le jeudi 03 décembre 2015 | 7

Au « jeu de la mort » les animaux préfèrent l’empathie

Au « jeu de la mort » les animaux préfèrent l’empathie

Mis à jour le 20 mars 2018

Dans le jeu « La zone Xtrême », des humains choisissent d'infliger un choc électrique à l'un d'entre eux. Chez les animaux, des expériences similaires révèlent un choix différent.

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Le 17 mars 2010, les téléspectateurs de France 2 ont pu suivre la première partie d'un documentaire sur le thème « jusqu'où va la télé ». Sous le prétexte d'un jeu télévisé, « La zone Xtrême », des candidats, soutenus par le public, se sont montrés capables de mettre en péril la vie d'un être humain. Sous le contrôle d'une animatrice autoritaire, ils ont cru lui administrer des châtiments sous forme de décharges électriques, lorsqu'il était incapable de répondre aux questions posées. Si la victime était en réalité un acteur, chargé de mimer une douleur croissante, les résultats n'en sont pas moins inquiétants. 

Pour reprendre les propos de Christophe Nick, auteur et réalisateur du documentaire : « la télé peut faire faire n'importe quoi à n'importe qui ».

L'humanité en question

Ce premier épisode du reportage, encadré par une équipe scientifique, s'inspire d'une expérience de psychologie sociale plus ancienne, réalisée en 1963. L'étude d'alors révélait que face à l'autorité d'hommes en « blouses blanches », 60 % des êtres humains acceptaient d'administrer un choc électrique à un autre humain, au prétexte qu'un homme de science le leur avait demandé. En 2010, d'après les résultats obtenus, ce sont 81 % des participants à la « Zone Xtrême » qui sont prêts à se transformer en bourreau si une animatrice le leur ordonne... Les bourreaux d'un instant ont tout de même bénéficié d'un soutien psychologique à l'issue des expériences. Châtier n'est pas un acte anodin. Ce résultat bouscule la notion « d'humanité ». Qualité suprême d'après les humains - car servant à les définir - que devient-elle une fois soumise à l'autorité ? L'autorité, qu'elle soit incarnée par des scientifiques ou par un média, nous conduit-elle à perdre notre libre arbitre, à oublier notre conscience et notre capacité de compassion ?

Le contrepoint des animaux

Des expériences similaires ont été réalisées avec des animaux mais leurs conclusions sont largement différentes. Les animaux préfèrent ne pas recevoir de nourriture plutôt que d'infliger un choc électrique à autrui (à noter que dans « Zone Xtrême » il n'y avait rien à gagner). Il en va ainsi des singes rhésus par exemple. Dans une expérience réalisée en 1964, 80% des singes ont arrêté d'actionner la chaîne qui leur délivrait de la nourriture quand ils se sont aperçus que cela infligeait une décharge à l'un de leurs compagnons. Ils ont préféré avoir faim plusieurs jours durant… La même expérience, réalisée avec des rats, a eu les mêmes conclusions : les rats ont préféré cesser de s'alimenter plutôt que de faire souffrir un de leurs congénères.

De l'empathie à l'altruisme

Frans de Wall rapporte également d'autres cas. Dans « L'âge de l'empathie, leçons de la nature pour une société solidaire », l'éthologue relate des expériences où les animaux souffrent de voir l'un des leurs souffrir… Il décrit notamment comment le cœur d'une oie femelle s'accélère lorsque son mâle est prix à partie par une autre oie. Il reprend aussi une expérience réalisée avec des souris, qui montre que lorsque deux souris ont passé du temps ensemble, un stimulus douloureux appliquée à l'une rend l'autre plus sensible à la douleur. Ou encore : lorsqu'un singe capucin a le choix entre un jeton qui lui donne droit à de la nourriture, et un autre jeton qui fait également gagner de la nourriture pour son compagnon, il choisit systématiquement celui qui permet de récompenser les deux…

Développer la compassion au quotidien

Tandis que la notion de sentience animale s'installe peu à peu, la diffusion du premier volet du documentaire de Christophe Nick et la publication du livre de Frans de Wall, poussent à s'interroger sur la nature humaine. Que devenons-nous face à l'autorité ? Comment se réapproprier l'humanité que – finalement (sic) – nous semblons partager avec d'autres membres du règne animal ? Pour retrouver notre libre arbitre, ne devrions-nous pas réapprendre à écouter notre conscience ? Car en développant la place de la compassion dans nos vies, en apprenant que le respect de toute vie, c'est aussi le respect de soi, nul doute que l'humanité – justement – en sortirait grandie…

Article publié par One Voice en 2010

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Commentaires 7

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gaelle-anne | mardi 25 avril 2017

j'ai vu un écureuil faire le guet, pour que son "copain" blessé et incapable de se sauver dans les arbres, puisse avoir le temps de se nourrir au sol...et ce pendant des semaines..
j'ai vu un chat de maison , apporter des souris à une chatte de gouttière qui allaitait ses 5 petits...
j'ai vu un chat pousser un chaton plus petit afin qu'il apprenne à grimper aux arbres...
j'ai vu un chat se battre avec un autre chat pour défendre un ami chat sans défense...
j'ai vu une chatte faire la "garde-malade" assise des heures de temps sans bouger, ni manger, ni boire, auprès d'une personne alitée et cela durant deux mois : cette chatte ne quittait qu'après 10 heures de présence.... quand la relève humaine arrivait...
C'est ce que j'ai vu....
j'ai aussi connu quelques humains..... aussi......

jief 18 | mardi 26 avril 2016

Comme quoi l'empathie ne s'apprend pas, illusion pour ceux qui le laissent croire. Elle est naturelle et spontanée, elle fait partie de notre animalité refoulée par notre suffisance.

Jef Ray | lundi 25 avril 2016

Terry Pratchett dans son livre "la science du disque monde" revoit le définition de notre espèce comme étant non pas "homo", une lignée distincte de l'espèce des singes nommée "pan", mais plutôt comme une branche de cette lignée, qu'il nomme "pan narrans" (le singe qui raconte), son point de vue étant que ce qui nous différencie de nos cousins est notre propension à raconter des histoires à nos enfants pour leur faire assimiler des concepts abstraits. En ce qui me concerne, je dirais plutôt "pan scribans", ce qui fait la différence entre nous et les autres races de singes étant notre capacité à transmettre notre savoir acquis aux générations suivantes par l'écrit, sans qu'il soit nécessaire d'avoir un contact réel, cette transmission pouvant donc se faire par-delà les époques et les distances. Ainsi, n'importe quel individu peut continuer les recherches commencées par l'un de ses pairs des siècles auparavant et sur un autre continent, même si ces travaux avaient étés jugés inutiles aux contemporains de celui-ci, et permettre à l'ensemble des Hommes de bénéficier des fruits de ces avancées. Or, dans ce cas, la seule différence entre un homme et un singe est une disposition génétique qui induit une capacité cérébrale différente, mais cela ne concerne en rien une quelconque aptitude compassionnelle, empathique, ou autre. Tout cela pour dire que ceux qui s'auto-proclame "Êtres humains" supérieurs aux animaux (plus civilisés, par exemple) ne sont en fait que des animaux comme les autres.

Cathy65 | lundi 25 avril 2016

Une honte de se servir des animaux