le lundi 27 mai 2019 | 14

Deux tueurs sanguinaires de tortues marines interceptés à Mayotte!

Deux tueurs sanguinaires de tortues marines interceptés à Mayotte!

Mis à jour le 04 mars 2020

Deux hommes pris en flagrant délit de massacre de tortues marines à Mayotte sont jugés en comparution immédiate ce lundi 27 mai 2019 à 14h au tribunal correctionnel de Mamoudzou. Les braconniers - dont un multirécidiviste employé par le département pour protéger ces tortues - ont été filmés de nuit la semaine dernière en train de capturer, mutiler, dépecer, puis transporter deux tortues. Entre cruauté et manque de moyens pour défendre ces animaux en grand danger, One Voice met directement en cause la faiblesse du droit, et le manque de volonté politique pour agir. Nous sommes partie civile dans cette affaire.

Hr blog

Édit du 27 mai 2019 à 17h00 :

Le délibéré vient d'être annoncé : les prévenus ont reçu 1 an ferme pour le braconnier multirécidiviste employé par le Conseil Départemental de Mayotte pour protéger les tortues, qui dort donc dès ce soir en prison, et le second a eu une peine de 6 mois de sursis avec des travaux d'intérêt général. Leurs deux pirogues leur ont été confisquées.

Crédits photo :  François-Elie Paute / Oulanga na Nyamba

Le massacre de deux tortues marines filmé

Les faits sont graves. Dans la nuit du 23 au 24 mai sur une plage de Mayotte, deux hommes sont filmés en train de cerner deux tortues marines, de leur donner des coups de pied pour les déplacer et les étourdir, puis les dépecer au couteau alors qu'elles sont semble-t-il encore vivantes, pour ensuite laisser les carapaces sur la plage et emporter la viande dans leur pirogue. D'interminables et atroces souffrances pour ces deux tortues vertes venues pondre sur la plage.

Qui protège les tortues marines, pourtant menacées?

Dans le monde, toutes les espèces de tortues marines sont menacées, et la France a des territoires dans tous les océans et autant de responsabilités. Pourtant à Mayotte, le braconnage des tortues vertes atteint des proportions effrayantes. Environ 400 d'entre elles sont dépecées chaque année sur les plages des îles françaises de l'archipel des Comores. L'association mahoraise Oulanga Na Nyamba, qui œuvre à la protection des tortues marines et de leur habitat sur place, est dépourvue de vrais moyens pour agir. Mais comment en est-on arrivé à laisser les associations seules face au drame de ces animaux qui disparaissent dans de terribles souffrances ?

L'un des braconniers était payé par l'État pour surveiller les tortues!

Les lois, une fois publiées, doivent être appliquées, et c'est à l'État de déployer les moyens nécessaires pour les faire respecter. Or qu'apprend-on? Que, vissée sur la tête de l'un des deux prévenus, une casquette arborait le slogan « sauvons les tortues ». Un comble: cet employé du conseil départemental dont le rôle était de surveiller les braconniers, aurait profité de ce statut pour agir de la sorte depuis plusieurs mois! Multirécidiviste, nous avons retrouvé une interview datant de 2011, dans laquelle il était filmé couteau à la main sur une plage, des kilos de viande dans sa pirogue, confronté à des militants lui rappelant déjà la loi, à défaut de pouvoir faire plus. Il a été employé par le Conseil Départemental de Mayotte après condamnation...


Dans un reportage diffusé sur TF1 dans l'émission «Sept à huit» en novembre 2011, on peut voir le braconnier/employé du conseil départemental interviewé sur la plage de Papani lors d'une de ses « sorties » nocturnes.

Le Conseil de défense écologique, une coquille vide

Hydrocarbures et bruit des bateaux, pêche, plastique, braconnage, changement climatique, disparition de leur habitat et des lieux de reproduction, etc. : les tortues marines sont menacées de toutes parts, c'est pourquoi elles sont censées être protégées. Depuis des décennies, les gouvernements français successifs ont regardé ailleurs. Aujourd’hui, Emmanuel Macron instaure un Conseil de défense écologique. Nous espérons qu’il ne sera pas qu’une coquille vide et que le cri d’alarme des tortues sera entendu. Nous attendons des actes forts et efficaces, mis en place rapidement, et pour le long terme.

La cruauté infligée aux animaux sauvages libres n'est jamais sanctionnée

Comment ne pas être écœuré, révolté en apprenant le terrible sort de ces deux pauvres tortues? Étant donné que ces dernières sont des animaux sauvages libres, quelle que soit la cruauté dont elles sont victimes, quelles que soient les mutilations qu'elles subissent, on ne peut porter plainte en leur nom que pour atteinte à une espèce protégée, pas pour les souffrances inimaginables qu’elles ont endurées. Au-delà de ce statut qui, donc, seul, les protège (et encore, si peu), il est invraisemblable que ces animaux sensibles ne soient pas protégés des actes de cruauté par les textes actuels! Les animaux ne sont pas seulement des représentants de leur espèce, qu'il faudrait juste sauvegarder par principe. Chacun des individus devrait avoir le droit de ne pas être maltraité impunément!  

Les deux braconniers encourent de la prison ferme. Notre avocate représente également l'association Oulanga Na Nyamba au procès, lundi 27 mai à Mayotte. Nous attendons des actes concrets du gouvernement en faveur des animaux, et un changement profond de politique vis-à-vis du vivant. Nos parlementaires doivent également prendre leur part de responsabilité.

Julia Mothé
Hr blog

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Commentaires 14

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Nounoune | jeudi 30 mai 2019

Il faut VRAIMENT de vraies sanctions pour ces braconniers !

pipistrelle | jeudi 30 mai 2019

Je ferme ma bouche très fort, pour éviter d'être sanctionnée ; mais entre les lignes, vous pouvez imaginer la tendresse que je garde bien au chaud pour ce type de personnes.

Aline | jeudi 30 mai 2019

Inadmissible et honteux, en plus tellement facile pour ce pourri puisqu'il sait comment approcher les tortues. Il faut une peine de prison ferme et amende ainsi que l'interdiction de travailler avec des animaux. Honteux, bientôt il ne restera plus rien ...

Country | jeudi 30 mai 2019

A Mayotte ou ailleurs dans les DOM-TOM, les animaux, qu'ils soient sauvages ou domestiques, sont massacrés, torturés, maltraités. Les autorités sont inopérantes et la justice laxiste, avec un gouvernement qui ignore voire méprise la cause animale. Ce braconnage de tortues par un salarié chargé de leur protection en est un lamentable exemple...
Les associations se battent et dénoncent, les pétitions se signent... et rien ne bouge, ou si peu. Lamentable alors que la faune et la flore de cette planète meurent et disparaissent chaque jour un peu plus et de plus en plus vite. Désespérant...

One Voice | vendredi 31 mai 2019

Bonjour,
Nous comprenons votre ressenti, mais le temps de la justice est souvent long, hélas. Heureusement, le délibéré a été annoncé : les prévenus ont reçu 1 an ferme pour le braconnier multirécidiviste employé par l'Etat pour protéger les tortues, et le second a eu une peine de 6 mois de sursis avec des travaux d'intérêt général. Leurs deux pirogues leur ont été confisquées. Nous ne lâchons pas nos combats !