Urgence pour Femke : One Voice saisit les tribunaux
Femke, dauphin femelle détenue par le parc Astérix, est au plus mal depuis qu’on lui a retiré son fils. Pour tenter de l’aider, One Voice lance une procédure d’urgence.
Femke, dauphin femelle détenue par le parc Astérix, est au plus mal depuis qu’on lui a retiré son fils. Pour tenter de l’aider, One Voice lance une procédure d’urgence.
Femke a été capturée par l’industrie de la captivité au large de la Floride il y a près de 40 ans. Depuis 2008, elle est enfermée au parc Astérix. L’an dernier, Ekinox, son fils unique, a été envoyé dans un autre delphinarium. Depuis, elle ne cesse de dépérir.
Inquiète pour elle, One Voice a sollicité le Dr Pierre Gallego, vétérinaire spécialiste des mammifères marins. Il s’est rendu sur place et ses conclusions sont sans appel : outre de multiples lésions cutanées, le corps de Femke présente des symptômes alarmants dont un embonpoint excessif et des boursoufflures au niveau du ventre et du cou. Elle souffre probablement d’une atrophie musculaire, ce qui l’empêche de bouger correctement. Elle ne nage d’ailleurs que très peu et très lentement, se laissant plutôt flotter la plupart du temps. La façon dont elle prend ses virages laisse soupçonner également un problème de mobilité de la tête ou du rachis et elle a beaucoup de mal à plonger et à se maintenir sous l’eau. Elle reste régulièrement prostrée dans un coin du bassin, ce qui n’est pas un comportement normal et peut être un signe de souffrance ou de dépression.
Il conclut ainsi son observation :
«Il est de mon avis professionnel que l’état de santé physique et mental de Femke est extrêmement alarmant et nécessite une expertise vétérinaire spécialisée urgente. De plus, la situation dans laquelle Femke est maintenue en captivité n’est pas du tout adaptée.»
Devant cette situation alarmante, le 24 avril 2017, One Voice a adressé à la préfecture d’Amiens une demande d’expertise. Face à leur silence et au regard de l’urgence de la situation, One Voice a saisi le 15 mai 2017 les tribunaux en référé. Le récent arrêté qui officialise la fermeture à terme des delphinariums ne doit pas faire oublier les dauphins encore captifs. Et contrairement aux propos des delphinariums, l’absence de reproduction ne va pas nuire à leur bien-être. Rappelons que c’est la possibilité de présenter un comportement sexuel normal qui est important pour les dauphins, pas l’accès à la reproduction. Le Dr Gallego, à qui nous avons posé la question, nous l’a confirmé. En captivité les cétacés sont souvent sous contraception pour éviter toute consanguinité et c’est d’ailleurs bien souvent par insémination que sont provoquées les grossesses.
«La contraception n’a pas d’effet sur le comportement naturel des cétacés et ne les empêche aucunement d’avoir un comportement sexuel normal qui puisse remplir toutes les fonctions sociales nécessaires. Il est de mon avis professionnel en tant que vétérinaire expert en cétacés que la reproduction n’est aucunement un élément clé pour le bien-être des cétacés en captivité.»
Muriel Arnal, présidente de One Voice :
«La sage décision prise par la France est actuellement relayée dans le monde entier, de Sainte Lucie à la Turquie ou à l’Allemagne. Partout, nos homologues et partenaires dans le combat pour la fermeture des delphinariums saluent cet engagement courageux. Mais ce progrès immense, qui se veut prise de conscience, doit aussi bénéficier aux cétacés qui y souffrent le plus. Femke est de ceux-là. Sa situation est extrêmement préoccupante. Nous devons agir pour elle.»
Arielle Moreau, avocate des droits de l’animal et consultante pour One Voice :
«Il est des espèces animales pour lesquelles la captivité est une véritable sanction. C’est le cas pour les humains mais également pour les cétacés comme les orques et les dauphins. Ce ne sont pas des peluches ou des jouets mais des êtres dotés d’une grande sensibilité avec des besoins à la hauteur de leurs performances. Les priver de liberté par agrément n’est pas digne d’une société civilisée. Avec cet arrêté, la France renoue avec sa tradition de liberté et de pays des droits des personnes.»