Samba trahie : la dernière éléphante de cirque française envoyée en Hongrie, dans une nouvelle prison Samba trahie : la dernière éléphante de cirque française envoyée en Hongrie, dans une nouvelle prison

Samba trahie : la dernière éléphante de cirque française envoyée en Hongrie, dans une nouvelle prison

Exploitation pour le spectacle
01.10.2025
Hongrie
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Alors que la France a voté la fin de la présence des animaux sauvages dans les cirques d’ici 2028, Samba, éléphante capturée au Kenya et exploitée depuis près de quarante ans, vient d’être envoyée en Hongrie dans un prétendu « Safari Park » qui n’est autre qu’un cirque. Une décision scandaleuse, validée en secret par le ministère de la Transition écologique, alors que nous proposons depuis des années de prendre en charge Samba pour lui permettre de rejoindre un sanctuaire. Une trahison. Et une injure insupportable à la cause animale.

Nous sommes en colère. Profondément révoltés. Samba, la dernière éléphante détenue dans un cirque français, vient d’être transférée… non pas dans un sanctuaire, mais dans un cirque hongrois déguisé en « Safari Park », le Richter Safari Park. Un lieu qui camoufle à peine ses activités de promenades en voiture au milieu d’animaux stressés, de spectacles de dressage et d’interactions forcées avec le public.

Le ministère de la Transition écologique (MTE) a permis ce transfert. Après plus de vingt ans de combat, des dizaines de plaintes déposées et un engagement politique pour la fin des animaux sauvages dans les cirques d’ici 2028, comment est-ce possible ?

Une vie volée depuis l’enfance

Née libre au Kenya il y a trente-sept ans, Samba est capturée alors qu’elle n’est encore qu’un bébé. Arrachée à sa famille, embarquée de force vers un nouveau continent, elle atterrit au sein du Continental Circus dirigé par la famille Aucante, en France. Là, pendant plus de trois décennies, elle sera enchaînée, dressée, exploitée, maltraitée.

Nous croisons sa route pour la première fois en 2002. Lors des « spectacles », Samba est forcée de simuler sa propre mort au son des fusils. En 2003, elle émet son premier signal public de détresse : elle refuse d’exécuter ce « numéro ». Elle est alors rouée de coups par son dresseur en présence d’enfants. Il ne s’arrêtera qu’après leurs supplications. Cet événement constitue le premier déclencheur d’une longue série de plaintes que One Voice déposera pour Samba. Plus d’une dizaine. Les dernières datent de l’an dernier, quand nous sommes parvenus à retrouver sa trace.

La campagne de One Voice pour faire reconnaître la souffrance de Samba prend tant d’ampleur que le Continental Circus change de nom pour devenir le Cirque d’Europe, et rebaptise Samba « Tania » pour brouiller les pistes et tenter de dissimuler la tragique vérité.

En 2013, dans une nouvelle manifestation de détresse, Samba s’échappe alors que son bourreau avait oublié de l’enchaîner comme il avait l’habitude de le faire. Dans sa fuite désespérée, elle percute un homme qui mourra tragiquement. Mais que fait le gouvernement ? Rien. Il n’a pas un mot sur sa souffrance. Pas un geste en faveur de sa réhabilitation. Au contraire : Samba est ramenée au cirque. Son dresseur est même relaxé.

L’État refuse notre proposition de sanctuaire et cautionne un nouveau cirque

Au fil des années, nous avons vu son état se dégrader mais n’avons jamais rien cédé. Une place en sanctuaire l’attendait. Un parc de plusieurs hectares rien que pour elle et une autre éléphante de son âge. Nous étions prêts à prendre en charge son transfert, à financer ses soins vétérinaires jusqu’à la fin de sa vie. Nous l’avons dit et rappelé. Pourtant, c’est en Hongrie que Samba a été envoyée. Dans un cirque qui prétend être un parc, mais qui continue d’exploiter les animaux comme des objets de spectacle et d’attraction.

Comment le ministère de la Transition écologique a-t-il pu cautionner cela ? Où est la cohérence avec la loi interdisant les animaux sauvages dans les cirques en 2028 ? À trois ans de cette échéance, il livre une éléphante à un cirque étranger au lieu de lui accorder enfin la paix. Comble de l’hypocrisie, il prévoit en parallèle d’autoriser la venue d’éléphantes depuis l’étranger ! Une preuve de plus du soutien sans faille que l’État apporte aux cirques, quelques mois après l’annonce d’un soutien financier massif aux circassiens.

Nous demandons que la vérité soit dite sur les conditions de son transfert et que le ministère s’explique publiquement sur cette décision prise dans l’opacité la plus totale. Samba n’est pas un objet. C’est un être vivant, sensible, brisé par des décennies d’asservissement. Elle mérite justice. Elle mérite une vraie vie.

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