le mercredi 10 octobre 2018 | 22

Les chiens de chasse souffrent aussi !

Les chiens de chasse souffrent aussi !

Mis à jour le 19 novembre 2018

Non, les chiens de chasse ne sont pas toujours heureux ! Contrairement aux idées reçues, nombre d’entre eux ne reçoivent aucune considération et ne se défoulent les pattes que très rarement. Certains vivent même dans des conditions infernales. Retour d’enquête en Dordogne sur des cas de maltraitances avérés.

Hr blog

Quand on parle des dégâts de la chasse, on oublie souvent la cause des chiens. On les imagine heureux, satisfaisant leur instinct de prédation et leur besoin de se dépenser pour lesquels ils ont été sélectionnés. Mais pour certains, ces moments sont rares et leur quotidien n’a rien à voir avec l’imagerie d’Epinal. Il ressemble plutôt à un calvaire.

Un site sous surveillance depuis 2011

Depuis 2011, nos enquêteurs surveillent notamment de près un site très suspect en Dordogne. A l’époque, ils y avaient découvert des chiens vivants dans ce qui pourrait s’apparenter à un terrain vague, extrêmement ombragé, où différents matériaux et objets étaient entreposés… dont des tonneaux et carcasses de voitures faisant office de niches ! Ainsi, le propriétaire détenait ses animaux non à son domicile, mais dans son terrain de chasse, en pleine forêt, à l’abri des regards, sans aucune adresse précise. Nulle trace de nourriture à l’horizon, juste des gamelles d’eau croupie. Hormis quelques chiens évoluant dans en enclos, la plupart d’entre eux étaient attachés quasiment en permanence avec des chaînes autour du cou ! Le métal déteignait même sur leurs poils en raison du frottement permanent. Certains disposaient de niches en bois sommaires, mais dont on pouvait douter de l’étanchéité. En cas de pluie, seul un bâtiment bétonné était susceptible de servir d’abri digne de ce nom. Problème : il n’était conçu pour accueillir que deux chiens à la fois ! Pour les autres, qu’il neige ou qu’il vente, aucun refuge, aucune litière sèche… Juste la terre battue et boueuse ! Leurs conditions de séquestration étaient tellement insalubres que certains présentaient des pathologies inquiétantes. Face à ces constats alarmants, nous nous étions empressés d’effectuer un signalement auprès de la Direction départementale de la protection des populations de Dordogne. Les autorités s’étaient engagées à agir rapidement elles-mêmes.

Rien n’a changé !

Comment fermer les yeux sur ces cas de maltraitance animale évidents ?! Aussi rustiques soient les chiens de chasse, ils ont besoin, comme les autres, au minimum d’un toit, d’attentions et de mouvements ! Or, lors de notre dernière visite du site en septembre de cette année, les malheureux animaux enduraient toujours le même calvaire. Seule différence notable : leur effectif a grandement diminué. Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une vingtaine. Où sont donc passés les autres ? Nous espérons que ce ne sont pas les maladies qui les ont emportés ! Certes, ceux que nous avons vus semblaient cette fois dans un état physique « acceptable ». En revanche, leur détresse morale est toujours aussi flagrante. Repliés sur eux-mêmes, complètement délaissés, ils ont perdu l’habitude du contact avec les humains. A notre approche, certains le recherchaient encore, désespérément, comme un ultime appel à l’aide. Mais d’autres, définitivement apeurés, préféraient s’écarter. Nos enquêteurs ont même observé une pauvre femelle, les tétines très pendantes laissant supposer une portée récente. Les chiots ? Disparus. Nous supposons donc qu’elle est utilisée à des fins de reproduction. Mais quid de la déclaration d’activité d’élevage, en ce cas ? 

Nous portons plainte

Toutes les voix méritent d’être entendues. Y compris celles des chiens de chasse, délaissés et remisés au « placard » - similaire ici à une déchetterie - entre deux sorties ! La relation des chasseurs aux animaux est parfois tellement pervertie qu’ils considèrent leurs coéquipiers à 4 pattes uniquement d’un point de vue utilitaire. Et encore… Car de certains objets, les fusils par exemple, ils prennent souvent plus de soins… C’en est trop ! Nous déposons plainte.

Marie-Sophie Bazin
Hr blog

Dans la thématique

Clap de fin pour les chasses traditionnelles ? Audience le 4 avril au Conseil d’État ! Putois et surmulot tués par des pièges : audience le 2 avril à Lorient !

Commentaires 22

En déposant un commentaire j'accepte la charte de modération des commentaires.

lysiane | mardi 26 novembre 2019

Pour moi les chasseurs sont des barbares, ce témoignage me conforte dans mon opinion !

Jackie | vendredi 22 novembre 2019

Une honte ! Pourquoi ça n'a pas bougé plus tôt ?
Il a le bras long ce monsieur ?

gilberte | jeudi 21 novembre 2019

Quelle honte de voir ces personnes ! Tout ce qui compte est de tuer. Ils se fichent bien de leurs chiens.

Animalou | mardi 16 octobre 2018

Les chasseurs sont protégés par le gouvernement et quel qu'il soit donc c'est sans fin pour nos amis. A quand un président pour la cause animale, mais celui là ne sera jamais élu car gênant et n'aura pas les voix des chasseurs, et ils se disent aimer la nature !Les animaux sauvages sont chez eux, ceux sont nous les intrus encore une fois ! Ils étaient là avant nous sur cette planète mais l'humain détruit tout ce qu'il touche pour la réduire au néant. Je suis d'accord avec vous les chiens de chasse, comme tant d'autres, vivent l'enfer pour la plupart. Ils sont cassés.