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Jeeth : une libération historique

Jeeth : une libération historique

Mis à jour le 03 avril 2018

Jeeth, l'un des derniers ours danseurs identifiés en Inde, a été remis le 9 décembre 2009 par son dresseur kalandar au sanctuaire d'Agra. Cette libération vient couronner de succès sept années de travail intensif de One Voice aux côtés de Wildlife SOS.

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Victoire pour les ours

Quel prénom plus beau que Jeeth (« victoire » en hindî) pouvait être donné à cet ours ? Depuis sa naissance, et pendant quatre longues années, on l'a contraint à danser. Mais le 9 décembre 2009, il est devenu le symbole de tous les ours libres en Inde. Il représente aujourd'hui la victoire de tous ceux qui ont œuvré et soutenu pendant des années le travail sur le terrain de Wildlife SOS, de One Voice, et des ONG IAR et Free the Bears, pour mettre fin à une tradition qui, depuis 400 ans, participait à la disparition des ours lippus sur le continent indien.

Plus jamais esclaves

Seule source de revenus pour la communauté nomade des Kalandars, la tradition des montreurs d'ours se perpétuait depuis des siècles, et ce malgré une loi indienne très répressive, votée en 1972. Cette coutume barbare consistait à obliger les ours, capturés dès leur plus jeune âge, à mimer un semblant de danse en sautant. Une corde passée dans leur museau et des coups de bâton étaient leur torture quotidienne. Contre quelques roupies, les Kalandars les exhibaient dans les lieux les plus touristiques. En libérant peu à peu tous les ours du joug de leurs geôliers, la cellule anti-braconnage a mis un terme à une vie d'esclavage, où les ours étaient mutilés, privés de soins, de nourriture adaptée et de toute liberté.

Un travail de longue haleine

C'est un travail de longue haleine que mène depuis 2002 la cellule anti-braconnage Forestwatch, créée par One Voice et Wildlife SOS. Elle a non seulement repéré dans tout le pays les ours danseurs, formé des équipes, mené des campagnes d'information, permis l'arrêt de trafiquants et de braconniers… mais aussi développé, en collaboration avec les autorités locales, un programme de réinsertion pour la communauté kalandare comprenant soins médicaux, scolarisation des enfants, formation des adultes à de nouveaux métiers et aide financière pour démarrer une nouvelle activité. Sans doute la clé du succès de ces sept années de lutte car, comme le souligne le dresseur de Jeeth, en se séparant de son ours, « c'est un meilleur futur » qui s'offre à lui.

Réapprendre à vivre

Jeeth a donc été confié au sanctuaire d'Agra où il se trouve actuellement. Libéré de sa corde et placé dans une quarantaine à visée aussi bien comportementale que sanitaire, il a réappris peu à peu la vraie vie d'ours. Dès qu'il a été prêt, il est allé rejoindre ses congénères, libérés comme lui d'une vie d'esclavage. Contrairement à un zoo où tout est fait en fonction du visiteur, dans le sanctuaire tout a été pensé en fonction des besoins des résidents. Grimper aux arbres, se cacher, chercher sa nourriture, manger du miel et des fruits, jouer et même côtoyer d'autres animaux sauvages rescapés, comme des macaques à longue queue, des antilopes, des mangoustes, des oiseaux, etc., tel est désormais le quotidien de Jeeth.

Un tournant historique

Le 9 décembre 2009 marque un tournant historique pour tous les ours de la planète. Avec la fin de l'esclavage des ours indiens, un formidable vent d'espoir se lève pour tous les animaux sauvages dressés pour le spectacle. Car en France, les ours et de nombreux autres animaux sont encore contraints à une vie qui ne respecte ni leur nature, ni leurs besoins…

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