sur les qualités du produit fini. Or, le cuir n’est pas un produit écologique. Il n’est ni vert, ni anti-gaspillage. Et les veaux, dans tout cela, ne sont considérés que comme des pré-matières premières à forte plus-value. Pourtant, des alternatives de grande qualité existent. Nous appelons les marques de luxe à se tourner vers celles-ci.
Le cuir, un produit vert ?
Comme la fourrure, le cuir n’a rien d’un produit écologique. C’est une peau, qui se désagrège avec le temps. Or, pour devenir imputrescible, elle doit subir de nombreuses transformations, toutes aussi polluantes les unes que les autres.
On estime à 1,4 milliard le nombre total d’animaux tués pour leur peau chaque année dans le monde, qu’ils soient issus d’élevages ou de captures. Cependant, l’industrie du cuir reste opaque et la traçabilité difficile à faire au vu de la réglementation quasi inexistante sur les échanges.
Pour transformer une peau brute en cuir, quelle que soit l’espèce animale, les poils, la chair et les glandes sébacées des animaux sont éliminés lors du processus de tannerie, par des moyens mécaniques et chimiques. Acides tanniques, chrome, alun… Des sulfures sont utilisés pour décomposer les poils, les chlorures pour le décapage et la conservation… Les peaux sont teintes avec de l’acide tannique et autres substances chimiques empêchant leur pourriture et les rendant résistantes à l’eau. L’utilisation de sels de chromate dans le processus de stabilisation est particulièrement préoccupante… « La tannerie est une industrie à fort potentiel de pollution », comme l’a reconnu la Commission Européenne en 2003. C’est même l’une des cinq industries les plus polluantes au monde.
Tout est bon dans le… veau ? Faux-semblants et contrevérités autour de ce cuir de luxe
D’aucuns pensent que le cuir est un produit anti-gaspillage qui serait perdu s’il n’était pas « valorisé » en parallèle de la viande, notamment de bœuf. À tort. C’est le message répandu par les lobbies de la viande et du cuir qui marchent main dans la main. Mais qu’est-ce qui est le dérivé « anti-gaspillage » de quoi ? L’industrie de l’agriculture intensive fait aussi naître des veaux, indispensables à la production de lait et autres dérivés.
Quand d’un côté des litres et des litres de lait de vache sont bradés par les supermarchés pour étancher la soif de familles bercées par les refrains du lobby des produits laitiers, les peaux de ces petits, elles, s’arrachent à prix d’or par les marques de luxe et augmentent les profits de manière considérable. Une surenchère écœurante.
Que cherche-t-on à nous faire « avaler » ? Non, ce n’est pas un produit anti-gaspillage, mais bien un produit hautement lucratif.
Les matériaux végétaux pour remplacer le cuir !
En France, selon le conseil national du cuir, le secteur recouvre 12800 entreprises, de l’élevage à la distribution des produits finis, des centaines de milliers d’emplois, générant plus de 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires (dont 13 milliards à l’export). Notre pays est l’un des leaders des cuirs de veau et de peaux exotiques. Quand on sait que le cheptel bovin français est le plus important d’Europe avec 19 millions d’animaux dont plus d’un quart sont des veaux, on blêmit : c’est tant de pollution engendrée par l’agriculture liée à leur alimentation (déforestation, utilisation d’eau…) et la méthanisation de la planète qui en découle… Tant de vies sacrifiées…
Génératrice d’autant de souffrances avant et sur les chaînes d’abattage que de profits, cette industrie serait bien inspirée de passer à une autre étape de son développement. Nous ne pouvons pas croire que les grandes marques du luxe vont cautionner plus longtemps ces atrocités. Car l’époque est dans l’attente urgente d’un autre modèle. De plus en plus de marques et de consommateurs se tournent vers les alternatives raffinées et aussi versatiles que le cuir. Dérivées des végétaux ou issues du recyclage, ces matières nécessitent peu de traitements et laissent les animaux indemnes. Elles sont donc bénéfiques pour la faune, la flore et notre existence sur terre à long terme.
Signez notre pétition pour fermer l’abattoir de veaux Sobeval, qui fournit des tanneries de l’industrie du luxe ! Nous appelons également les entreprises du luxe à s’orienter vers les alternatives au cuir.