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Expérimentation animale : One Voice s’oppose à la pêche électrique pour recenser les poissons

Expérimentation animale : One Voice s’oppose à la pêche électrique pour recenser les poissons

Mis à jour le 25 juillet 2023

Depuis le mois d’avril, plusieurs préfectures ont pris des arrêtés pour autoriser la capture de poissons à des fins d’expérimentation animale. Des individus de toutes espèces et de toutes tailles, sans limite de nombre, vont ainsi être victimes de la pêche électrique, une méthode reconnue très nocive. One Voice demande l’abandon de ce mode opératoire et des arrêtés qui prévoient d’y avoir recours.

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La Lozère, la Corrèze, la Loire et le Rhône s’apprêtent à aller arracher des poissons de leurs cours d’eau à leur habitat naturel pour les recenser. Si la plupart d’entre eux devraient ensuite être relâchés vivants, tous souffriront de cette expérience bien après qu’elle se sera achevée. La faute au courant électrique qui sera utilisé pour les attirer et les tétaniser sur place afin de les récupérer plus facilement. La pêche électrique, bien que largement utilisée, est très dangereuse, aussi bien pour les animaux que pour leurs écosystèmes. En 2022, l’Office français de la biodiversité (OFB) rappelait que cette méthode peut « engendrer des dommages sur les poissons », tels que des blessures de la colonne vertébrale, des lésions des organes, des modifications physiologiques et comportementales… Au point que les plus faibles peuvent mourir sur place, tandis que d’autres peuvent succomber à leurs blessures après avoir été relâchés.

Des risques d’anomalies…

Il est déjà intolérable de faire souffrir des poissons pour obtenir des données sur leurs populations. Mais il semblerait qu’en plus d’organiser de telles missions, les arrêtés pris les confient à n’importe qui, n’importe comment. Des cabinets indépendants ont notamment reçu des autorisations pour agir au niveau d’un barrage en Corrèze et d’un cours d’eau dans le Rhône, alors que l’OFB signale avoir relevé des « anomalies importantes », chez des sous-traitants, qui ne règlent pas tous les appareils de la même manière et risquent ainsi d’occasionner des blessures supplémentaires aux poissons.

… et des pêcheurs comblés

Ne parlons même pas des autorisations qui ont été données à des associations dédiées à la pêche, comme la Maison de l’eau et de la pêche et la Fédération départementale de pêche, en Corrèze. Comment peut-on espérer que des associations dont l’intérêt principal est la pratique de la pêche fassent un travail d’inventaire sérieux et impartial ? S’agissant de captures dont les objectifs sont décrits de manière très vague et qui ne sont soumises à aucune limite en nombre de poissons, la participation d’associations de pêcheurs ne peut que nous inquiéter.

One Voice demande aux préfectures de renoncer à l’adoption de ces arrêtés nocifs pour les poissons et, au minimum, de recourir à des méthodes causant moins de douleur aux animaux capturés.

Marion Henriet
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Commentaires 8

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MEP19 | mardi 08 août 2023

Dans l'exercice du droit de réponse, et comme nous l'a répondu One Voice, nous publions ci dessous notre droit de réponse.

