le vendredi 18 juin 2021 | 13

Des députés européens font part de leurs inquiétudes à la Commission européenne concernant le piégeage de singes sauvages à Maurice

Des députés européens font part de leurs inquiétudes à la Commission européenne concernant le piégeage de singes sauvages à Maurice

Mis à jour le 24 juin 2021

Des membres du Parlement européen ont fait part de leurs préoccupations à la Commission européenne concernant le piégeage de macaques sauvages à longue queue (Macaca fascicularis) à Maurice.

Hr blog

Cela fait suite à la décision récente du gouvernement mauricien d’approuver l’extension d’un élevage de primates non humains pouvant abriter jusqu’à mille macaques capturés dans la nature à des fins de reproduction. Parmi les députés européens figurent Mme Manuela Ripa, M. Guenther Sidl, Mme Marie Toussaint, Mme Anja Hazekamp, M. Francisco Guerreriro. M. Martin Buschmann, Mme Eleonora Evi et M. Raphaël Glucksmann.

« L’expansion prévue du programme mauricien de capture de macaques sauvages est très alarmante. À travers elle, le pays cherche à accroître ses capacités d’élevage afin de pouvoir approvisionner le marché international – y compris l’UE – en singes pour l’expérimentation. Cela pourrait conduire au piégeage commercial à grande échelle d’animaux sauvages, ce qui constituerait un revers majeur pour la protection de la biodiversité et le bien-être animal. »
déclare Mme Manuela Ripa, députée européenne
« En inscrivant la protection du bien-être animal dans les traités, dès les années 1990, l’Union européenne a montré l’exemple. Elle l’a encore fait, concrètement, en envisageant dès 2010 d’interdire les expériences scientifiques sur les primates sauvages. Cette interdiction doit entrer en vigueur l’année prochaine après de trop longues années d’adaptation. À rebours de ces progrès, le gouvernement de Maurice vient d’autoriser l’extension d’un élevage de macaques à longue queue. Élevage que son propriétaire entend peupler d’animaux capturés dans la nature. Alors que la plupart des primates utilisés à des fins de recherche scientifique dans l’Union proviennent de Maurice, nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Nous ne pouvons pas prendre le risque d’importer au sein de l’Union des macaques arrachés à la nature, quand bien même cela serait autorisé pour quelques mois encore. Nous demandons à la Commission d’agir. Elle doit être à la hauteur de l’ambition européenne en matière de protection du bien-être animal. Elle doit s’assurer qu’aucun primate sauvage ne sera utilisé, en Europe, à des fins de recherche scientifique. »
déclare M. Raphaël Glucksmann, député européen

Les questions* posées par les députés à la Commission européenne sont les suivantes : considérant que l’UE a fixé une date pour la fin de l’utilisation, dans la recherche, de primates capturés dans la nature et de leur progéniture de première génération, n’est-il pas incongru qu’elle importe en même temps des primates d’un pays qui non seulement tolère le commerce des captures en milieu sauvage, mais qui permet également à ce commerce de se développer?

Comment l’UE s’assurera-t-elle que les primates importés de Maurice sont véritablement élevés en captivité et qu’ils ne proviennent pas d’élevages impliqués dans l’exportation ou le piégeage de macaques à longue queue à des fins reproductives ?

La coalition d’associations de défense des animaux en Europe et à Maurice (Action for Primates, One Voice, Animal Rights et Progress Science Mauritius), qui a mené une campagne internationale pour s’opposer à l’expansion de l’élevage et à la capture de singes sauvages, remercie les députés européens d’avoir répondu à ses inquiétudes et a accueilli favorablement la soumission de leurs questions à la Commission européenne.

Maurice est le principal fournisseur de l’Europe en singes pour la recherche, exportant plusieurs milliers d’animaux chaque année. En 2020, des macaques à longue queue ont été envoyés dans les pays de l’UE suivants : Espagne (2126), France (1027), Pays-Bas (290) et Allemagne (29).

