Statut de protection des loups : la décision de la Commission européenne constitue un grave recul pour la conservation de l'espèce et la biodiversité
Nous, associations engagées pour la protection de la faune et de la biodiversité (ASPAS, FERUS, Focale pour le Sauvage, One Voice, le Pôle Grands Prédateurs et Vigie Jura), dénonçons fermement la récente décision de l’Union européenne du 25 septembre 2024 quant au déclassement des loups d’espèce « strictement protégée » à « protégée ». Cette mesure, qui nie les conventions internationales et valide l’abaissement des réglementations de conservation des loups en Europe, va à l’encontre des efforts déployés depuis des décennies pour préserver cette espèce essentielle et son rôle dans l’équilibre de nos écosystèmes naturels.
Les loups : une espèce clé de voûte de notre biodiversité
Les loups sont une espèce indispensable à la régulation des populations de grands herbivores, contribuant ainsi à la diversité des habitats et à la santé des forêts. Leur retour progressif en Europe et leur présence au sein de nos forêts, bien que contestés par certains, permettent de rétablir un équilibre naturel indispensable dans les écosystèmes de plusieurs régions, de disperser les herbivores et favoriser ainsi la régénération forestière. Ces animaux ont fait l’objet de politiques de protection rigoureuses qui ont démontré leur efficacité en permettant à leur population de se reconstituer et de jouer à nouveau leur rôle écologique essentiel. Le déclassement des loups comme strictement protégés met en péril les efforts de conservation menés depuis plusieurs décennies ainsi que la population lupine, considérée en mauvais état par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Une décision politique irresponsable et dangereuse
La décision de l’Union européenne est non seulement un coup porté aux politiques de préservation de la biodiversité, mais constitue également une réponse simpliste à des pressions économiques venant des lobbies agricoles qui prônent une agriculture productiviste et soutiennent des éleveurs qui refusent d’adopter des solutions de coexistence avec les loups.
Plutôt que de renforcer les programmes d’aide, de sensibilisation et de soutien aux éleveurs pour protéger leurs troupeaux de manière durable, cette décision privilégie la voie de la régression écologique. Elle crée un précédent dangereux qui risque de mener l’Union européenne à accepter d’autres régressions environnementales (lynx, castors, ours, cétacés, etc.). Cette prise de position nie tout simplement l’ensemble du travail des éleveurs favorables à la cohabitation et les dépenses publiques qui ont pu être menées afin de mettre en place des moyens de protection des troupeaux dans le but d’une cohabitation harmonieuse.
L’impact des choix de consommation
Nous, consommateurs, avons un rôle crucial à jouer dans la protection des loups et de la biodiversité. En soutenant des modes d’élevage respectueux de la faune sauvage et en privilégiant des produits issus d’exploitations qui s’engagent dans une cohabitation pacifique avec les prédateurs, nous pouvons influencer directement les choix agricoles. En revanche, en continuant de soutenir des éleveurs qui militent pour l’éradication des loups, nous contribuons à la destruction de notre patrimoine naturel commun et à l’effondrement de nos écosystèmes.
Une urgence pour la biodiversité européenne en pleine 6e extinction de masse
Cette décision politique irresponsable intervient à un moment critique où la biodiversité européenne est déjà gravement menacée. Elle envoie un message dangereux non seulement en France – où l’arrêté du 21 février 2024 a déjà grandement assoupli les conditions d’abattage des loups – mais dans toute l’Europe. Céder à des pressions de court terme au détriment de politiques de conservation à long terme est une erreur aux conséquences écologiques profondes.
Nous appelons l’Union européenne, les États membres et les eurodéputés à revenir sur cette décision et à se tourner vers des solutions durables permettant de concilier la protection des espèces sauvages et les activités humaines. Les loups, qui font déjà l’objet de nombreuses dérogations à leur protection, ne doivent pas voir leur statut de protection amoindri, ce qui faciliterait radicalement leur abattage.
Nos actions et nos engagements
Les associations signataires de ce communiqué continueront à se mobiliser pour défendre les loups et la biodiversité face à cette nouvelle menace. Nous invitons tous les citoyens européens à soutenir cette cause, à faire des choix alimentaires éclairés et à se joindre à nos actions pour que l’Europe reste un territoire de coexistence et de respect du Vivant.
Il appartient à chacun.e d’interpeller les eurodéputés afin de faire respecter les droits du Vivant et préserver notre bien commun : il en va de l’intérêt général.