Consultation publique sur les ESOD, mode d’emploi : comment s’opposer concrètement au projet d’arrêté ministériel
Du 15 juin au 6 juillet, les citoyens sont invités à donner leur avis sur le projet d’arrêté ministériel qui fixera pour trois ans quels animaux seront considérés comme « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD) et victimes d’une traque sans pitié tout au long de l’année. Une liste cruelle et sans aucun fondement – puisque lesdits dégâts sont déclaratifs et peu ou mal vérifiés – à laquelle nous vous aidons à vous opposer à nos côtés.
Mis à jour tous les trois ans, le texte fixant les périodes et les modalités de mise à mort des animaux classés ESOD doit en principe répondre à des exigences précises. Il devrait ainsi, soit protéger la santé et la sécurité publiques ou la flore et la faune, soit prévenir des dommages importants aux activités agricoles, forestières et aquacoles ou à toute autre forme de propriété. Ces prétextes, nous l’avons notamment vu en venant au secours des corbeaux et des corneilles du Jura, sont rarement avancés avec précision par les préfectures, qui semblent bien plus promptes à faire plaisir aux chasseurs qu’à être exigeantes sur la réalité des problèmes dont elles se font le relais… Heureusement, de nombreux arguments existent pour défendre ces animaux condamnés aveuglément contre ces volontés destructrices.
Sur la consultation publique, vous trouverez le projet d’arrêté, qui précise en annexe les animaux visés par les autorités dans chaque département. Juste en dessous du lien de téléchargement dudit texte, vous pourrez « Déposer votre commentaire ». Vous pouvez décider par exemple de ne vous exprimer que sur les animaux de votre département d’habitation, ce qui donnera plus de poids à votre participation.
Nous vous donnons ci-dessous des éléments pour exprimer votre opposition à ce classement. Bien sûr, nous considérons que tous les animaux ont une valeur intrinsèque qui ne devrait pas être mise en relation avec un quelconque intérêt pour les humains. Mais nous sommes obligés d’adapter notre argumentaire à la situation, au risque de ne pas être entendus. Attention : tout copier/coller ne sera pas pris en compte et il est donc essentiel que vous reformuliez les arguments que vous choisirez avec vos propres mots.
Des animaux nécessaires à la biodiversité
Non seulement les individus que les autorités veulent pourchasser ont une valeur intrinsèque, mais ils sont aussi intelligents et capables de ressentir la souffrance, en plus d’être indispensables à leur environnement, ce que le projet d’arrêté ne prend absolument pas en compte, choisissant d’oublier leur impact positif pourtant non négligeable.
En contribuant à la régulation du nombre de petits rongeurs, les renards nous rendent bien plus service qu’on pourrait le croire. Par leur simple présence, ils limitent les déplacements des souris et autres mulots, qui, en restant aux abords de leurs terriers, risquent moins de transmettre la maladie de Lyme aux humains. Mais les renards sont également bénéfiques aux cultures. En réduisant le nombre de campagnols, ils contiennent les dégâts causés dans les champs et par là même le recours aux pesticides, si néfastes aux écosystèmes.
Les corbeaux freux, les corneilles noires, les geais des chênes et les pies bavardes favorisent quant à eux la dispersion des graines dont ils se nourrissent et entretiennent la flore sauvage. Les geais des chênes et les pies bavardes jouent même un rôle central dans le renouvellement des forêts, en soutenant le développement des chênes et des pins, tandis que les corbeaux freux et les corneilles noires protègent les cultures de certains insectes destructeurs dont ils consomment les larves.
Des mesures inutiles, voire contre-productives
De nombreux scientifiques s’accordent à dire que les abattages massifs, que nous n’accepterons jamais quelles qu’en soient les raisons, n’aident en rien à protéger les intérêts humains.
On sait ainsi que le fait de tuer des renards en pensant se protéger de maladies transmissibles aux humains et aux animaux élevés pour être envoyés à l’abattoir est complètement illusoire. On peut citer le cas du Luxembourg, qui a retiré les renards des espèces chassables en 2015 et a vu le nombre de cas de contaminations d’échinococcose alvéolaire baisser de 40 % à 25 % selon le biologiste Frédéric Jiguet. Les belettes, les martres et les fouines n’ont pour leur part aucune chance de transmettre des maladies aux humains.