Reconnaissant que les problèmes de bien-être animal, de santé animale et d’éthique découlent de la capture de primates non humains dans la nature, l’UE a décidé de stopper sa participation à la capture de singes sauvages à des fins scientifiques et reproductives. À partir de 2022, elle n’autorisera l’usage de primates non humains dans la recherche que s’ils proviennent d’élevages en captivité (génération F2/F2+), issus de colonies autonomes. Cependant, les récents événements qui ont eu lieu à Maurice témoignent de la reprise du commerce d’animaux sauvages pour la reproduction et l’exportation, lorsqu’en avril, le gouvernement mauricien a approuvé l’expansion de l’élevage de primates non humains Biosphere Trading Ltd, autorisant la capture d’un millier de macaques dans la nature à des fins reproductives.

Les associations de défense des animaux sont consternées par ces piégeages de macaques à longue queue et les qualifient de recul majeur en matière de bien-être animal, en particulier à un moment où la capture de primates non humains sauvages suscite une inquiétude mondiale généralisée en raison de la barbarie du procédé et des souffrances qu’il inflige aux animaux que l’on arrache à leur milieu naturel ainsi qu’à leurs groupes sociaux et familiaux.

1 - La question de Raphaël Glucksmann sur le site du parlement européen

2 - La question de Manuela Ripa sur son fil Twitter

NOTES

Directive 2010/63/UE du Parlement européen et du Conseil du 22 septembre 2010 relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques (article 10). https://eur-lex.europa.eu/eli/dir/2010/63/oj

Hr blog

Dans la thématique

Pour réaliser des tests sur des macaques, l’État, via le CNRS, verse 10 millions d’euros à un élevage de l’île Maurice One Voice porte plainte pour diffamation contre le Gircor, lobby de l’expérimentation animale

Commentaires 13

En déposant un commentaire j'accepte la charte de modération des commentaires.

Irene | mercredi 30 juin 2021

No animals should be subjected to such horrific transport and experimentation procedures.

dominique | mardi 29 juin 2021

Les animaux ont des règles de vie simples éditées par la nature, la race soi-disant supérieure humaine a inventé un morceau de papier, l'argent, qui va le mener à sa perte, l'homme en veut toujours plus pour tout acheter tout détruire au nom du bonheur qui lui ne s'achète pas et finalement mourir en laissant un peu plus de problèmes à ses enfant. Ces pauvres animaux n'ont malheureusement pas fini d'en baver avec un ennemi aussi peu loyal.

marie-claude | lundi 28 juin 2021

Stop à l'expérimentation animale, l'être humain tue les animaux pour tout, la déforestation, la nourriture, le plaisir de tuer, la chasse, la corrida, c'est une extinction de masse. Il faut continuer à lutter pour interdire ça.

La Renarde | vendredi 25 juin 2021

Considérant la situation et l'extinction de masse qui se profile due notamment au réchauffement climatique et à la déforestation dont l'ampleur atteint des niveaux inégalés, il est parfaitement inadmissible de continuer ce type de commerce et ce type d'expérimentation alors même que nombre de scientifiques se sont prononcés pour les méthodes alternatives au moins aussi efficaces, surtout quand on considère le nombre de médicaments expérimentés sur les animaux, dont les singes évidemment, qui doivent chaque année être retirés discrètement du marché au cause de leurs effets secondaires délétères. je pense qu'il faut non seulement lutter pour interdire (avec contrôles) l'expérimentation sur des animaux sauvages, mais qu'il faut aller au plus vite vers l'interdiction de l'expérimentation animale tout court. Nombre de déportés revenus des camps ont eux-mêmes fait le parallèle entre ce qu'ils ont vécu et l'expérimentation animale sur des êtres dont seuls les plus bornés et insensibles peuvent encore prétendre qu'ils ne savent pas qu'ils sont sensibles et ont une conscience. Quel genre de scientifiques peuvent encore torturer des animaux sans le moindre scrupule? Tant au nom du respect élémentaire dû à ces êtres qu'au nom de la santé humaine, il faut absolument oeuvrer pour arriver à interdire ces pratiques d'un autre âge...