Lors de la création de One Voice, il y aura bientôt 25 ans, le parrainage de l’association par Théodore Monod s’est imposé comme une évidence. Nul autre acteur de la pensée n’était alors aussi impliqué dans le combat pour la vie animale. Engagé pour l’abolition de la chasse, contre l’expérimentation animale, il a, après une longue correspondance avec Muriel Arnal, accepté de nous soutenir, de venir à nos rassemblements, de marcher contre la corrida, la fourrure, d’éclairer nos discours et notre présence.
Théodore Monod, décédé en novembre 2000, était une lumière, un esprit, de ceux irremplaçables qui manquent aujourd’hui, pour demander le respect de la vie sous toutes ses formes. Humaniste, homme de foi, Théodore Monod s’est engagé à nos côtés et nous ne pourrons oublier sa vivacité d’esprit qui a marqué son temps et notre chemin.
Né en 1902 à Rouen, Théodore était le fils de Dorina et Wilfred, issu d’une lignée de pasteurs protestants très militants, mais libéraux. Cela lui a permis de tracer sa propre voie d’engagement. C’est sur le terrain qu’il a décidé de vivre, d’expérimenter, de côtoyer humains, animaux, espaces du monde entier.
Dans sa jeunesse, il réside à Paris près du Jardin des Plantes, qu’il visite assidûment… À quinze ans, il crée une Société d’Histoire Naturelle et une revue, où il milite en argumentant que le port des plumes sur les chapeaux parisiens coûte la vie à des oiseaux exotiques. Quelle lucidité précoce ! Il fait le choix des sciences naturelles, entre à la Sorbonne, et va, en tant que boursier du Muséum d’histoire naturelle, découvrir l’Afrique, parcourir le Sahara, dont il devient un éminent spécialiste, car humaniste et naturaliste tout à la fois. Sous le Front Populaire, il initie, à Dakar, la création d’un Institut Français d’Afrique Noire, dont il sera secrétaire général, puis directeur, jusque dans les années 1960. Son engagement public contre les ressorts de la guerre d’Algérie lui coûtera sa place, sans l’empêcher d’être nommé à l’Académie des sciences, en 1963.
Zoologiste, ichtyologiste, botaniste, océanographe, explorateur du désert, écrivain… Théodore Monod est à lui seul un monument de travaux scientifiques, de foi et d’oppositions permanentes et non-violentes à l’arme nucléaire, la guerre, la pauvreté, au racisme, à la torture, à toutes les injustices et notamment la destruction de l’environnement ou toute forme de maltraitance animale.
Si un nom rime avec compassion, c’est bien le sien. « Alors que nous devrions mettre au service de l’animal les dons que nous avons reçus, du cœur ou de l’intelligence, le respecter, le protéger, le soigner, bref le considérer comme une créature de Dieu, que faisons-nous ? Ne sommes-nous pas trop souvent pour lui un ennemi cruel, un maître impitoyable ?