Très intelligents, les oiseaux classés ESOD, notamment les corbeaux freux, les corneilles noires et les étourneaux, sont capables de mettre en place des stratégies de reproduction ou d’émigration pour compenser les pertes d’individus qu’ils subissent. Autant dire que les seuls à tirer un quelconque bénéfice de leur mort, ce sont bien ceux qui prennent plaisir à les abattre à coups de fusil…
Avec nous, demandez le retrait de ces animaux de la liste des ESOD et la mise en place de vraies solutions alternatives pour protéger les exploitations agricoles et autres. Si vous n’arrivez pas à poster votre commentaire sur le site du ministère, comme nous l’ont rapporté plusieurs personnes, certainement à cause d’une surfréquentation de la page, nous vous recommandons de l’enregistrer pour le publier plus tard. Nous comptons sur vous !
Participer à la consultation publique
Concrètement
DE MANIÈRE GÉNÉRALE :
- les animaux sont des êtres sensibles et sentients ;
- l’impact positif de ces animaux, aussi bien pour les écosystèmes que pour l’activité humaine, n’est absolument pas pris en considération par le projet d’arrêté soumis à consultation ;
- il n’est pas démontré que la régulation des populations de ces espèces a un impact positif sur les intérêts protégés par le classement ESOD: au contraire, le bilan est négatif voire contre-productif ;
- des dégâts pourraient être évités en mettant en place de vraies solutions alternatives, comme combler les brèches laissées ouvertes dans les clôtures et poulaillers, ou combiner plusieurs méthodes d’effarouchement dans les champs ;
- les compilations de dégâts reposent sur un modèle biaisé uniquement déclaratif (les déclarations proviennent des agriculteurs et sont fréquemment collectées par les chasseurs et piégeurs) qui ne fait l’objet d’aucun contrôle de la part de l’État.
L’IMPACT POSITIF DE CES ESPÈCES :
Les renards et les petits mammifères carnivores :
- belettes, martres et fouines : elles contribuent à la régulation du nombre de petits rongeurs ravageurs des cultures – campagnols notamment – et devraient être considérées comme des alliées plutôt que des ennemies,
- Elles permettent d’endiguer la propagation de la maladie de Lyme : lorsqu’il y a des prédateurs, les petits rongeurs, qui sont des vecteurs de transmission de la maladie, se déplacent moins et restent à proximité de leurs terriers faisant ainsi baisser les risques de transmission de la maladie.
- les belettes, martres et fouines et la sécurité/santé publiques : belettes, martres et fouines ne présentent pas de risque pour la santé humaine puisque ces espèces sont insusceptibles de transmettre les maladies/bactéries qu’elles hébergent à l’être humain,
- les renards et la sécurité/santé publiques : les spécialistes de l’espèce qui se sont intéressés à la question des zoonoses s’accordent à dire que l’abattage des renards en raison des maladies qu’ils pourraient transmettre à l’humain et aux animaux d’élevage est injustifié sur le plan scientifique. En témoigne le cas du Luxembourg qui, à la suite du retrait des renards des espèces chassables en 2015, a vu le nombre de cas de contaminations d’échinococcose baisser considérablement de 40 % à 25 %, d’après le biologiste Frédéric Jiguet.
Enfin, il faut insister particulièrement sur le rôle de régulateur des petits rongeurs des renards car leur régime alimentaire est très majoritairement (voire quasi exclusivement dans certains cas) composé de campagnols dont des « pullulations » sont régulièrement observées. Épargner la vie des renards, c’est également éviter de lutter chimiquement dans les champs contre les campagnols.
Les oiseaux : les 4 corvidés et les étourneaux sansonnets :
La régulation des oiseaux classés ESOD est dépeinte par de nombreux scientifiques comme inutile voire contre-productive. Il est couramment admis que certaines espèces (notamment corbeaux freux, corneilles noires, étourneaux) compensent les pertes de population liées à la régulation par des stratégies de reproduction ou d’émigration.
- les corvidés : corbeaux freux, corneilles noires, geais des chênes et pies bavardes : le régime des corvidés est largement composé de graines. Ainsi, ils jouent un rôle fondamental dans la dispersion des graines pour la flore sauvage.
- les corbeaux freux et corneilles noires : ils jouent un rôle de « nettoyeur » des animaux morts (ou trop faibles ou malades pour survivre dans la nature) et ont également un rôle bénéfique sur les insectes destructeurs des cultures puisqu’ils en consomment les larves.
- geais des chênes et pies bavardes : ces deux espèces jouent un rôle clé dans le renouvellement naturel des forêts, puisqu’elles ont un impact sur la dissémination et le développement des chênes et des pins.