Arturo, l’ours polaire
Après 31 ans d'une vie en cage, Arturo vient de s’éteindre au zoo de Mendoza. One Voice réclame l’interdiction de détenir des ours polaires dans les zoos.
Arturo vient de s’éteindre au zoo de Mendoza. Il a passé 31 ans de sa vie en cage à souffrir. One Voice réclame l’interdiction de détenir des ours polaires dans les zoos en France et partout dans le monde.
Etendu gueule ouverte sur le béton de sa cellule, les yeux clos, Arturo vient de rendre son dernier souffle. On aperçoit son corps sans vie au travers des barreaux. Ce sont là les dernières images que laissera « l’ours le plus triste au monde ».
Né aux Etats-Unis en 1985, Arturo fut transféré en 1993 au sinistre zoo de Mendoza, près de Buenos Aires, aujourd’hui temporairement fermé suite à la mort de trop nombreux animaux. Tant qu’il put partager son enclos avec une compagne, Arturo survécut au soleil d’Argentine et à ses canicules. Pendant 23 ans, il n’eut pourtant pour se rafraîchir qu’une flaque d’eau tiède de quelques centimètres de fond. Il n’eut pour jouer qu’une balle rouge et pour se déplacer que le périmètre d’un cachot. Mais au moins n’était-il pas seul. En 2012, son amie Pélusa succomba au cancer. Le fragile petit monde d’Arturo s’effondra d’un coup et il plongea dans une dépression dont il ne revint plus.
Tandis que l’ours luttait contre la chaleur en s’étalant de tout son long, que son état se détériorait sous le regard scandalisé du public international, une pétition d’un million cinq cent mille signatures réclamait le transfert d’Arturo au Canada. L’Assiniboine Park de Winnipeg était prêt à lui offrir l’asile. Une fois sur place, Arturo aurait pu découvrir la neige pour la première fois de sa vie et il n’aurait plus été seul.
Gustavo Pronotto, le directeur du zoo de Mendoza, resta pourtant sourd à la proposition du zoo canadien. Il affirma que son vieil ours ne supporterait pas le voyage et qu’il n’était guère habitué au froid… Le 3 juillet 2016, à l’âge de 31 ans, Arturo s’est éteint juste avant son euthanasie, le désespoir au cœur.
On le sait, tous les ours polaires souffrent en captivité. Tous présentent des troubles du comportement à des degrés divers, comme
Raspoutine au Marineland d’Antibes. Et tous, sans exception, doivent supporter des climats qui n’ont rien de polaire. Arturo fut sans doute le plus tragique symbole de leur détresse.
Mais pourquoi ? A quoi bon cette souffrance ? Le désespoir d’Arturo aura-t-il au moins servi à quelque chose ? Des visiteurs argentins se sont-ils mobilisés pour sauver l’Arctique après l’avoir vu dans sa cage ? Des ours polaires ont-ils vraiment été sauvés par son martyre interminable ? Non, bien sûr. Car l’unique façon d’aider les ours, c’est de commencer à respecter les engagements minimalistes de la COP21. C’est de cesser de construire des aéroports inutiles sur des zones humides. C’est de freiner de toute urgence le réchauffement climatique qui détruit l’habitat des ours aussi bien que le nôtre. Mais c’est aussi de garder à l’esprit que si l’ours polaire et le panda ont été choisis comme ambassadeurs de la faune menacée, plutôt que le
campagnol amphibie, c’est en raison de leur valeur spectaculaire et de l’impact positif d’une naissance d’ourson sur le chiffre d’affaires d’un zoo.
La captivité est une torture au long cours pour les ours blancs, en France, en Europe, au Chili, en Afrique du Sud, partout dans le monde. La Russie en capture par dizaines chaque année pour les vendre à des zoos chinois. Peu à peu, l’industrie des loisirs devient la principale menace qui pèse sur eux. C’est pourquoi la France doit montrer l’exemple et cesser d’exhiber ces créatures sauvages et magnifiques dans des parcs d’attractions. Puisse la mort tragique d’Arturo servir au moins à cela.