

Animaux sauvages dans les cirques : l’État paie pour enterrer le problème, pas pour le résoudre
Alors que l’interdiction de détention d’animaux sauvages dans les cirques itinérants entrera enfin en vigueur en 2028, le ministère de la Transition écologique a dévoilé le 2 mai un « plan d’accompagnement » qui aurait pu marquer une avancée historique. Dans les faits, il ressemble davantage à un bricolage budgétaire maquillé en politique de transition. Depuis des années, One Voice propose son aide à ce même ministère pour accompagner la reconversion des circassiens… Faire mine de s’en soucier en 2025 alors que la loi a été votée en 2021, et tout cela en rappelant aux municipalités leur obligation de les accueillir, ressemble à une plaisanterie de mauvais goût. Que d’inconséquence… Et c’est encore et toujours les animaux qui en payent le prix fort.
Cinq mesures sont annoncées via le décret n° 2025-396 du 30 avril 2025 relatif à l’accompagnement financier des établissements itinérants de présentation au public d’animaux d’espèces non domestiques, avec à la clé plusieurs millions d’euros… pas pour les animaux. Pas pour les sanctuaires. Pas pour construire des lieux d’accueil. Non. Pour subventionner l’attente. Subventionner l’échec. Subventionner l’absence totale d’anticipation.
Payer les cirques qui continuent de détenir des animaux
Cerise sur le chapiteau : la mesure 4 prévoit une aide mensuelle versée aux établissements… qui ne trouvent pas de place pour leurs animaux. L’État versera donc 600 euros par mois aux cirques pour chaque loup, ours, otarie, tigre, panthère, lion, lynx, guépard, puma, jaguar, hyène, éléphant, hippopotame. Autrement dit : nos dirigeants admettent qu’ils n’ont aucune solution concrète de relogement à trois ans de l’échéance légale. Pire, ils prévoient de payer les cirques pour continuer à détenir ces animaux en attendant on ne sait trop quoi — une place miracle, un décès discret, ou l’oubli médiatique.
Pendant ce temps, One Voice finance la construction de parcs, les transferts et les soins aux fauves saisis dans les cirques. Plus ceux-ci enfermeront d’animaux dans leurs camions, plus ils gagneront d’argent…
L’argent du silence, la souffrance en héritage
Plutôt que d’investir dans des sanctuaires, des partenariats internationaux ou même un grand plan de création de structures adaptées, le ministère de la Transition écologique préfère signer des chèques à ceux-là mêmes qui ont profité de la captivité animale pendant des décennies. Jusqu’à 100 000 euros par établissement, 150 000 euros par capacitaire, et même 50 000 euros par éléphante. Et puis maintenant qu’il n’en reste plus qu’une, Samba… pas la peine de se presser. Les hippopotames, tels que Jumbo et Boulie, valent, eux, 30 000 euros. Une logique brutale pour les animaux, réduits à des marchandises administratives qu’on brade en fin de stock.
Il ne s’agit pas ici d’accompagner une transition, mais de solder une hypocrisie. Le gouvernement préfère payer l’immobilisme plutôt que financer l’avenir. Les animaux attendent des lieux dignes. Les sanctuaires attendent des moyens. Mais les chèques, eux, partiront chez les dresseurs qui continuent leur sale business, financé dorénavant par les contribuables.
2028 approche. Le compte à rebours est lancé. À ce rythme, ce n’est pas la fin des animaux dans les cirques que l’État prépare. C’est leur abandon.