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L’expérimentation animale résiste encore au changement : le détail des chiffres de 2022

L’expérimentation animale résiste encore au changement : le détail des chiffres de 2022

Mis à jour le 23 janvier 2024

Le détail des chiffres de 2022 a été fourni sur demande à One Voice par le ministère de la Recherche. Alors que quelques rares usages continuent de diminuer, la situation des primates est très préoccupante, la production d’anticorps est en pleine expansion malgré les recommandations européennes, et les expérimentations sur le système nerveux (impliquant notamment des expériences de douleur chronique) utilisent trois fois plus d’animaux qu’en 2015.

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Chaque année, il nous faut demander le classeur complet des déclarations des laboratoires, bien mieux détaillé que « l’enquête statistique » publiée sur le site web du ministère. Et chaque année, nous y constatons la même chose : presque rien ne bouge.

La bonne nouvelle : des tests réglementaires en déclin

Si l’on peut trouver une bonne nouvelle avec ces chiffres, c’est le déclin continu d’un type d’utilisation particulièrement répandue (la vérification de « l’activité des lots ») dont le nombre a été divisé par trois entre 2015 et 2022. C’est que les alternatives pour cet usage se multiplient depuis au moins vingt ans. La réduction massive dans ce domaine a donc abouti à ce que les tests réglementaires soient diminués de moitié en sept ans, ce qui donne de l’espoir.

Pourtant, l’industrie a du mal à adopter ces méthodes de substitution, ce qui explique que près de 50 000 animaux en aient souffert en 2022. Et l’expérimentation animale ne se limite pas aux essais obligatoires, les nouvelles dans les autres domaines étant encore plus inquiétantes.

Lapins et souris n’en finissent pas de souffrir

Les lapins en sont les premières victimes. Sans surprise, ils continuent d’endurer des tests « pyrogènes », qui disparaissent très lentement malgré l’existence d’alternatives validées depuis 2005. Mais surtout, le nombre de lapins augmente en continu au fil des ans. En cause : l’instrumentalisation de leur corps comme des usines biologiques servant uniquement à produire des anticorps.

Quant aux souris, la méthode cruelle de l’ascite consiste à leur faire gonfler l’abdomen en y injectant des produits et à les tuer pour récupérer leurs anticorps. Dans l’Union européenne, la France est presque seule à faire cela. À vrai dire, le Centre européen de validation des méthodes alternatives (ECVAM) dénonce cette méthode depuis vingt-cinq ans du fait de l’existence d’autres solutions, et a de nouveau appelé à y mettre un terme en 2020. Mais cela n’a pas empêché la France d’augmenter à nouveau le nombre de ces utilisations en 2022, et de continuer ces dernières semaines à autoriser l’utilisation de dizaines de milliers de rongeurs, avec la vague mention d’un arrêt imaginé en 2030 !

Les souris sont également les principales concernées par l’augmentation sans précédent des expériences sur le système nerveux, qui consistent notamment à exposer les animaux à des douleurs chroniques parfois associées à des symptômes anxio-dépressifs. Malgré nos sollicitations, le ministère persiste à qualifier ces souffrances de « modérées ».

Des primates capturés en France ?

Toujours plus étrange, voire révoltant : vingt makis bruns (des lémuriens) utilisés dans une expérience « modérée » de « préservation des espèces » et notés « F0 » : ce sont, ou c’étaient, des primates libres. Le descriptif du projet, trouvé sur le site du Muséum national d’Histoire naturelle, parle des difficultés de cohabitation entre les agriculteurs et les singes à Mayotte. Mais il ne dit rien de ce qui a été fait aux individus capturés pour cette expérimentation…

One Voice poursuit son travail afin de comprendre comment une telle utilisation, théoriquement illégale, a eu lieu. Quant aux difficultés à vérifier les raisons avancées par les pouvoirs publics sur l’augmentation massive des chiffres en 2022, nous n’avons pas de réponse des services concernés.

En attendant, vous pouvez consulter notre site web spécialisé, que nous mettrons à jour dès que possible avec le détail des nouvelles données décrites ici.

Nicolas Marty
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Commentaires 11

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Monette | dimanche 11 février 2024

Épouvantable!☹️😭🙈
Pour qui nous prenons-nous ?
Logiquement, quand des méthodes alternatives existent, ces dernières devraient systématiquement être adoptées et mises en utilisation, SANS EXCEPTION !
Cela éviterait beaucoup de souffrance animale. Mais apparemment les chercheurs, les scientifiques, nos soi-disant "gérants", s'en foutent royalement ! INADMISSIBLE!

pouguy | vendredi 26 janvier 2024

Ce genre de cruauté fait partie des pires qu'il existe, mais malheureusement ça continuera, car ces gens n'ont aucun scrupule sur les animaux, et ne sont jamais punis.

marie-claude | vendredi 26 janvier 2024

Nous sommes toujours au temps primaire, la France est toujours en retard, il y a d'autres alternatives que de faire souffrir tous ces pauvres animaux.

Yvabra | vendredi 26 janvier 2024

Bravo et merci pour vos actions en faveur de ces pauvres martyrs, mais hélas la France reste un des pays où la souffrance animale n'émeut pas les autorités, d'où ces pratiques qui pourraient être abandonnées ! J'aimerais pouvoir un jour voir une avancée significative mais quand ? En attendant vos actions sont toujours un espoir dans ce but !