La National Link Coalition : une institution américaine pionnière dans la promotion du Lien
Aujourd’hui, il est de plus en plus souvent admis que la maltraitance animale est un indicateur potentiel d’un comportement agressif ou violent à l’égard des humains, et diverses initiatives font leur apparition dans le monde en faveur de mesures et de procédures qui tiennent compte de cette connaissance, en vue de prévenir l’escalade de la violence au sein des familles et de la société. La National Link Coalition, dont le siège est aux États-Unis, joue un rôle de pionnier dans la promotion du Lien sur le plan international. Cette coalition est dirigée par un comité de pilotage composé de spécialistes américains de la prévention de toutes les formes de violence domestique, et sa mission consiste à promouvoir des politiques et des pratiques pour améliorer la sécurité des personnes et des animaux. Des groupes de la National Link Coalition se sont formés dans 20 États américains. (8)
Il ne fait guère de doute que la maltraitance animale est souvent liée à d’autres formes de violence interpersonnelle. Cette découverte est maintenant solidement établie dans la littérature sur la violence domestique et la criminologie, que les coupables soient des étudiants, des délinquants, des criminels, des partenaires de femmes battues, ou des enfants (9).
La majeure partie des études antérieures reposaient sur des échantillons de commodité * et sur des données transversales. Or, dans une étude réalisée en 1999, Arluke et ses collègues ont comparé les antécédents judiciaires de 153 individus reconnus coupables de maltraitance animale avec ceux d’un groupe témoin de 153 individus n’ayant pas maltraité d’animaux, avec une correspondance sur la base des facteurs suivants : sexe, âge, statut socioéconomique et rue ou quartier (10). Les auteurs de maltraitance animale étaient au moins trois fois plus susceptibles d’avoir des antécédents judiciaires et au moins cinq fois plus susceptibles d’avoir commis un crime ou un délit violent.
Dans la première étude américaine portant sur la cruauté envers les animaux, basée sur un échantillon représentatif de la population nationale adulte, les chercheurs (11) ont analysé les données de l’enquête épidémiologique nationale 2001-2002 sur les problèmes liés à l’alcool (NESARC). Cette enquête portait sur 43 093 résidents âgés de 18 ans et plus, à l’exclusion des résidents d’institutions spécialisées, et une comparaison a été faite entre les individus qui déclaraient avoir maltraité des animaux et ceux qui n’en avaient jamais maltraités, concernant 31 comportements antisociaux différents. Les individus ayant reconnu avoir maltraité des animaux étaient significativement plus susceptibles que les autres d’avoir manifesté tous ces comportements antisociaux. Les Liens les plus forts entre comportement antisocial et cruauté envers les animaux ont été observés chez les individus coupables de vols ou d’agressions, d’incendie criminel, de harcèlement ou de menaces.
Cette étude indique aussi un Lien significatif entre la cruauté envers les animaux et un certain nombre de troubles psychiatriques comme les troubles liés à la consommation d’alcool, le jeu pathologique, les troubles du comportement, les troubles de personnalité antisociale et plusieurs autres troubles de la personnalité (trouble obsessionnel compulsif, trouble paranoïde et trouble de la personnalité histrionique*). Ces Liens ont été observés même après avoir tenu compte d’un certain nombre de variables socio-démographiques pertinentes :
- l’âge,
- le sexe,
- les origines ethniques,
- le niveau d’éducation,
- les revenus,
- la situation de famille,
- la région et le lieu de résidence, en zone urbaine ou rurale.
Dans une étude réalisée en 2009 et portant sur 860 étudiants de premier cycle, DeGue et DeLillo ont constaté que 60 % des étudiants ayant été témoins ou acteurs d’actes de cruauté sur des animaux au cours de leur enfance ont aussi été victimes de maltraitance ou témoins de violences conjugales chez leurs parents (12). Ceux qui ont été directement maltraités ou négligés présentent la plus forte probabilité de maltraiter des animaux. Ceux qui ont été témoins d’actes de maltraitance animale sont huit fois plus susceptibles d’avoir maltraité des animaux, et 30 % de ceux qui ont été exposés à des violences domestiques ont aussi vécu l’expérience de la maltraitance animale. Cependant, seulement 30 % environ de ceux qui ont connu la violence familiale ont aussi connu la maltraitance animale.
Commentaires 3
Gretchen | samedi 26 janvier 2019
Marie-Paule | jeudi 24 janvier 2019
Karine et Philippe | jeudi 24 janvier 2019