Alarme et larmes en Sologne
Un appel à l'aide venu de Sologne, où les dérives de la chasse pratiquée à grande échelle nourrissent la détresse de simples citoyens.
C’est un appel à l’aide, à la mobilisation, que nous avons reçu en provenance de la Sologne. Dans cette terre boisée, où se pratiquent les pires formes de chasse, les dérives d’une activité de « loisir » pratiquée à grande échelle par les riches propriétaires, nourrissent la détresse de simples citoyens, non-chasseurs. Témoignage…
Notre ami Solognot souhaite conserver l’anonymat, mais nous avons ressenti son fort besoin d’exprimer le malaise partagé par tant de Français que la chasse oppresse. Ici, certainement plus qu’ailleurs. À cheval sur trois départements (Cher, Loiret, Loir-et-Cher), la Sologne, c’est 500 000 hectares dont 70% classés en une des plus vastes zones Natura 2000 d’Europe. Depuis toujours, ce territoire peu urbanisé, empli de forêts et d’étangs, fait le bonheur des chasseurs, dont nombre viennent de Paris ou de l’étranger. Ici, non loin de Chambord et de ses chasses d’apparat, l’histoire a voué ces espaces naturels aux loisirs des possédants, et assis leur poids économique sur l’économie locale…
Appel à la résistance
Pour les riverains qui ne chassent pas, mais sont simplement désireux de profiter de leur environnement naturel, les bois, les pièces d’eau, ne se parcourent pas sans appréhension. Pleins de morgue, les chasseurs leur répètent : « C’est à vos risques et périls ». De fait, les bruits de tir sont constants dans chaque recoin de forêt, le climat de peur et d’insécurité est permanent. « Je connais une maîtresse d’école qui s’est trouvée confrontée à la cavalcade endiablée d’une chasse à courre lors d’une sortie scolaire en forêt. Elle ne renouvellera pas l’expérience au vu de la terreur qui a figé les enfants…».
Ici, les chasseurs sont chez eux. Le taux d’engrillagement, par rapport au reste de la France, est record: surtout constituée de forêts privées, la Sologne voit son territoire naturel de plus en plus cerné par des clôtures de toutes sortes qui le délimitent, le parcellisent. Près de 4 000 km linéaires, c’est énorme ! Pour les propriétaires, d’où qu’ils viennent, c’est tout bénéfice : défiscalisation (y compris sur la pose des clôtures), vente de droits de chasse dans des espaces clos, juteux ball-traps cynégétiques où les chasses sont autorisées à l’année, vente de la viande du gibier abattu à Rungis, vente de bois… Pour les autres, animaux humains et non-humains, c’est l’enfer.
Un terrible gâchis, mais l’impunité…
Le pire est qu’aux animaux déjà piégés par les clôtures ou des zones de nourrissages entretenus, on ajoute des animaux importés, sans grand contrôle, afin d’alimenter des tableaux de chasse plantureux. Toute la génétique et le comportement de la faune sont malmenés, avec ses conséquences paradoxales… « On voit au bord des routes des groupes de faisans relâchés pour la chasse. Accoutumés à l’humain, ils se regroupent et se laissent tirer sans même chercher à s’enfuir. Les sangliers, manœuvrant comme ils peuvent dans des couloirs de clôtures, débouchent fréquemment sur les routes. Les accidents créés justifieront bien sûr la nécessité de leur chasse…».
À la fin des continuités écologiques, qui bouleversent les déplacements des humains comme des animaux, s’ajoute une pollution visible, à deux pas de la Loire, du Cher, de la Sauldre : plombs, cartouches non ramassées, bouteilles d’alcool, charniers d’animaux, parfois entiers, retrouvés en décomposition au bord des chemins… Tout cela dans la plus parfaite impunité : les propriétaires terriens sont proches du pouvoir, qu’il soit local ou national.
Notre témoin nous dit son dégoût, son sentiment d’impuissance. Il souhaite mobiliser davantage de gens pour tenter de freiner cette chasse à outrance qui dévaste la Sologne. Toute personne désireuse de répondre à son appel, afin de protéger les animaux et la biodiversité, pourra contacter One Voice.
Et notre pétition pour réformer radicalement la chasse est aussi un moyen d’agir. Signez!