La MEP 19, association loi 1901 à but non lucratif, a été créée il y a presque 30 ans, par différents acteurs de l’eau, de la pêche et de l’environnement qui s’inquiétaient des premières altérations observées localement et des conséquences qu’elles pouvaient avoir. L’association a ainsi été créé sur ce fondement : on ne peut protéger que ce qu’on connaît.
C’est ainsi que notre association, composée d’acteurs du territoire, de naturalistes, de scientifiques, d’amoureux de la nature et de pêcheurs œuvre depuis 1995 à une meilleure connaissance des cours d’eau. C’est ce travail scientifique, assidu, rigoureux, continu, qui nous a conduit à être les premiers en Limousin à mesurer en continu la température de l’eau, paramètre essentiel pour les espèces aquatiques dans tous les aspects de leur biologie et de leur écologie. C’est également la MEP 19 qui initié et coordonné le travail d’atlas des poissons du Limousin en partenariat avec d’autres associations et organismes d’Etat (entièrement disponible ici : https://atlaspoissonslimousin.jimdofree.com/l-atlas/), premier ouvrage dans la région qui s’intéresse aux répartitions actuelles et historiques de la faune piscicole et objective l’état de santé des milieux naturels .
Notre association a également fédéré tous les acteurs disposant de compétences techniques et scientifiques pour établir la première liste rouge régionale des poissons d’eau douce, validée par l’UICN et le CSRPN, gage du sérieux de notre démarche. La liste rouge est une composante essentielle de la préservation de la biodiversité.
Ces actions ne sont possibles que s’il existe des données scientifiques rigoureuses et objectives. Pour les poissons, elles sont obtenues par un procédé de pêche à l’électricité qui permet de les attirer et de les remettre à l’eau en fin d’opération, non dans un but d’expérimentation animale, mais dans un but de répondre à des questions scientifiques, permettant de mesurer les impacts des activités humaines, comprendre le fonctionnement des écosystèmes, ou mieux cerner les effets du réchauffement climatique. Dans cette optique, des membres de notre association ont déjà publié des articles scientifiques permettant de comprendre le rôle des crues sur la vie aquatique et le fonctionnement des cours d’eau, et d’autres publications sur les effets des sécheresses récentes sont en cours. Récemment, un travail a été réalisé sur l’évolution de la qualité des rivières en Limousin, exposant les causes et les conséquences de l’uniformisation des cours d’eau. Il a été validé par la société des sciences, nouveau témoin de notre engagement sérieux envers la production et le partage de connaissance, et très loin des préjugés dont nous avons été afflublés.

Nuances | jeudi 03 août 2023

Vous vous intéressez à l'intégrité des individus recensés, très bien. En attendant, comment voir si les actions mises en place en faveur des habitats (et donc des espèces de poissons ainsi que toutes les espèces inféodés au milieux aquatiques)sont efficaces si nous n'avons aucune donnée pour en attester ? Et que dire des pêches de sauvetage réalisées GRACE à l'électricité en période de sécheresse pour pouvoir sauver ces individus et les remettre dans des milieux adaptés ?
Il serait intéressant que vous preniez un peu plus de hauteur avant de pondre des articles pareil, sans aucune nuances...

One Voice | vendredi 25 août 2023

Nous ne demandons pas qu'aucune donnée ne soit recensée mais qu'elles soient obtenues autrement qu'en infligeant de grandes souffrances aux poissons, que la pêche électrique peut aller jusqu'à tuer. D'autres méthodes, plus éthiques, devraient être recherchées. Or nous ne disposons pour l'instant d'aucune information qui suggèrerait que les pêcheurs et associations concernées sont à la recherche de méthodes alternatives.

trochu | mercredi 07 juin 2023

Tout est prétexte pour expérimenter et torturer des animaux, maintenant ce sont les poissons, et les méthodes employées pour les capturer que ignobles et honteuses. C'est l'escalade de la cruauté et de la barbarie. Et pourquoi expérimenter maintenant sur des poissons ? L'expérimentation animale doit être bannie et abolie définitivement, et tous ces animaux ne doivent plus être exploités, maltraités pour les services de l'humain, humain qui devrait avoir honte et refuser toutes ces expériences quelles qu'elles soient et pour tous animaux confondus car relève d'un manque cruel de sensibilité, de grandeur et de valeurs, les animaux sont des êtres vivants autant que tous humains et non pas "objets ou outils de travail" pour chercheurs sadiques et pervers, vides de tout.

Docteur Philphlout | mercredi 07 juin 2023

Si on devait recenser l'ignorance, une centrale nucléaire n'y suffirait pas...