Bile d’ours : la barbarie au service de croyances
Ingrédient reconnu de la médecine traditionnelle chinoise, la bile d’ours est devenue un outil marketing de premier plan, surfant sur des croyances n’ayant aucun fondement scientifique.
Depuis toujours, la bile d’ours est utilisée dans la médecine traditionnelle chinoise. Elle est réputée pour « refroidir » les affections « chaudes » comme des inflammations, ainsi que pour dissoudre les calculs biliaires et les calculs rénaux. Son efficacité sur le plan médical pour soigner ces affections, et certaines maladies du foie, repose sur des fondements scientifiques.
De la croyance populaire au produit marketing
En revanche, la croyance populaire lui prête aussi des vertus aphrodisiaques qu’aucun scientifique ne cautionne. Censée posséder des propriétés qui accroîtraient les performances sexuelles des hommes dans le cadre d’une consommation régulière, la bile d’ours est devenue un produit très recherché, y compris par les restaurateurs qui la servent dans leurs établissements et, surtout, par les « marketeurs » qui en ont fait un outil marketing de premier ordre. Aujourd’hui, la bile d’ours est de plus en plus utilisée pour fabriquer des produits qui ne sont pas « traditionnels » ni essentiels comme des shampoings, des boissons, des sirops pour la toux, des crèmes contre les hémorroïdes, du dentifrice, des lotions dermatologiques, des infusions… Ce qu’ils ne disent pas, c’est que derrière ces produits, dit « miracle », sans efficacité prouvée, des êtres sensibles sont torturés et meurent du fait de la barbarie et de la cruauté des hommes.
Des alternatives reconnues scientifiquement
Il existe pourtant des substituts artificiels, ou végétaux, à la bile d’ours qui sont tout aussi efficaces et considérablement moins chers. Selon les conclusions d’une étude menée par Earthcare et l’Association chinoise de médecine et de philosophie, financée par l’International Fund for Animal Welfare, il existe pas moins de 54 remèdes connus à base de plantes capables de remplacer la bile d’ours dans ses différentes applications (rhubarbe, racine de pivoine, variété de gardénia, pervenche de Madagascar, etc.). Depuis 1954, les Japonais ont synthétisé chimiquement la bile pour dissoudre les calculs biliaires et dans le traitement d’une forme fatale de cirrhose. En tout, pas moins de 75 alternatives sont reconnues et utilisées par nombre de scientifiques.
Il existe pas moins de 54 remèdes connus à base de plantes capables de remplacer la bile d’ours dans ses différentes applications (rhubarbe, racine de pivoine, variété de gardénia, pervenche de Madagascar, etc.).
Extraction de la bile : la mort lente
Les procédés d’extraction de la bile sont plus ou moins archaïques. Quelle que soit la méthode, la mort est souvent l’unique issue.
Le prélèvement de la bile peut commencer dès l’âge d’un an ou dès que l’ourson a atteint le poids de 100 kg (réglementation chinoise). Habituellement, la traite de la bile s’effectue deux fois par jour, tous les jours, généralement avant le repas moment considéré comme le plus propice.
Deux techniques sont en usage. La première, la plus ancienne, consiste à introduire un cathéter permanent de 8 à 12 cm de long directement dans la vésicule biliaire. Plusieurs centimètres dépassent de l’abdomen pour permettre le pompage. Une variante consiste à installer une sonde et une pompe médicinale ultramoderne, technique qui provoque souffrances et mort lentes. Le vétérinaire, ou la personne, qui pratique l’opération sur l’animal drogué, partiellement endormi, perce l’abdomen à plusieurs reprises, sans stérilisation ni désinfection. Souvent, les ours meurent au bout du quatrième prélèvement. Dans tous les cas, les animaux ne survivent pas longtemps et partent pour la boucherie. La viande d’ours est en effet un met très recherché et rapporte encore plus d’argent que la bile.